Les Verts alignent les succès et enflamment leur public. Qui voit désormais grand à mesure que ses favoris grandissent. Et ils grandissent bien. Font rêver.
Le drôle de carton
Quatre sur quatre et carton plein, les derniers doutes balayés. Les victoires qui s’enchaînent et des Fennecs qui font peur avec un parcours à faire pâlir d’envie les plus grosses cylindrées du continent. Et c’est toute l’Afrique qui les craint plus que jamais.
Une première victoire ramenée d’Addis-Abeba. Bien noté mais des réserves. Les Verts ne jouent pas bien et les trois points ne veulent rien dire. Il faut attendre, patienter. Vérifier ce que sera vraiment demain avec le nouveau sélectionneur Gourcuff qui ne parle pas trop et rappelle qu’on ne peut pas lui demander plus que de maintenir la dynamique du Mondial. Surtout que les « spécialistes », parmi lesquels les pourfendeurs de l’ancien coach Vahid, répondent que l’on fait toujours (c’est interdit ?) du Vahid et que l’équipe peut lui rendre une fière chandelle pour le travail (ce que personne ne conteste) accompli en trois ans de règne. Ce que l’ancien entraîneur de Lorient reconnaît sans (et c’est son droit) le dire. Reconnaît qu’il n’était pas facile (du moins pas dans l’immédiat) de remplacer V.H dans le cœur des Algériens. Trois premiers points engrangés dans l’urgence et en déplacement devant le futur vainqueur du Mali (2-3, à Bamako) l’autre favori du groupe. Un Mali qui dépose ses valises à Blida pour le compte de la 2e journée. Trois nouveaux points et des «puristes» pas du tout convaincus et qui trouvent évidemment à redire. N’apprécient pas tellement le «petit» (il y en a à ce niveau de la compétition quand seul le résultat compte ?) succès (1-0) parce qu’il n’y avait pas la manière. Brahimi et ses coéquipiers gagnent mais ne séduisent pas. Ne mettent pas la manière. C’est les commentaires qui suivront le troisième succès (2-0) de suite ramené de Blantyre devant une fougueuse (sans plus) sélection malawite au bout d’un match à périls. Ca fera neuf unités dans l’escarcelle et on ne s’enflamme toujours pas pendant que beaucoup de grands noms (on citera, pêle-mêle, le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou le Ghana, qui reviennent du Brésil et avaient un statut à défendre, ou l’Egypte qui craint toujours une 3e désillusion de suite et n’est pas encore assurée de retrouver la messe africaine qu’elle a dominée de la tête et des pieds dans un passé pourtant récent) en danger et dont le billet pour la CAN 2015 est maintenant loin d’être assuré, voire menacé.
Paroles de… «spécialistes»
Les victoires des Verts s’enchaînent et ce n’est pas tout le monde qui s’enflamme. Domination quasi écrasante du groupe «B», beaucoup de matières à ne pas faire la fine bouche et pourtant. Pourtant, la leçon première assénée par les «spécialistes» est qu’on ne retient pas grand-chose (même pas les succès alignés ?) quand on dissèque les prestations d’Addis-Abeba, Blida puis Blantyre. Rien sinon que la nouvelle version de l’EN, conduite par un technicien qui demande du temps, a besoin de temps et de beaucoup de patience pour imposer sa démarche et mener à bien les chantiers ouverts, a encore beaucoup à prouver. N’a rien montré jusque-là de rassurant quand bien même elle survole (côté résultats, on le sait) les débats et qu’il faille encore attendre pour les voir mettre l’habit, le costume de N°1 du continent en allant ramener ce second trophée derrière lequel le football algérien court depuis maintenant 25 ans. Ne surtout pas s’enflammer. Même après l’officialisation de la qualification et cette balade de santé (3-0 et la manière y était par moments) de mercredi dernier à Tchaker contre des Malawites toujours accrocheurs mais «limités» (nous prie-t-on de souligner) au moment où le Mali tombait à domicile devant de non moins «limités» également Ethiopiens sur un score se passant de tout commentaire quant à la qualité et surtout la difficulté des obstacles passés avec un certain bonheur (beaucoup de réussite ?) par les Slimani et consorts qui lancent à l’occasion un sérieux avertissement au reste du continent lors d’une prochaine édition durant laquelle ils doivent composer avec un statut de super favori (ils le méritent mais ce sera dur à porter devant, la forte concurrence qui les attend et ils n’en doutent pas) en battant un joli record qui fera date. Douze sur douze. Prévoir du quinze sur quinze avec la réception de l’Ethiopie le 15 novembre dans une partie où il faudra «sortir le grand jeu» et faire taire les critiques. Plaire, séduire. Bref, bien jouer. Allier la manière au résultat. Ce qu’ils ont essayé de réaliser face à un Malawi trop brouillon pour permettre des prouesses techniques dont nous ont gratifié par à coups des surdoués comme Brahimi, Mahrez ou Feghouli, ce dernier étant, on le concède, toujours loin de son vrai niveau.
La leçon allemande
Les Verts ne sont pas revenus du Mondial avec la couronne, propriété de son adversaire du second tour, l’Allemagne qui se souviendra longtemps de la réplique donnée et toute heureuse finalement de s’en être sortie sans dégâts majeurs d’un véritable match piège. Les Verts ne sont pas non plus (pas encore) champions d’Afrique. C’est pourquoi on nous demande instamment de ne pas trop nous enflammer. Ne pas prendre des vessies pour des lanternes. Ne pas, allons droit au but, céder à l’hystérie collective qui veut que la couronne africaine est déjà à Alger avant que la course à la succession de très tatillons «Super Eagles» (ils ont les ailes tellement lourdes actuellement et toutes les raisons de craindre de ne pas être de la fête de janvier) du Nigeria ne soit véritablement ouverte avec le lancement du tournoi. Rester méfiants. Pourquoi ? Évidemment parce que ces quatre victoires peuvent ne rien dire finalement.
Ne signifient pas grand-chose. Que tous les superlatifs utilisés par la presse pour saluer le parcours parfait des M’Bolhi et les siens amusent plus la galerie qu’autre chose. Que ce n’est pas sérieux tout ce tapage monté autour d’une E.N «moyenne. Qui manque encore de punch et de personnalité. Est loin d’être ce onze dominateur sur lequel on peut compter quand il faudra passer à l’examen final de la phase finale d’une CAN où il faudra user d’arguments techniques, tactiques et physiques autrement plus convaincants». Nos joueurs «n’épatent pas» et on ne leur trouve aucune force.
Pas encore ce qu’il faut pour «claironner» dès maintenant que «l’Afrique est déjà sur leurs pieds». En renvoyant le Malawi refaire ses classes et donc à de plus justes proportions, la bande à Gourcuff qui sait que «beaucoup de travail attend le groupe (c’est ce qu’il ne cesse de répéter), attend de pied ferme l’Ethiopie pour confirmer sa bonne santé. Montrer qu’elle est là même si la prudence est toujours de mise. Une équipe qui sait qu’elle n’est pas encore arrivée mais qui demande qu’on lui fasse confiance. En lui donnant le temps de bien grandir. Sans verser dans l’autosatisfaction. Douze unités sur douze. Quinze puis dix huit. Les chiffres sont froids, les «stats» têtues. Disent ce qu’elles disent. Pour les Verts, la tendance est à la confiance. À cette réussite qui fait les grands champions. Alors ? On préfère, pour notre part, les laisser travailler avec ces douze points synonymes de sérénité. De nouvelles marges de progression qui permettent d’avancer. Gourcuff doit apprécier et ne pas trop faire attention à ce qui se dit sur cette équipe qui nous fait plaisir pour le moment. Ce que nous retenons. Apprécions.
Par Azouaou Aghiles