L’ONU Femmes a condamné les violences faites aux femmes soudanaises dans la région d’El Fasher, capitale de l’Etat du Darfour, par les Forces de soutien rapide (FSR), en conflit avec l’armée gouvernementale, affirmant que le viol y est utilisé « délibérément et systématiquement à leur encontre ».
« L’ONU Femmes a reçu des informations faisant état d’atrocités, notamment des exécutions sommaires et des violences sexuelles, et que des preuves de plus en plus nombreuses montrent que le viol est utilisé délibérément et systématiquement « , a indiqué l’organisation onusienne dans un rapport repris mercredi par des médias. » Des femmes ont témoigné avoir souffert de la faim, des déplacements forcés, des viols et des bombardements à El Fasher, épicentre de la dernière catastrophe au Soudan », a déclaré Anna Motafati, directrice régionale de l’organisation pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. Et de poursuivre : » Les femmes nous racontent que, durant leurs périples éprouvants, chaque pas pour aller chercher de l’eau, ramasser du bois ou faire la queue pour de la nourriture comportait un risque élevé de violences sexuelles ». Face à cette situation dramatique, la violence doit cesser et l’accès humanitaire doit être élargi de toute urgence. Chaque jour où la communauté internationale tarde à agir, des femmes accouchent sous les bombardements, enterrent leurs enfants victimes de la faim ou disparaissent », a insisté Mme Motafati, affirmant que « des milliers de femmes et de filles ont fui la ville face à la détérioration de la situation, se réfugiant dans d’autres régions du Nord-Darfour, notamment à Tawila, à environ 70 kilomètres de là, à Korma et à Mellit ». La région du Darfour représente environ un cinquième de la superficie du Soudan, qui s’étend sur plus de 1,8 million de kilomètres carrés, mais la majorité des 50 millions d’habitants du Soudan vivent dans des zones contrôlées par l’armée.
La situation dans le Darfour du Nord demeure instable
La situation dans l’Etat soudanais du Darfour du Nord demeure instable après la prise de contrôle d’El Facher par les FSR le 26 octobre, ont déclaré les responsables humanitaires de l’ONU. Si les affrontements majeurs ont cessé, des combats sporadiques et des activités de drones se poursuivent, exposant les civils au pillage, au recrutement forcé et à la violence sexuelle, a indiqué mardi le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). « Près de 89.000 personnes ont fui El Facher et ses environs depuis fin octobre, beaucoup d’entre elles arrivant dans la localité de Tawila après avoir marché pendant des jours sous la menace de violences », a rapporté l’OCHA. Il a ajouté que l’ONU, en collaboration avec des partenaires locaux et des organisations non gouvernementales internationales, leur fournit de la nourriture, de l’eau, des installations sanitaires, des soins et un soutien psychosocial, même si les besoins continuent de dépasser les ressources disponibles. Le bureau a précisé que le sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, est arrivé mardi à Port-Soudan, dans l’extrême nord-est du pays, où il a rencontré les autorités, les partenaires humanitaires et la communauté diplomatique. Les partenaires humanitaires ont signalé que plus de 12.000 personnes ont cherché refuge dans l’Etat oriental du Nil Blanc depuis fin octobre, soit une moyenne de 700 personnes par jour, a signalé l’OCHA. L’OCHA a réaffirmé que les civils doivent être protégés et que les travailleurs humanitaires doivent bénéficier d’un accès sûr et durable pour acheminer l’aide à travers les lignes de front.
L’OIM met en garde contre une « hausse spectaculaire » des déplacements
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a mis en garde mardi contre une « hausse spectaculaire » des déplacements de population à El Fasher, capitale du Darfour du Nord, tombée fin octobre entre les mains des FSR. En deux semaines, près de 90000 résidents ont fui les bombardements et les combats, sur des routes où la faim, la soif et l’absence de soins tuent presque autant que les armes. « La crise à El Fasher est le résultat direct de près de 18 mois de siège qui ont privé les familles de nourriture, d’eau et de soins médicaux », a déclaré Amy Pope, la directrice générale de l’OIM, en visite au Soudan. Dans la ville prise par les FSR, après plus de 500 jours de siège, des dizaines de milliers de civils restent piégés. « Ils survivent dans des conditions proches de la famine », a déploré Mme Pope, alors que les hôpitaux, les marchés et les réseaux d’eau ont été détruits. Son agence rapporte des exactions alarmantes perpétrées par les FSR : détentions arbitraires, pillages, agressions physiques et violences sexistes.
A Tawila, une ville à environ 50 km d’El Fasher qui accueillait déjà 650000 déplacés avant l’escalade des derniers jours, les blessés ne cessent d’affluer. Malgré des besoins immenses, les opérations humanitaires s’effondrent. Les entrepôts sont presque vides, les convois d’aide bloqués par l’insécurité et les restrictions d’accès. « Sans accès sûr et sans financement urgent, les opérations humanitaires risquent de s’arrêter au moment même où les communautés ont le plus besoin d’aide », a averti Mme Pope.
R. I./Agences














































