Lors d’un point de presse tenu, hier, au siège de son parti, en marge d’une réunion organique de son bureau politique, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est revenue sur l’actualité médiatique marquée par la mise en garde adressée par l’ARAV (Autorité de régulation de l’audiovisuel) à la chaîne de télévision privée KBC (El-Khabar TV). En rappelant la liberté d’expression comme principe indissociable de l’exercice du métier noble, elle a tenu a assurer KBC de son soutien et de sa solidarité en dénonçant l’avertissement de l’autorité présidée par Miloud Chorfi. En effet, le responsable de l’ARAV a saisi verbalement le directeur de cette chaîne TV, en l’occurrence Ali Djerri, lui reprochant des «dépassements répétés», à travers les deux émissions satiriques diffusées par son organe télévisuel, «Allô oui » et «Jornan-el-gosto». L’ARAV accuse KBC d’outrage envers de hauts responsables de l’État représentant des structures et institutions officielles « tournés en dérision», indique le communiqué rendu public, lundi dernier. Il s’agit pour Louisa Hanoune d’une provocation sans fondement envers cette chaîne en particulier et la liberté d’expression de manière générale. Fort à ce propos, elle explique que ces émissions ont un public important, de ce fait, elles ne doivent pas être censurées où retirées. «Les algériens sont en harmonie avec ces programmes, car ils traitent d’une manière sarcastique de leurs préoccupations et de la vie politique nationale», a-t-elle souligné. Au-delà du sentiment d’espoir suscité chez les auditeurs qui les suivent, entend-t-elle dire, ces émissions touchent aux réalités du vécu algérien. Plus loin, elle n’a pas manqué de citer l’exemple des «Guignols de l’info», émission satirique de la chaîne télé française «Canal+» qui «n’a jamais été censurée ou menacée de fermeture en dépit des hautes personnalités politiques qu’elle tourne en dérision», a avancé la première dame du PT. Dans le même sillage, Hanoune a posé une déclaration toute laconique concernant l’autre affaire de la chaîne de télévision Echorouk TV. Pour rappel, cette dernière a reçu des «rappels à l’ordre» à peine voilés du ministre de la Communication, Hamid Grine, suite à son programme de caméra cachée qui simule et met en scène des prises d’otages perpétrées par des terroristes. Sans ambages, Louiza Hanoune a déclaré succinctement qu’elle n’a pas à commenter des programmes de télévision qui font l’«apologie de Daesh et du terrorisme». Avant de rappeler son soutien à la liberté d’expression et de critique sous toutes ses formes, elle a rendu hommage au caricaturiste du quotidien Liberté, Ali Dilem et le journaliste-chroniqueur du Soir d’Algérie, Hakim Laâlam, allusion faite aux critiques dont elle-même en est souvent la cible.
Contre l’amnistie fiscale de l’informel
Revenant longuement sur l’actualité économique, elle dénonce ce qui fait la quintessence de ses luttes partisanes, notamment la politique ultralibérale, qui est, selon elle, en marche et serait à l’origine de l’effondrement et même la mort du secteur étatique. Plus précisément, la patronne du parti trotskiste a axé son intervention sur les projets de la LFC 2015 et 2016, mais aussi sur la dernière mesure concernant le chèque bancaire exigée à toute transaction financière allant au-delà d’un million de DA, qui est rentrée en vigueur hier.
À cette dernière question, elle a indiqué soutenir la décision du ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, même si, a-t-elle ajouté il sera difficile de mettre en œuvre cette décision. «Si l’on arrive à l’application de cette disposition, c’est bien, mais là, certains riches sortent déjà de leurs gonds et s’attaquent à cette mesure», a-t-elle regretté. Par ailleurs, la première responsable du PT a réitéré ses appréhensions quant à certaines dispositions contenues dans le projet de LFC 2015, qui concourent selon elle à la paupérisation. C’est ainsi qu’elle rappelle les nouvelles taxes imposées au foyer, telles celles liées à l’habitation et le ramassage des ordures. S’agissant de la réduction du taux de la TAP (Taxe sur l’activité professionnelle) elle a indiqué ne pas être d’accord, car cela va appauvrir les recettes de la trésorerie des communes. Plus loin, elle affirme s’opposer à une amnistie fiscale pour assainir le marché informel dont le montant s’élève selon elle à 3700 milliards de DA. Elle considère également que le taux de 5% d’augmentation des pensions de retraite est insuffisant, tout comme elle récuse toute mesure visant la suppression de 2/3 des emplois de la Fonction publique après les départs à la retraite.
Farid Guellil