Le marché d’intérêt national (MIN) appelé communément marché de gros de Chlef, joue un rôle de régulateur du commerce des produits agricoles à l’échelle régionale. Situé à la sortie est de la ville, il est devenu selon de nombreuses personnes qui le fréquentent un véritable coupe-gorge en l’absence de forces de sécurité. Il faut dire que la masse d’argent très importante, qui transite par ce marché attire une nuée de malfrats qui n’hésitent pas à détrousser sous la menace d’épées, de faucilles et de différentes armes blanches toute personne qui fréquente ce marché et particulièrement celle qui s’aventurera à s’éloigner de «la foule». Mérouane un père de famille qui achète depuis une vingtaine d’années, de la pomme de terre auprès de ce marché pour la revendre au niveau de sa localité l’a appris à ses dépens. Il nous témoigne avoir lui-même vécu une agression. «Comme à mon accoutumée, vers 3 heures du matin, je me suis rendu à ce marché pour acheter de la pomme de terre. J’étais à l’intérieur de mon véhicule (une camionnette Peugeot 504), aux abords du marché, quand, je fus surpris par 4 individus dont l’un détenait un sabre dans sa main. Ils voulaient me soustraire l’argent que j’avais sur moi (une somme de 10 millions de centimes). C’est la bagarre parce que je ne me suis pas laissé faire. Je fus roué de coups, ce qui m’a valu plusieurs blessures au niveau de la tête et des jambes et cela sans que personne n’ose m’apporter son secours. Il faut dire que la terreur règne en maître en ces lieux et chacun a peur d’aider son prochain de… peur de représailles de ces bandes de criminels bien organisées. Une autre victime raconte : j’avais un besoin pressant, donc je me suis éloigné à quelques mètres du marché pour me soulager et là j’ai reçu une grosse pierre sur la tête. Lorsque je me suis réveillé, j’avais une entaille sur la tête et du sang un peu partout ; la somme de 50 millions de centimes que j’avais sur moi avait déjà disparu. Enfin dira-t-il, je remercie Dieu d’être toujours en vie. Il faut noter que les charretiers (une centaine environ) qui interviennent auprès de ce marché pour transporter les fruits et légumes du lieu d’exposition vers les véhicules de transports stationnés en dehors du marché imposent également leur Loi. Selon Mérouane, ces derniers nous bloquent l’accès au marché avec leurs charrettes pour nous obliger à faire appel à leurs services. Le prix du transport pour quelques mètres est de dix dinars pour un cageot transporté. Ces derniers, généralement bien «armés» et bien organisés vous dissuadent très vite de toute forme ou action de revendication et de contestation précise notre interlocuteur. Mérouane regrette le temps éphémère ou la sécurité régnait au niveau de ce marché grâce à la présence de policiers de la BMPJ . Aujourd’hui nous confie ce marchand de pomme de terre «nous sommes livrés à nous même et la loi du talion règne en maître. D’ailleurs dira Mérouane, certaines personnes ont trouvé la parade et pour se prémunir de ces agressions, ils font appel carrément à «des gens du milieu». Quoi de mieux pour se protéger de la mafia que de s’offrir les services de … la mafia.
Bencherki Otsmane
