Des dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi dans plusieurs capitales européennes, notamment à Berlin, Genève et Stockholm, pour dénoncer la guerre d’extermination menée par Israël contre la population de Ghaza depuis près de deux ans.
Les manifestants ont exigé un cessez-le-feu immédiat, la fin des exportations d’armes vers Tel-Aviv, l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire et l’imposition de sanctions internationales. Dans la capitale allemande, une foule immense a envahi les rues pour participer à la marche baptisée « All Eyes on Ghaza », organisée par une cinquantaine de syndicats, partis et associations, dont le Parti de gauche, Amnesty International et Medico International. La police a déployé environ 1 800 agents pour encadrer la manifestation, estimant la participation à près de 60 000 personnes, tandis que les organisateurs parlaient de plus de 100 000 participants. Les cortèges se sont ébranlés depuis le siège du gouvernement régional pour rejoindre la célèbre colonne de la Victoire à Tiergarten. Les slogans « Liberté pour la Palestine », « Arrêtez le massacre », « Non au génocide » et « Israël bombarde, l’Allemagne finance » ont résonné tout au long du parcours. Les pancartes arboraient également des messages tels que « Ghaza – stop au carnage » ou encore « Plus jamais ça, pour tous ». Plusieurs figures publiques ont pris la parole. Ines Schwerdtner, coprésidente du Parti de gauche, a dénoncé la complicité silencieuse de Berlin dans ce qu’elle a qualifié d’« épuration génocidaire » à Ghaza. Le musicien juif Michael Barenboim, chef de l’orchestre « Divan Est-Ouest », a affirmé que qualifier la situation de génocide n’était « nullement exagéré », citant le consensus de la majorité des ONG de défense des droits humains. « La question qui se pose désormais est de savoir si l’Allemagne porte une part de responsabilité dans ce crime », a-t-il insisté.
Genève : appels
aux sanctions
À Genève, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés sur la place Neuve avant de parcourir les rues de la ville durant trois heures. Brandissant drapeaux palestiniens et banderoles multilingues, ils ont exigé l’arrêt du massacre et l’imposition immédiate de sanctions contre Israël. Les participants ont accusé directement les États-Unis et les puissances européennes d’être complices de « l’extermination » en raison de leur soutien militaire et politique à Tel-Aviv.
Stockholm : des cercueils symboliques pour les enfants
Dans la capitale suédoise, plusieurs centaines de personnes se sont réunies sur la place Odenplan à l’appel d’associations locales. Les manifestants ont dénoncé « l’occupation criminelle » et réclamé un cessez-le-feu immédiat sans conditions. Le moment le plus marquant a été la marche silencieuse de plusieurs participants portant des cercueils symboliques recouverts de linceuls blancs, représentant les milliers d’enfants palestiniens tués sous les bombes israéliennes. La scène a suscité une vive émotion et une large couverture médiatique.
Colère mondiale contre l’impunité d’Israël
Au-delà de l’Europe, d’autres rassemblements ont eu lieu à Paris, Liverpool, Düsseldorf et même jusqu’à Cape Town en Afrique du Sud, où des milliers de personnes ont exigé la rupture des relations diplomatiques et commerciales avec Israël, à l’image des sanctions appliquées jadis contre le régime d’apartheid. Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une guerre d’extermination sur Ghaza avec l’appui direct des États-Unis. Selon les derniers bilans, plus de 65 900 Palestiniens ont été tués, 167 000 blessés, en majorité des femmes et des enfants, tandis que 442 personnes, dont 147 enfants, ont péri de faim en raison du siège qui asphyxie l’enclave. Face à cette tragédie, la mobilisation populaire internationale ne cesse de croître, même si les gouvernements européens restent largement alignés sur la politique israélienne. À Berlin, le contraste entre le soutien historique de l’Allemagne à Israël et la colère de dizaines de milliers de citoyens dans les rues illustre un tournant dans l’opinion publique.
M. Seghilani