La mobilisation internationale pour briser le blocus meurtrier imposé à Ghaza franchit une étape décisive. La « Caravane de la résilience » (ou « Asfyat al-Sumoud»), composée d’environ cinquante bateaux civils transportant aide humanitaire et militants venus du monde entier, a quitté, hier, l’île grecque de Crète. Son arrivée est prévue au début de la semaine prochaine sur les côtes de Ghaza, malgré les menaces explicites de l’entité sioniste qui promet d’empêcher par tous les moyens l’acheminement des vivres et médicaments.
Le militant Waïl Nawar, participant à l’opération, a confirmé que les navires ont pris le large après une courte escale en Crète. Leur objectif est clair : briser le siège maritime imposé depuis 18 ans à l’enclave palestinienne. La caravane transporte à son bord des parlementaires, des avocats, des ONG, ainsi que des personnalités militantes, dont l’activiste suédoise Greta Thunberg.Cette initiative inédite a déjà provoqué de fortes tensions diplomatiques en Méditerranée. Plus tôt dans la semaine, l’organisation de la caravane a affirmé avoir essuyé plusieurs attaques de drones, attribuées à l’armée israélienne. Douze explosions ont été recensées, sans faire de victimes, mais confirmant le climat de harcèlement.
Pressions européennes et divergences diplomatiques
Face à ces incidents, l’Italie et l’Espagne ont déployé des navires militaires afin d’assurer la sécurité de leurs ressortissants impliqués dans l’expédition. Rome a toutefois adressé une mise en garde sévère à ses citoyens, leur proposant même de se retirer à l’escale grecque. Elle a suggéré de décharger les cargaisons humanitaires à Chypre pour qu’elles soient redistribuées via l’Église catholique en Palestine occupée – une proposition rejetée par les organisateurs. Madrid, de son côté, a opté pour un soutien plus affirmé : la frégate Furor de la marine espagnole a appareillé avec des équipes médicales, des hélicoptères et des vivres, prête à intervenir en cas de crise humanitaire ou de sauvetage. Le Premier ministre Pedro Sánchez a confirmé, depuis New York, que l’Espagne « accompagnera et protégera » la mission sur le plan humanitaire.
L’ONU réclame une enquête indépendante
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a réagi fermement, condamnant les attaques contre la caravane et réclamant « une enquête indépendante, impartiale et approfondie ». Son porte-parole, Thameen Al-Kheetan, a rappelé que « les attaques et menaces visant ceux qui tentent de soutenir les centaines de milliers de personnes affamées à Ghaza défient l’entendement ». Les Nations unies soulignent que la population de l’enclave, 2,4 millions de personnes, vit dans des conditions catastrophiques : famine déclarée par les agences humanitaires, pénuries de médicaments et d’eau potable, effondrement du système sanitaire.
Mission humanitaire et geste politique
La caravane incarne plus qu’une opération d’acheminement d’aide. Elle est devenue un symbole politique majeur, exposant la fracture grandissante entre une société civile internationale mobilisée et des gouvernements occidentaux qui continuent d’accorder l’impunité à Tel-Aviv. Les organisateurs rappellent que deux tentatives similaires avaient déjà été empêchées en juin et juillet derniers par l’armée israélienne. C’est une mobilisation sans précédent qui prend la mer, la plus importante depuis le début du siège. Ses initiateurs veulent forcer la communauté internationale à choisir : rester spectatrice d’un blocus qualifié de criminel par les ONG, ou se dresser face à une politique de famine imposée à un peuple assiégé. Alors que les bateaux approchent des eaux internationales de Méditerranée orientale, les projecteurs sont désormais braqués sur les Nations unies. Les défenseurs des droits humains exigent que l’appel à une enquête indépendante se transforme en mesures contraignantes pour protéger à la fois les militants embarqués et les habitants de Ghaza, victimes d’un blocus devenu insoutenable.
M. S.