L’Afrique de l’Ouest s’efforçait mercredi de ne pas céder à la panique face à Ebola, malgré le millier de morts provoqué par l’épidémie et le manque de moyens disponibles, alors que la communauté internationale a promis d’apporter son aide. L’autorisation de traitements encore expérimentaux représente certes une lueur d’espoir. Mais seuls pourront en bénéficier une poignée de personnes, une goutte d’eau par rapport aux centaines, voire au millier de malades recensés. »Nous devons éviter la panique et la peur, il est possible d’arrêter Ebola », a assuré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a annoncé mardi la nomination d’un coordinateur des Nations unies pour Ebola, le médecin britannique David Nabarro, spécialiste des épidémies. »Ebola a été contenu ailleurs et nous pouvons le faire ici aussi », a insisté Ban. « Dans les jours à venir, les Nations unies vont renforcer leurs actions pour combattre l’épidémie », a-t-il promis, citant l’envoi de personnels médicaux et de matériel de protection. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé le décès à Lagos d’un de ses fonctionnaires, portant à trois le nombre de morts au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique. Les trois victimes sont un Libérien, arrivé malade fin juillet, et deux autres personnes contaminées par lui. La présidence du Liberia a précisé que le sérum expérimental américain ZMapp, qui a donné des résultats positifs sur deux Américains contaminés dans le pays, mais n’a pas permis de sauver un prêtre espagnol décédé mardi, ne serait administré qu’à deux médecins libériens, les Dr Zukunis Ireland et Abraham Borbor. »L’approbation de l’Agence américaine du médicament (FDA) autorise le fabricant à envoyer le traitement au ministère de la Santé uniquement pour être utilisé sur les deux médecins. Les médicaments seront dans le pays dans les 48 heures », selon la présidence. En Sierra Leone voisine, le ministère de la Santé a indiqué à l’AFP avoir rédigé une lettre destinée au groupe américain pour obtenir ce sérum. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) « vient d’approuver notre requête pour que le médicament ZMapp soit mis à disposition à la fois en Sierra Leone et au Liberia », a déclaré Sidi Yahya Tunis, porte-parole du ministère, disant espérer une réponse du groupe dans les 48 heures.
Maladie de pauvres
En revanche, la Guinée n’a pas pour l’instant demandé à bénéficier de ce sérum, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale à Conakry. La société pharmaceutique américaine qui a élaboré le ZMapp a annoncé lundi avoir expédié la totalité des doses disponibles en Afrique de l’Ouest, sans préciser de pays, assurant que le traitement avait été fourni « gratuitement dans tous les cas ».Face à l’ampleur de l’épidémie, un comité d’experts réuni par l’OMS a jugé mardi « éthique d’offrir des traitements non homologués dont l’efficacité n’est pas encore connue ainsi que les effets secondaires, comme traitement potentiel ou à titre préventif ». La sous-directrice générale de l’organisation, Marie-Paule Kieny, a néanmoins reconnu l’absence de stocks disponibles, car Ebola est « une maladie de pauvres dans des pays pauvres dans lesquels il n’y a pas de marché » pour les firmes pharmaceutiques. Le Président sierra-léonais, Ernest Bai Koroma, a lancé un appel à la communauté internationale afin de trouver les 18 millions de dollars (13,5 millions d’euros) manquants pour financer la lutte contre l’épidémie.Dans la région, la Guinée-Bissau a annoncé la fermeture de ses frontières avec la Guinée, autre pays touché, « jusqu’à nouvel ordre », selon le Premier ministre, Domingos Simoes Pereira. La Confédération africaine de football (CAF) a par ailleurs demandé à la Fédération guinéenne (FGF) de délocaliser les matches des équipes nationales guinéennes jusqu’à la mi-septembre en raison de l’épidémie. Aux marches du continent, dans le détroit de Gibraltar et dans l’enclave espagnole de Melilla, les membres de la Garde civile qui ont récupéré ces derniers jours plus d’un millier de migrants d’Afrique subsaharienne étaient pour certains équipés de gants et de masques de protection afin de se prémunir du virus. L’épidémie d’Ebola, la plus grave depuis l’apparition de cette fièvre hémorragique en 1976, a fait 1 013 morts en Afrique de l’Ouest, dont 373 en Guinée, 323 au Liberia et 315 en Sierra Leone, selon le dernier bilan de l’OMS en date du 9 août.