Un recul des coûts engagés dans l’importation des produits de la pharmacie, ne risque-t-elle pas comme mesure d’influer de façon négative sur la qualité des soins et de la prise en charge médicale ?
Selon le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, la facture de l’importation du médicament a enregistré une baisse de 40% durant les quatre premiers mois de l’année 2015. C’est ce qu’il a fait savoir à l’issue d’une séance parlementaire tenue avant-hier, laquelle était consacrée aux questions orales des députés. Faut-il rappeler qu’en janvier de l’année dernière, la facture de l’importation des produits pharmaceutiques à usage humain a augmenté d’une manière considérable pour atteindre un taux de 67,4 %, par rapport notamment à la même période de 2013. Si la quantité importée a baissé de 2%, il n’en demeure pas moins que le montant de la transaction n’a pas eu le même effet durant l’année 2014. Dans le souci d’apporter des éléments d’information pouvant éclairer davantage sur ce marché, il aurait souhaité que le ministre illustre ses déclarations par des données supplémentaires pour expliquer sa démarche, et parler des moyens sur lesquels s’est appuyé son secteur afin d’aboutir à ce résultat. Car, faut-il rappeler que cette facture établie en 2014, à 2,52 milliards de dollars, concerne uniquement les produits désignés comme étant médicaments et antibiotiques. Or, les statistiques ne considèrent pas les équipements médicaux, de radiothérapie ainsi que les accessoires ayant trait aux soins et vaccinations. Néanmoins, il s’est targué de dire qu’il ne s’agissait là que «des premiers résultats probants», conséquence de la stratégie mise en place par son secteur dans le cadre de la réforme du système de la santé publique. Force est de constater que cette politique-gageons de le dire-est loin d’être imposée par l’impératif de réformer le système sanitaire. Car, réduire les couts de l’importation suffira-t-elle comme mesure pour parler d’amélioration des prestations médicales, ou encore, contribuera-t-elle à une prise en charge médicale des patients ? Cette question s’impose, dès lors que l’industrie pharmaceutique nationale n’est pas en mesure de répondre à la demande de certains produits nécessaires au traitement de nombre de maladies chroniques. Si cette mesure répond plus à un impératif économique, n’est-il pas pour autant judicieux de considérer l’impact des cette démarche sur la qualité des soins et de la prise en charge médicale. Cela, en sachant la crise qui prévaut déjà dans le secteur. En effet, force est de constater que la seule motivation est dictée par les mesures d’austérité lancées par le gouvernement au lendemain de la chute des prix pétroliers, qui ont concouru à la baisse de la rente pétrolière. Le ministre ne compte pas s’arrêter là, en dépit des critiques acerbes de sa politique, de la part notamment des partenaires sociaux regroupés au sein des associations des importateurs des produits de la pharmacie. Ainsi, Boudiaf a précisé à la même occasion, que pas moins de 200 médicaments, ceux notamment produits localement et ceux qui ne sont pas indispensables, vont être radiés de la liste des produits importés, a-t-il affirmé, en marge de la séance parlementaire. C’est ce qui permettra selon le ministre, de revoir davantage la facture de l’importation à la basse, d’ici la fin de l’année en cours.
Les praticiens reviennent à la charge
Interrogé sur la grève nationale organisée lundi dernier par les médecins de la santé publique, qui ont répondu à l’appel du Snpsp (Syndicat national des praticiens de la santé publique), Abdelmalek Boudiaf semble ne pas prêter trop attention à leurs revendications. En effet, d’emblée, il a estimé que 10% seulement de la corporation avait participé à cette action à travers le territoire national. En effet, à travers ce mouvement le Snpsp demande entre autres, la promotion de grades, la duplicité des diplômes et la classification sur la grille salariale de la Fonction publique pour la catégorie des dentistes et pharmaciens. Tout porte à croire qu’un bras de fer va être engagé entre le ministre et les syndicalistes, après notamment une accalmie qui aurait duré un peu plus de cinq mois, où le Snpsp revient à la charge, là encore, pour monter sur le toit et crier haut et fort, que la tutelle n’a pas répondu à leurs revendications.
Il compte même durcir le ton, en appelant à l’organisation d’un sit-in devant le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et ce les 5 et 6 du mois en cours. Néanmoins, le ministre a tenu à préciser aux praticiens de la santé publique que leur demande relative au dossier d’équivalence des diplômes de doctorat et de licence, concernant les dentistes et pharmaciens, ne relève pas des compétences et des prérogatives de son secteur, mais plutôt de celles du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a-t-il conclu. Selon Boudiaf la question est d’ores et déjà soumise à l’examen au niveau de ce ministère.
Farid Guellil