Le football italien a une fois de plus été le théâtre d’une polémique mêlant sport et politique. Dimanche dernier, lors de la victoire en Serie B de la Juve Stabia contre Cesena (1-0), le défenseur Romano Floriani Mussolini a marqué l’unique but de la rencontre. Ce moment sportif a été éclipsé par des cris et saluts fascistes dans les tribunes, réveillant un lourd héritage historique.
Dimanche soir, dans le cadre de la Serie B, la Juve Stabia a affronté Cesena dans un match marqué par une victoire décisive (1-0). L’unique but de la rencontre a été inscrit par Romano Floriani Mussolini, arrière-petit-fils de Benito Mussolini, le fondateur du fascisme italien. Âgé de 21 ans, formé à la Lazio Rome, le défenseur prêté à la Juve Stabia a permis à son équipe de décrocher trois points précieux. Cependant, ce qui aurait dû être un moment de gloire sportive s’est rapidement transformé en une controverse nationale. Dans les tribunes, une partie des supporters de la Juve Stabia a crié « Mussolini, Mussolini » en accompagnant leurs chants de saluts fascistes. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent clairement ces gestes, déclenchant une vague d’indignation dans tout le pays.
La réponse des instances footballistiques
Face à ces événements, la Fédération italienne de football (FIGC) a immédiatement réagi. Une enquête a été ouverte pour analyser les faits. « Les employés du parquet fédéral transmettront un rapport détaillé, accompagné de documents vidéo, au juge sportif de la Serie B pour qu’il se prononce », ont annoncé les responsables de la Fédération. Ce dossier relance une question récurrente dans le football italien : comment éradiquer les manifestations d’extrémisme dans les stades ?
Ces incidents s’inscrivent dans un contexte plus large où certains groupes de supporters utilisent le football comme une plateforme pour exprimer des idéologies politiques ou raciales. Bien que des progrès aient été réalisés pour lutter contre le racisme et le hooliganisme, ces gestes montrent que le chemin est encore long.
L’héritage d’un nom
Pour Romano Floriani Mussolini, ce n’est pas la première fois que son nom attire l’attention. Arrière-petit-fils de Benito Mussolini, dictateur ayant dirigé l’Italie de 1922 à 1943, il porte un héritage historique particulièrement lourd. Dans une récente interview accordée à « La Gazzetta dello Sport », le jeune joueur avait pourtant tenté de dissocier sa carrière de cette filiation : « Ce qui compte, c’est ce que je fais sur le terrain. Il (Benito Mussolini) a été un personnage très important pour l’Italie, mais nous sommes en 2024, et le monde a changé. »
Malgré ses efforts pour se concentrer sur le football, son patronyme reste un point sensible dans un pays où le passé fasciste suscite encore de vives controverses.
La mère de Romano, Alessandra Mussolini, est également une figure publique. Ancienne députée italienne et européenne, elle est connue pour ses positions tranchées et son rôle actif en politique. Elle a souvent pris la défense de son fils face aux critiques, tout en reconnaissant la complexité de l’héritage familial.
Alessandra est la petite-fille de Benito Mussolini, un nom qui continue de diviser l’opinion publique italienne. Si certains voient en elle l’incarnation d’un passé à ne pas oublier, d’autres critiquent son rôle dans la perpétuation de ce souvenir controversé.
Un enjeu pour le football italien
L’affaire Romano Mussolini remet sur le devant de la scène les efforts de la FIGC pour éradiquer les comportements extrémistes des stades. Malgré des campagnes de sensibilisation et des sanctions renforcées, les tribunes restent parfois le théâtre d’incidents racistes, fascistes ou violents.
Pour les autorités du football italien, le défi est immense : comment préserver l’esprit sportif tout en confrontant les héritages historiques qui ressurgissent dans l’enceinte des stades ? Ce dernier incident prouve que le football ne peut être dissocié de la société et de son histoire, et que chaque geste ou parole peut porter une charge symbolique forte.
Le juge sportif de la Serie B devra bientôt statuer sur ces comportements. Mais au-delà des sanctions, cette affaire soulève une question plus profonde : comment le football peut-il contribuer à tourner la page d’un passé lourd tout en garantissant un espace respectueux et inclusif pour tous ?
Mohamed Amine Toumiat