Ghaza, territoire exigu et assiégé, continue de vivre l’une des pires tragédies humanitaires de l’histoire contemporaine. En seulement 24 heures, 39 Palestiniens ont été martyrisés, parmi eux 21 personnes abattues alors qu’elles attendaient de recevoir de la nourriture près des « centres d’aide ».
Onze autres sont morts de faim, portant à 212 le nombre total de victimes de la famine depuis le début du siège, dont 98 enfants. Des chiffres glaçants qui ne sont pas de simples statistiques, mais la preuve d’un holocauste palestinien en cours, où la mort frappe aussi bien par la balle que par la faim.
Depuis le 7 octobre 2023, date du déclenchement de la guerre sioniste contre Ghaza, le bilan officiel est effroyable : 61 639 Palestiniens martyrs, 152 850 blessés et plus de 9 000 disparus probablement ensevelis sous les décombres. La majorité des victimes sont des enfants et des femmes, un fait qui démontre que les cibles de cette offensive ne sont pas les combattants, mais la population civile dans son ensemble. Les chiffres récents du ministère de la Santé de Ghaza mettent en lumière une stratégie de guerre assumée : utiliser la faim comme outil d’extermination. Rien qu’au cours des dernières 24 heures, 11 décès liés à la famine ont été enregistrés. Depuis le début du siège total imposé le 2 mars 2025, Israël a fermé hermétiquement tous les points de passage, empêchant l’entrée de la majorité des cargaisons alimentaires et médicales. Les Nations unies ont déjà averti que cette privation délibérée constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité. Les enfants sont les premières victimes. Selon l’UNRWA, le taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans a doublé entre mars et juin. L’Organisation mondiale de la Santé alerte : un enfant sur cinq dans la ville de Ghaza souffre désormais de malnutrition aiguë sévère, une condition qui peut entraîner la mort en quelques jours sans traitement. Cette famine n’est pas le fruit du hasard ou d’un manque de ressources global, mais le résultat d’une politique planifiée. Israël a non seulement fermé les frontières, mais il a aussi réduit au compte-gouttes le volume de nourriture entrant, tout en bombardant les zones agricoles, les boulangeries et les dépôts d’aide humanitaire.
21 tués et 341 blessés près de points de distribution alimentaire
Le massacre des demandeurs d’aide est devenu une scène récurrente. Rien qu’au cours de la dernière journée, 21 Palestiniens ont été tués et 341 blessés près de points de distribution alimentaire. Ces « morts de la faim » s’ajoutent à une longue liste qui s’élève désormais à 1 743 victimes depuis le début de cette politique, et plus de 12 590 blessés. Les attaques ciblent régulièrement les files d’attente devant les points de distribution. Samedi, huit personnes ont été tuées au centre et au sud de Ghaza alors qu’elles attendaient de recevoir de la nourriture. Plus au sud, à Khan Younès, une frappe aérienne israélienne a visé un appartement près de la cour de justice islamique, tuant une femme et blessant plusieurs autres civils. Même les largages aériens censés venir en aide à la population sont meurtriers. Le petit Muhannad Zakaria Eid, déjà quatrième enfant de ses parents à perdre la vie depuis le début de la guerre, a été tué lorsqu’un colis humanitaire largué depuis les airs est tombé sur lui dans le camp de Nuseirat. Le siège imposé à Ghaza est total : absence d’électricité, coupures d’eau, pénurie d’essence empêchant le fonctionnement des ambulances et des camions de secours. La Défense civile implore l’Organisation mondiale de la Santé de fournir d’urgence du carburant pour permettre aux véhicules de secours de fonctionner. Chaque minute perdue à cause de ce manque se traduit par de nouvelles morts évitables. Sur le terrain, les hôpitaux sont débordés, les médecins opèrent parfois sans anesthésie, et les blessés gisent dans les couloirs faute de lits disponibles. Le système de santé, déjà fragilisé par plus de 17 ans de blocus, est au bord de l’effondrement. Les hôpitaux encore fonctionnels manquent de tout : médicaments, équipements, personnel. Depuis le 7 octobre, l’armée israélienne a systématiquement ciblé les infrastructures vitales : hôpitaux, écoles, mosquées, réseaux d’eau et d’électricité. Les zones résidentielles sont rasées, les routes principales bombardées, empêchant tout mouvement de secours. Les frappes ne se limitent pas aux zones supposément « militaires » : elles visent les marchés, les camps de réfugiés, et même les zones désignées comme « sûres » par l’ONU. Les témoignages recueillis par les médias locaux et les ONG dressent un tableau accablant : des familles entières exterminées, des enfants cherchant désespérément à gratter le sol pour trouver quelque chose à manger, des mères réduites à faire bouillir des herbes sauvages pour nourrir leurs enfants. Malgré les alertes de la Cour internationale de Justice, les appels répétés de l’ONU et les manifestations dans de nombreuses capitales, Israël poursuit son offensive avec le soutien militaire, financier et diplomatique des États-Unis. Ce soutien, combiné au silence ou à l’inaction de nombreux pays européens, permet à l’occupant de continuer à violer impunément le droit international. Le plan israélo-américain de distribution d’aide via la soi-disant « Fondation humanitaire de Ghaza » illustre cette hypocrisie : présenté comme un geste humanitaire, ce dispositif contourne les agences de l’ONU et les ONG reconnues, tout en servant de prétexte pour contrôler la population et justifier la fermeture des autres voies d’accès.
Les chiffres du crime
Les statistiques officielles dressent un bilan insoutenable 61 639 morts depuis le 7 octobre 2023, dont la majorité sont des enfants et des femmes. 152 850 blessés, souvent mutilés à vie. Plus de 9 000 disparus, probablement ensevelis sous les ruines. 1 743 morts et plus de 12 590 blessés lors d’attaques contre des points de distribution d’aide. 212 morts de faim, dont 98 enfants.
Un enfant sur cinq souffrant de malnutrition aiguë sévère. Ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité, car de nombreuses victimes ne sont jamais comptabilisées, coincées sous les gravats ou décédées dans des zones inaccessibles aux secours. Ce qui se déroule à Ghaza ne peut plus être qualifié de « conflit » ou même de « guerre » : il s’agit d’une politique d’anéantissement systématique, un génocide qui combine massacres directs et privation des moyens de survie. Les méthodes employées — destruction des infrastructures civiles, famine organisée, attaques contre les civils — rappellent les pires pages de l’histoire, celles que le monde avait juré de ne jamais répéter. Et pourtant, le monde regarde. Les capitales occidentales se contentent de discours prudents ou de formules creuses de « profonde préoccupation », pendant que des enfants meurent le ventre vide et que des familles entières sont rayées de la carte. Chaque jour de retard dans une action internationale ferme et contraignante coûte des vies. Les couloirs humanitaires doivent être ouverts immédiatement, le siège levé, et les responsables de ces crimes traduits devant la justice internationale. Sans cela, l’holocauste palestinien continuera, et avec lui, la honte collective d’un monde qui a laissé faire. Aujourd’hui, à Ghaza, la mort ne vient pas seulement du ciel sous forme de bombes, elle se glisse dans les maisons à travers la faim, elle se cache dans l’eau contaminée, elle s’installe dans les files d’attente devant les camions d’aide humanitaire. Et tant que le monde se contentera de détourner le regard, cette tragédie se poursuivra, méthodiquement, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
M. Seghilani