Le marché mondial de la contrefaçon des médicaments « représente un montant de 30,5 milliards de dollars et concerne principalement les pays à revenu faible ou intermédiaire ». C’est ce qu’a déclaré, lundi dernier, Nabil Menasria, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie, lors du Colloque international qui s’est tenu, à Alger, sous le thème « la contrefaçon des médicaments : un fléau sanitaire et économique ». L’organisation onusienne estime que « 1 médicament sur 10 en circulation dans le monde est falsifié ». Dans les pays à faible revenu le rapport est de 1 médicament sur 4. Le trafic des médicaments falsifiés rapporte plus que le trafic de drogues. En général le trafic a lieu sur les sites Web. Cependant pour le représentant de l’OMS, « l’Algérie n’est pas encore touchée par le phénomène de la contrefaçon des médicaments ». Se voulant rassurant il ne manque toutefois pas de nous mettre en garde avec son sous-entendu « pas encore » qui veut dire que nous ne sommes pas à l’abri définitivement. Qu’il va falloir redoubler de vigilance et consolider les mécanismes et dispositifs qui barrent la route aux trafiquants. Ceci est confirmé par le représentant des Douanes algériennes, Arezki Hennad, sous-directeur de la lutte contre la fraude. Ce dernier a précisé que « le phénomène de la contrefaçon concernait en 2023, à hauteur de 50% les pièces de rechange et à 45% les produits cosmétiques, suivis par les articles de sport (3%) et les articles vestimentaires (2%) ». Les médicaments ne figurent pas sur notre liste. Et pour cause. Les Algériens n’achètent pas leurs médicaments en ligne pour la bonne raison que le système de remboursement médical est généralisé et de ce fait la prescription sur ordonnance est systématique. De plus, la progression de la production nationale des médicaments, qui couvre 70% de nos besoins, n’offre pas beaucoup d’opportunités aux trafiquants de médicaments. Ce qui est une performance remarquable lorsque l’on sait que l’Afrique, dans son ensemble, importe 95 % de ses besoins en médicaments. Ce qui se traduit, selon l’ONU, par « près de 500 000 personnes en Afrique subsaharienne qui meurent chaque année à cause de médicaments contrefaits ». Ce qui est énorme s’agissant d’une seule région d’Afrique. L’exemple de l’Ouganda est édifiant. Dans ce pays où le paludisme est l’une des principales causes de décès, « des chercheurs ont découvert que 19 % des 74 lots de traitement étaient des médicaments contrefaits ». Devant un tableau aussi sombre du trafic de médicaments dans notre continent, il y aurait de quoi pavoiser chez nous en Algérie avec zéro médicament contrefait. Cependant, l’avertissement du « pas encore » de l’OMS doit être pris au sérieux. Il y a par exemple l’automédication qui offre un terreau au marché informel du médicament. Ceci dit, nos producteurs de médicament dès qu’ils assurent la couverture du marché national et pensent à exporter leurs excédents, devraient s’orienter vers le marché africain. Très demandeur !
Zouhir Mebarki