L’association des hémophiles de Chlef en collaboration avec la DSP de la Wilaya, a organisé une journée de formation médicale continue sur l’hémophilie mardi dernier à l’hôtel El HADEF de Chlef. Cette manifestation a vu l’implication de l’association nationale des hémophiles et des médecins et Hématologues d’Alger : tels que le Dr Bensadok Meriem, Médecin biologiste, le Dr Chennoukh Karima, Médecin rééducateur, le Dr Kahla Abdallah etc… Selon le président de l’association des hémophiles de Chlef « le nombre d’hémophiles recensé au niveau national s’élève à plus de 2000 personnes et la wilaya de Chlef se positionne en troisième rang avec 150 malades , alors qu’ils étaient à peine 97 dans un passé récent ».Lors d’une intervention radiophonique sur les ondes de la radio locale de Chlef, le président de l’association des hémophiles a lancé un véritable SOS à l’intention des pouvoirs publics et plus particulièrement le ministère de la Santé afin que le malade atteint par cette pathologie puisse accéder facilement au traitement préventif. A titre de rappel, l’hémophilie est une maladie héréditaire due au déficit d’une protéine de coagulation, habituellement présente dans le plasma. Découverte par Frank Schnabel, un Québécois né le 17 avril 1926, il est considéré comme le fondateur de la Fédération mondiale de l’hémophilie. Cette maladie se transmet de façon héréditaire de père en fille et de mère en fils. La personne hémophile manque d’un élément qui participe à la formation d’un caillot solide dans le processus de coagulation (facteur VIII pour l’hémophile A et IX pour l’hémophile B). Cependant, ces «coffrets facteurs», produits coagulants, coûtent relativement assez chers et ne seraient pas disponibles actuellement, ou le sont en quantités insuffisantes uniquement au niveau des hôpitaux. Il est évident que les enfants hémophiles courent un réel danger en cas de blessure suivie de saignement. Un exemple mérite d’être signalé : c’est celui de ce père de famille, habitant la commune de Oued Fodda, qui avait perdu ses cinq enfants tous atteints d’hémophilie. S’adressant à un auditorium constitué de médecins des deux secteurs (privé et public) le Dr Bensadok Meriem a indiqué que « l’hémophilie est une maladie congénitale et génétique qui se manifeste par un déficit de facteurs de coagulation. Au moindre traumatisme, les saignements sont importants. Si on ne traite pas rapidement, le malade est exposé à des risques de complications, dont l’une des formes graves est le handicap. Si elle est bien prise en charge, dira-t-elle, par une équipe médicale pluridisciplinaire, le médecin rééducateur, le kinésithérapeute et l’orthopédiste, l’hémophile peut mener une vie identique à un sujet non atteint et même l’espérance de vie est la même qu’une personne saine ». Quant au Dr Chennoukh Karima, elle a abordé le volet de la prise en charge thérapeutique de l’hémophile. A ce sujet elle dira : « On recommande le traitement prophylactique (il prévient, en général, l’apparition et le développement des maladies), à titre préventif, notamment chez les enfants, pour éviter les accidents et notamment le handicap. Avec la prophylaxie, le malade vit normalement. Il a une meilleure qualité de vie et de meilleures chances de poursuivre une scolarité normale, puis de s’insérer professionnellement. Malheureusement, le facteur de coagulation n’est pas assuré tout le temps. Donc, le traitement prophylactique n’est pas toujours possible. On commence, toutefois, doucement avec les enfants. Une fois que les complications surviennent, le facteur anticoagulant ne sert plus à rien. Il est donné, de manière aiguë, dans les deux heures qui suivent l’accident. Il est essentiel d’assurer des séances d’éducation sanitaire afin d’apprendre aux parents d’enfants hémophiles ou aux malades adultes l’auto-traitement, afin d’éviter que le pronostic fonctionnel ne soit mis en jeu. Sinon, il est souvent utile de prescrire une intervention chirurgicale, notamment en orthopédie». Il faut dire qu’au-delà du caractère ludique de la rencontre, cette journée s’est avérée propice pour sensibiliser l’opinion publique sur cette maladie congénitale et génétique et poser, une énième fois, les contraintes auxquelles sont confrontées les personnes qui en sont atteintes.
Bencherki Otsmane