La consommation de drogue a franchi le seuil des établissements scolaires. C’est désormais une vérité qui sort de la bouche du ministre de l’Éducation, lui-même.
Alors que ce phénomène a jusqu’ici épargné les écoles, la réalité rattrape aujourd’hui la famille éducative, confrontés à l’un des fléaux les plus dévastateurs de la société. S’exprimant hier, en marge de l’ouverture des travaux de la journée nationale de la santé scolaire dans sa première édition, le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Seghir Saâdaoui, a révélé que des élèves ont été surpris à leur entrée dans les établissements scolaires en possession de psychotropes. Selon le ministre, plusieurs dangers guettent aujourd’hui l’école, citant l’exposition des enfants aux écrans, l’espace numérique, et plus grave la consommation de drogues, qu’il faudra absolument, a-t-il averti, stopper par tous les moyens possibles. Dans ce contexte, le ministre a interpellé d’abord les parents, en les invitant à surveiller les cartables et les vêtements de leurs enfants, soulignant que « le problème de drogue est devenu un phénomène grave qui ne peut pas être simplement discuté ».
Les parents d’élèves inquiets
Aussi inquiet et alarmé, Khaled Ahmed, le président de l’Association nationale des parents d’élèves, a lui aussi alerté contre ce fléau qui menace les enfants et les jeunes de moins de 18 ans. Selon Khaled Ahmed, si aujourd’hui ce phénomène touche l’école, les parents sont les premiers à être pointés du doigt. «Il y a des parents qui se sont dégagés de toute responsabilité. Ils ne discutent pas avec leurs enfants, et ne savent pas ce qu’ils font à l’extérieur de la maison », a-t-il regretté. Aussi, Khaled Ahmed a déploré que les parents ne vérifient pas ce qu’il y a dans le cartable de leurs enfants, qu’ils soient au primaire au collège ou au lycée, sachant que la menace est partout et peut toucher n’importe qui ». Pour lutter contre la prolifération de la consommation des psychotropes en milieu scolaire, le représentant des parents d’élèves rappelle d’abord que tout le monde devrait s’y impliquer. Selon lui ; « il est important de renforcer le contrôle aux abords des écoles, puis à leur entrée, en coordination avec les services de sécurité, et ce en application des accords conclus dans ce domaine entre le ministère de l’Éducation et de la Gendarmerie nationale. Khaled Ahmed a aussi évoqué l’importance d’encourager la culture de dénonciation parmi les élèves et les parents surtout quand il s’agit d’un fléau aussi dangereux que le trafic de drogue en milieu scolaire. Il a rappelé, dans ce contexte, l’existence du numéro vert ; le (10 55) mis au service des citoyens pour dénoncer de façon anonyme tout comportement pouvant nuire à la société. Enfin, le président de l’Association nationale des parents d’élèves a mis en avant l’importance des campagnes de sensibilisations dans les écoles contre les risques liées à la consommation des drogues. Des actions qui doivent être, a-t-il insisté, intensifier à travers l’ensemble des wilayas et tout au long de l’année scolaire, avec la participation d’un ensemble d’intervenants, avec pour objectif de mettre en avant les risques socio-sanitaires liés à la consommation de ces poisons.
Vers des tests anti-drogue à l’école
Il est essentiel de rappeler, dans ce contexte, que l’Algérie a renforcé drastiquement sa lutte contre l’usage et le trafic de stupéfiants avec l’entrée en vigueur de la loi n° 25-03 du 1er juillet 2025. Selon l’article 5-bis de cette nouvelle législation, les tests de dépistage sont désormais « exigés dans les dossiers des candidats aux concours de recrutement dans les administrations, les établissements et institutions publics, les établissements d’intérêt général et ceux ouverts au public et les institutions et organismes du secteur privé ». Mais la portée de cette loi ne se limite pas au monde du travail. La lutte contre la consommation de drogues s’étend également au milieu scolaire et de la formation professionnelle. L’article 5 bis 10 stipule que les « examens médicaux périodiques des élèves dans les établissements d’enseignement, d’éducation et de formation peuvent comporter des analyses de dépistage précoce des signes d’usage de stupéfiants et/ou de substances psychotropes ». Cependant, cette mesure est encadrée par le consentement des représentants légaux des élèves ou, le cas échéant, du juge des mineurs compétent, assurant ainsi une protection des droits individuels. A noter que cette loi adopte une approche préventive et curative plutôt que punitive pour les personnes dépistées positives. En effet, en cas de résultat positif, la personne concernée ne fera pas l’objet de sanctions judiciaires. Cette disposition vise à encourager la prise en charge et le traitement, plutôt que la stigmatisation et la criminalisation des consommateurs. L’introduction de cette législation intervient dans un contexte de préoccupations croissantes concernant l’ampleur de la consommation et du trafic de stupéfiants en Algérie.
Ania N.