Ce jeudi à Madrid, les ministres espagnol et marocain des affaires étrangères ont pris le malin plaisir d’agiter la fausse carte du « plan d’autonomie » pour le Sahara occidental, au mépris du peuple sahraoui et à rebours du droit international. Le Front Polisario est monté au créneau pour battre en brèche les thèses marocaines.
En effet, en visite à Madrid, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita s’est entretenu avec son homologue espagnol José Manuel Albares, affirmant, lors d’une conférence de presse, que les relations entre les deux pays « connaissent actuellement leur meilleure phase de tous les temps ». Concernant le Sahara occidental, Albares a réaffirmé devant son homologue marocain son soutien « au plan d’autonomie » comme « base la plus réaliste, sérieuse et crédible pour résoudre le différend ». Manœuvres insidieuse, Albares a glissé une phrase en faisant croire à qui voudrait l’entendre que cette « approche » tient compte « du droit international ». Ce qui est, bien entendu, un mensonge grotesque. On ne peut pas s’attendre à plus pire de la part de Madrid qui, depuis 2022, a remis en cause la position de neutralité consensuelle à l’Espagne dont la responsabilité historique, en tant que puissance administrante du territoire du Sahara occidental, doit le rester jusqu’à sa décolonisation en permettant au peuple sahraoui d’accéder à son droit incessible à l’autodétermination dans le cadre d’un référendum.
Face à l’attitude de fuite en avant de Madrid devant ses responsabilités historiques couplée au mépris et au cynisme du représentant diplomatique de la force occupante marocaine, le Front Polisario a dénoncé ce qui s’apparente à des manœuvres dilatoires. Ainsi, dans un communiqué rendu public jeudi, le bureau de représentation du Front Polisario en Espagne condamne « fermement les déclarations faites par le ministre espagnol des Affaires étrangères », jeudi dernier, à Madrid, lors d’une réunion avec son homologue marocain. « Au vu de ce qui précède et des déclarations réitérées à ce sujet, le soutien obstiné du gouvernement espagnol aux thèses marocaines au Sahara occidental contredit franchement la politique de promotion et de défense des droits de l’homme dont l’Espagne se vante dans le cadre de sa politique étrangère », dénonce le document du Front Polisario signé par son représentant en Espagne, Abdulah Arabi.
« Cette contradiction est patente, car toute proposition qui ne respecte pas le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple du Sahara occidental est contraire au droit international », rappelle le diplomate du Polisario, rappelant que « cette approche, qui est devenue plus évidente ces dernières années, est poursuivie au mépris total de la volonté du peuple espagnol, des forces politiques et des institutions, y compris la composition parlementaire, que le ministre doit respecter. » Sur la base de ces faits, conclut le communiqué du F.P. « nous affirmons que la seule solution capable de s’adapter aux complexités du contexte géopolitique actuel est celle qui reconnaît le Front Polisario comme seul représentant légitime du peuple sahraoui, permet de mettre fin à l’occupation marocaine du Sahara occidental, conformément au droit international, et garantit le droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui. »
Farid Guellil