Dans «Invincible», son troisième film en tant que réalisatrice, Angelina Jolie raconte la vie du sportif Louis Zamperini, héros des Jeux Olympiques de Berlin en 1936. L’occasion d’un entretien vérité avec une femme qui est sur tous les fronts.
A 39 ans, Angelina Jolie est plus belle que jamais. Délicate au point d’avoir l’air fragile, elle semble flotter lorsqu’elle apparaît. Son élégante minceur rappelle sa vulnérabilité, les moments douloureux qu’il a fallu traverser. Mais Angelina rayonne de l’intérieur. Sa voix est douce, son sourire chaleureux. Après avoir été l’enfant terrible de Hollywood, elle offre désormais l’image angélique d’une activiste, d’une épouse, d’une mère et d’une artiste comblée. Chacune de ses activités se pratiquant en famille, sa fille Vivienne a fait ses débuts d’actrice dans «Maléfique», son fils Maddox, 13?ans, officiait comme assistant sur le plateau d’«Invincible» et son mari Brad Pitt sera son partenaire dans «By the Sea». Tout semble réussir à cette idéaliste passionnée qui rêve toujours de sauver le monde.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans le parcours plutôt viril de Louis Zamperini ?
Son destin hors norme. Il fallait faire ressentir physiquement et mentalement ce que c’était que de se retrouver perdu sur un canot de sauvetage au milieu du Pacifique pendant quarante-sept jours, ou d’être enfermé dans la cellule d’un camp de prisonniers en pleine jungle, ou encore de participer aux jeux Olympiques de Berlin. J’avais un besoin impérieux de porter son message de survie, d’empathie et de foi.
Cette superproduction est tournée avec la logistique hollywoodienne. Le quotidien d’une famille nombreuse est-il une bonne préparation ?
D’un point de vue pratique, c’est certain ! Avec six enfants, on est constamment sur le pont et on se démultiplie pour donner autant d’attention à chacun sans froisser les ego. Pendant le tournage, j’étais sous pression, mais je n’ai jamais été débordée par les demandes. J’ai l’habitude.
«OUI, JE PRENDS EN COMPTE LA POLITIQUE»
Qu’est-ce qui vous pousse, vous avec “Invincible” et Brad Pitt avec “Fury”, vers la Seconde Guerre mondiale ?
L’envie d’honorer la résilience de la nature humaine. C’est en temps de guerre que le meilleur et le pire s’expriment. Et lorsqu’on entre de plain-pied dans des situations extrêmes, on voit des êtres humains basculer vers le côté sombre et révéler leur inhumanité, mais on voit aussi des Louis Zamperini s’élever contre l’horreur et devenir une inspiration pour tous.
Est-ce compliqué de rendre cette réalité accessible à un jeune public ?
Oui, car il y a des règles très précises sur le taux de sang qu’on peut montrer, sur ce qui doit rester dans l’ombre, sur la puissance sonore des coups portés. Mais les idées défendues par nos aînés méritent d’être rappelées à une jeunesse qui est un peu perdue aujourd’hui. Qui a besoin de se retrouver à travers des valeurs simples de courage et d’honneur. Le film n’a en rien adouci ce que Louis a vécu, mais il reste le témoignage d’une vie exceptionnelle.
Louis Zamperini est décédé le 2 juillet à l’âge de 97 ans. A-t-il vu le film ?
Je le lui ai montré à l’hôpital sur mon ordinateur. C’était très émouvant de l’observer découvrir sa vie, ses souvenirs de jeunesse et tout ce qu’il avait vécu. Comme il avait la foi, il se préparait à mourir sereinement, à retrouver sa famille et ses amis au paradis. En même temps, il était ému de les voir revivre à l’écran… sa mère préparant des gnocchis, son ami Phil sur le canot de sauvetage, ses camarades de détention… J’étais très honorée d’être là, dans ce moment humainement unique. Il m’a aidée à traverser des passages difficiles de ma vie. Il arrivait à la fin de la sienne. J’écoutais ses réflexions profondes et j’en ai été bouleversée.
In Paris Match