Le remaniement ministériel, qui était dans l’air depuis quelques jours, a été opéré jeudi par le président Abdelmadjid Tebboune. Les changements effectués ont été annoncés jeudi vers 17h00 par le porte-parole de la présidence de la République, Samir Aggoune, qui a donné la liste du nouveau gouvernement. Sans surprise, le ministère des Affaires étrangères a changé de titulaire : Ahmed Attaf, considéré comme un diplomate chevronné par ses pairs algériens, prend la place de Ramtane Lamamra, dont tout le monde avait constaté l’absence durant ces derniers jours et qui passait pour démissionnaire, pour une raison encore inconnues. Les observateurs estiment qu’avec Ahmed Attaf, ce sera la continuité avec plus de pertinence. Ils font remarquer que sa nomination intervient après un mouvement qui a touché un nombre très important d’ambassadeurs et de consuls. Il a une parfaite connaissance des dossiers qui concernent la politique extérieure de l’Algérie. Ahmed Attaf a été ministre des Affaires étrangères de janvier 1996 à décembre 1999, c’est-à-dire à une période où l’Algérie était confrontée non seulement au terrorisme mais aussi au boycott par nombre de ses partenaires occidentaux et à leurs tentatives d’ingérence extérieure, à travers leurs commissions d’enquête, appuyées sur la thèse du « qui tue qui ? ». À l’époque, il avait fallu, à Ahmed Attaf, répéter bien des évidences pour convaincre ses partenaires occidentaux. Il avait eu également à gérer la situation de crise créée par le Maroc en 1994 qui a poussé l’Algérie à fermer ses frontières avec ce pays. Actuellement, c’est également l’espace aérien de l’Algérie qui est fermé à tous les aéronefs civils et militaires marocains ainsi qu’à ceux qui portent un numéro d’immatriculation marocain à cause de la poursuite des provocations et pratiques hostiles du côté marocain. Ahmed Attaf retrouve son poste de ministre des Affaires étrangères dans un contexte international transformé dans lequel l’Algérie a repris sa position d’acteur majeur.
UN DÉFI POUR TAYEB ZITOUNI
Le remaniement a touché un autre ministre, à la tête d’un département, celui du Commerce, très sensible dans l’opinion publique. Kamel Rezig, critiqué dernièrement, cède sa place à Tayeb Zitouni, qui a eu le temps de bien connaître ce secteur en étant à la tête de la SAFEX et en se familiarisant avec la dimension commerciale de la sphère économique, y compris concernant le volet exportations. Il a sans doute acquis ainsi de l’expérience tout au long des Salons locaux et internationaux qu’il a organisés ou auxquels il a participé, particulièrement sur le continent africain. Tayeb Zitouni arrive au ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, à la veille immédiate du mois de Ramadhan qui constitue, chaque année, une épreuve inévitable pour ce département ministériel, appelé à mobiliser toutes ses forces pour assurer la disponibilité des produits habituellement recherchés durant cette période et pour empêcher la spirale infernale des prix vers le haut. On sait que Tayeb Zitouni a passé trois mandats à la tête d’une Assemblée populaire communale (APC) et qu’il a donc une bonne maîtrise de la gestion locale. Sera-t-il en mesure de donner un sursaut à son ministère, qui est souvent pris pour cible par les acteurs de l’informel, pour créer des tensions sociales ?
LES AUTRES CHANGEMENTS
Le remaniement a concerné également le ministère des Finances, attribué à Laâziz Fayed, le ministère de la Jeunesse et des Sports, qui revient à Abderrahmane Hammad, le ministère de la Numérisation et des Statistiques, qui aura à sa tête Mme Meriem Benmiloud, le ministère de l’Hydraulique, qui sera dirigé par Taha Derbal, le ministère des Transports, à la tête duquel a été nommé Youcef Chorfa, précédemment ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, remplacé par Fayçal Bentaleb, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, attribué à Mokhtar Didouche, le ministère de l’Environnement et des Énergies renouvelables, à Mme Fazia Dahleb, et le ministère de la Pêche et des Productions halieutiques, à Ahmed Bidani. Le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique est créé et attribué à Ali Aoun.
M. R.