La question de la réforme du système éducatif s’invite à l’Assemblée nationale. Le débat est remis au goût du jour dans un contexte particulier, caractérisé par des mouvements de grèves des partenaires sociaux de l’Éducation, menés depuis au moins le début de la rentrée scolaire. Ainsi, lors d’une journée parlementaire consacrée à ce sujet, organisée hier à l’APN, l’ordre du jour s’est vite transformé en un tribunal pour présenter les syndicats au box des accusés. Lors de son allocution d’ouverture, la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit a appelé à la mobilisation de tous pour la poursuite du projet de réforme et de refonte de l’école, et la préservation des acquis du secteur. En effet, la ministre a rappelé que le projet de réforme lancé en 2003 a buté sur des contraintes, qu’elle a imputées à l’instabilité qui y prévaut, et qu’elle a liée sans ambages aux débrayages incessants menés par les syndicats. «Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que l’Éducation est un secteur stratégique, ce qui est vrai. Partant de cette réalité, il est impératif de garantir les conditions favorables pour qu’il puisse remplir la mission qui lui échoit. Il s’agit d’appuyer et d’améliorer l’exécution de la réforme», a-t-elle souligné d’emblée, avant d’ajouter que depuis le lancement du projet de réforme il y a plus de dix ans, son secteur n’a pas bénéficié d’un environnement favorable à même de poursuivre sur sa lancée. Dans la foulée, elle a précisé qu’elle ne fait nullement allusion aux moyens financiers et matériels qui sont, comme l’a-t-elle noté, assez souvent disponibles. Mais, elle en appelle à tous les intervenants de son secteur, notamment les syndicats, les parents d’élèves et les pouvoirs publics, afin de l’aider et de l’accompagner dans cette mission. À entendre le discours de la ministre qui n’était pas allée par trente-six chemins pour désigner les actions syndicales derrière ce qu’il conviendrait d’appeler «l’échec de la réforme», Benghebrit n’est-elle pas à la recherche d’une échappatoire pour justifier cet état de fait ? Il semblerait que non, puisqu’à travers sa communication elle a saisi tout le sens de sa responsabilité, en traitant plus de la problématique posée à son secteur, que de montrer nommément un bouc émissaire, ce qui aurait été, peut être, facile. En plus, le projet de réforme qu’elle défend ne date pas depuis son intronisation au ministère de l’Éducation. En effet, tout en reconnaissant le droit à l’exercice syndical que garantit la Constitution, elle n’a pas manqué non plus de rappeler le droit à l’enseignement qui devra profiter à l’élève. D’ailleurs, si ce n’était les parlementaires et les représentants des associations de parents d’élèves, ayant notamment pris part à cette rencontre, et lesquels parmi ceux qui ont intervenu, se sont empressés à fustiger les enseignants grévistes, la ministre a tenu un discours pour le moins raisonnable. Et pour cause, elle est allée même puiser dans l’essence du 1er Novembre, pour indiquer que la réforme de l’Éducation est synonyme d’une seconde Révolution, qu’il est impératif de jeter les bases d’une école moderne profitables aux générations futures. Plus que ça, la ministre a souligné que « l’échec de l’école n’est pas une fatalité», en précisant que tous les élèves pourraient aspirer à des résultats probants, pour peu qu’un meilleur cadre de l’enseignement leur soit assuré. Après avoir réussi à rétablir le calme parmi les grévistes, la ministre semble revenir davantage à son projet de réforme. Elle a assuré que son département continuera à œuvrer en ce sens. Elle compte opérer des changements en se basant sur «l’équité et la qualité éducatives», car, il faudra orienter les élèves dès le cycle primaire, un niveau déterminant la réussite ou l’échec scolaire, dans un choix plus judicieux, a-t-elle expliqué. Des changements devraient être aussi apportés au contenu pédagogique en plus d’améliorer la gouvernance en matière notamment de la gestion de l’école, a-t-elle encore rappelé. Comme elle a indiqué également que cette démarche devra être suivie le long du cursus scolaire de l’élève s’agissant des paliers supérieurs, pour une meilleure mise en œuvre de sa politique éducative. Enfin, la ministre a noté que sa réforme tient compte des aspirations de la société algérienne et qu’elle vise non seulement à inculquer le savoir, mais aussi à réaffirmer l’identité qui s’exprime autour de «l’Algérianité», et qui s’inscrira globalement dans le principe de «l’universalité», a-t-elle conclu.
Farid Guellil