L’appel des partis de l’opposition à une grande marche, le 24 février prochain, à travers les 48 wilayas du pays et même dans certaines villes de France, contre l’exploitation du gaz de schiste, semble secouer les hauts responsables et partis du pouvoir.
Le président du parti du parti Tajamou Amal El Djazair (TAJ), Amar Ghoul, a mis en garde contre les dérives sécuritaires que peuvent provoquer les manifestants, le 24 février prochain, qualifiant cette marche de «menace sur la stabilité du pays». Pour lui, le recours à la rue est loin d’être une priorité, vu la conjoncture sociale actuelle qui prévaut en Algérie, caractérisée notamment par la montée du front social. «Ceux qui appellent à la marche du 24 février prochain jouent avec le feu, et menacent la stabilité sécuritaire du pays, dans une conjoncture marquée par la montée de la grogne sociale et autres défis sécuritaires», a-t-il averti lors d’un discours tenu, hier, à l’occasion de la réunion ordinaire du bureau politique. En effet, la Cnltd a appelé récemment à l’organisation d’une marche nationale, et même dans certaines villes de France, le 24 février prochain, en guise de soutien aux habitants du Sud, opposés à l’exploitation du gaz de schiste. Elle a pris, ainsi, le gros risque de se mettre devant le premier test du terrain après plus d’une année d’existence, car l’échec de son appel risque de sonner le tocsin de sa mort. Le président du TAJ s’est attaqué aux initiateurs de cet appel, les mettant en garde contre une dérive sécuritaire déjà annoncée. «De quel soutien parlent-ils ? On sous-entend que les habitants du Sud ne sont pas des Algériens! C’est une dérive culturelle et un langage dangereux», lâche-t-il en estimant que l’initiative est prise par des personnes visant des fins partisanes au détriment de l’intérêt général du pays, à savoir la stabilité en premier lieu. Amar Ghoul reproche encore aux partis de la Cntld de vouloir saisir les conditions socioéconomiques actuelles et la montée du front social pour jeter l’huile dans le feu et accentuer la crise. «Il est plus facile, aujourd’hui, d’alimenter la polémique et provoquer des crises que de proposer des solutions probantes face aux défis qui ne cessent pas de se multiplier», lâche-t-il. En effet, La Cntld, apparemment consciente de l’impossibilité de faire marcher tous les Algériens en même temps, a décidé de concentrer son action sur la capitale en programmant un grand rassemblement devant la Grande Poste. Des leaders de partis politiques de l’opposition prendront la parole en public, malgré les restrictions et le dispositif sécuritaire attendu à être déployé. Cela au moment où le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a programmé une visite, le même jour à Ouargla, pour se prononcer devant les citoyens en guise pour tenter d’apaiser la tension. Par ailleurs, le président de Taj a brossé, lors de la conférence d’hier, un tableau général sur la situation sécuritaire qui prévaut actuellement en Libye et les pays du Sahel. Pour lui, la stabilité sécuritaire de l’Algérie dépend amplement de celle de la Libye et autres pays voisins. Il a salué, au passage, la position prise par l’Algérie qui favorise une approche globale et profonde et une solution politique, plutôt qu’une solution purement militaire. Avant de rappeler que nombre de pays africains, dont fait partie l’Algérie, demeure la cible des lobbys occidentaux qui y provoquent, selon lui, des crises pour justifier leurs projets géopolitiques. Il convient de signaler que la réunion d’hier a été consacrée à la préparation du Conseil national prévu au cours de la semaine prochaine. Plusieurs questions organiques du parti, ainsi la situation politique nationale et internationale, y seront mises sur le tapis, selon Amar Ghoul.
Salim Nasri