Pour la dixième fois depuis le début de son agression en octobre 2023, l’entité sioniste a coupé l’accès à Internet et aux télécommunications dans la bande de Ghaza. Une opération de censure brutale qui coïncide, ce lundi, avec le martyre de 37 Palestiniens supplémentaires, portant un nouveau coup à une population déjà assiégée, affamée et meurtrie par près de neuf mois d’agressions ininterrompues.
Selon les autorités palestiniennes et des sources médicales locales, les forces d’occupation ont interrompu les réseaux de télécommunications et d’Internet dans les zones centrales et méridionales de Ghaza. Une décision qui, selon l’Autorité de régulation des télécommunications palestinienne, est liée à des « dommages graves et répétés infligés aux infrastructures de communication », dans un contexte de bombardements continus. Dans un communiqué, l’Autorité a exprimé sa préoccupation et affirmé suivre de près l’évolution technique de la situation avec les fournisseurs de services locaux. Elle a appelé à garantir la sécurité des équipes techniques sur le terrain afin de permettre des réparations urgentes dans une enclave où les connexions sont vitales pour les secours, les hôpitaux, les journalistes et les familles déchirées.Mais selon le bureau d’information gouvernemental à Ghaza, cette coupure n’a rien d’un simple incident technique. « Il s’agit d’un crime prémédité visant à cacher la vérité et à entraver le travail humanitaire et médical », indique le communiqué. Le blackout total empêche les blessés de demander de l’aide, isole les hôpitaux des réseaux d’urgence, et interdit aux journalistes de documenter les bombardements, les destructions et les massacres.
Un silence numérique
Depuis l’aube de ce lundi, les bombardements intensifs ont fait 37 morts, dont plusieurs femmes et enfants, selon les services de santé de Ghaza. Ce chiffre s’ajoute à un bilan humain déjà effroyable : 55 432 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023, date du déclenchement de l’offensive sioniste. Plus de 128 000 autres ont été blessés. Les secours sont débordés, incapables d’accéder à de nombreuses zones sinistrées, notamment en raison du manque de carburant pour les ambulances et de l’effondrement des infrastructures. La coupure des télécommunications — souvent synchronisée avec des offensives terrestres ou des frappes aériennes dans des quartiers densément peuplés — permet aux forces d’occupation d’agir à huis clos, loin des caméras et des regards internationaux. Selon plusieurs observateurs indépendants, cette stratégie vise à renforcer l’impunité de l’agresseur en supprimant les preuves de ses exactions.
Destruction des réseaux
Le blackout ne touche pas seulement l’information. Il paralyse la vie quotidienne : pas de communication avec les proches, pas d’alerte en cas de frappes, pas de possibilité de coordonner l’acheminement des aides humanitaires. Dans les zones les plus affectées, les civils vivent dans une obscurité numérique totale, ajoutée à l’obscurité physique provoquée par les coupures d’électricité. Le bureau d’information gouvernemental souligne que ces pratiques sont contraires au droit international humanitaire. « Empêcher les civils d’accéder aux secours ou de communiquer est un crime de guerre », rappelle-t-il, en accusant l’entité sioniste, mais aussi les États-Unis et les grandes puissances internationales, de complicité par leur silence.
Appels à la communauté internationale
Face à cette situation alarmante, les autorités palestiniennes appellent à une intervention urgente. Le gouvernement de Ghaza demande à l’ONU, à l’Union internationale des télécommunications (UIT) et aux organisations humanitaires de briser ce « blocus technologique » en exigeant le rétablissement permanent et sécurisé des services de télécommunications. Ces appels restent pourtant lettre morte, alors que la situation sur le terrain continue de se dégrader. Les hôpitaux, déjà débordés par l’afflux de blessés, manquent d’électricité, de carburant, de médicaments et de matériel chirurgical. Les services de santé sont à genoux.
Des morts sans sépulture, des blessés sans soins
Les chiffres du ministère de la Santé à Ghaza sont glaçants : 68 personnes sont mortes au cours des dernières 24 heures, dont deux seulement ont pu être extraites des décombres. Parmi les blessés, 182 nouveaux cas ont été enregistrés, dans un contexte où de nombreux sinistrés sont toujours ensevelis sous les gravats. L’absence de communication empêche souvent les équipes de secours de localiser les victimes à temps. Depuis la rupture du cessez-le-feu le 18 mars 2025, plus de 5 139 personnes ont été tuées et 16 882 blessées, selon les mêmes sources. Les frappes israéliennes ciblent délibérément les zones de distribution d’aide, ce qui a entraîné la mort de 338 civils tentant simplement de recevoir des vivres ou de l’eau. Parmi eux, 38 ont péri dans les dernières 24 heures.
L’alerte de l’UNRWA : « une famine orchestrée »
Dans un message poignant, le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a dénoncé la lenteur internationale et l’oubli médiatique : « Tandis que l’attention mondiale se détourne, les tragédies s’intensifient à Ghaza. Des dizaines de Palestiniens sont tués en tentant d’obtenir un simple repas. » Selon lui, les aides humanitaires sont volontairement bloquées à l’entrée de l’enclave, malgré la disponibilité de grandes quantités de vivres et de matériel. Le manque de carburant empêche même le pompage de l’eau potable et l’assainissement de base, ce qui entraîne une recrudescence des épidémies. « Ce cycle de massacres et de privations ne fera qu’alimenter davantage la violence, la haine et le désespoir », avertit Lazzarini. Il appelle à « une volonté politique immédiate, du courage, et de la responsabilité », précisant que les civils — et notamment les enfants — paient le prix fort d’une guerre déshumanisée. Alors que la bande de Ghaza subit l’une des pires catastrophes humanitaires du siècle, l’isolement numérique imposé par l’entité sioniste représente une arme supplémentaire dans cette guerre d’extermination.
En coupant les réseaux, on coupe aussi les liens, la mémoire, la résistance et l’espoir. Il ne s’agit pas seulement d’un effondrement technique. C’est un effacement méthodique des vies, des preuves et de la dignité d’un peuple. Ghaza saigne, meurt, et crie dans le silence pendant que les responsables détournent les yeux.
M. S.