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DÉBAT À L’APN SUR LE PROJET DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT D’ARGENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME : Le marché informel de la devise en filigrane

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Les débats sur le projet de loi sur la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, présenté par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, devant les députés de l’Assemblée populaire nationale, se sont poursuivis, hier, en séance plénière. Le ministre devrait par la suite répondre aux questions des représentants du peuple à la chambre basse du Parlement.

Au cours de ces débats ; des députés ont demandé pour la énième fois la liquidation du marché parallèle de la devise notamment celui du Square Port-Saïd, une vraie plaque tournante pour l’échange informel de la devise à quelques encablûres de toutes les institutions étatiques censées protéger l’économie nationale de ces atteintes. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que des parlementaires réclament la « mise hors service » de ces marchés. On se rappelle des déclarations des députés appelant le Gouvernement à mettre fin à l’activité au marché noir des devises en fermant notamment le Square de Port-Said. L’un d’eux a qualifié ce marché de « bourse clandestine fonctionnant dans l’impunité au vu et au su des autorités ». Pour certains économistes l’ensemble des réformes annoncées par le Gouvernement ne peuvent être appliquées avant la fermeture de ce marché noir des devises. C’est dire la capacité de nuisance de cette pratique illicite sur l’économie nationale.

Assainir l’économie nationale
Cette problématique a été déjà soulevée par les autorités nationales. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision RT (Russia Today), en 2020, le président de la République Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé sur le fameux «Square». « Concernant les devises, j’ai promis d’assainir l’économie algérienne. Le Square a été utilisé pour l’évasion [fiscale] et le transfert illicite des devises et des sommes importantes non déclarées vers l’étranger. Il y a de nombreux pays qui s’en sont remis de ce fléau. Je sais que c’est dur de passer de notre situation actuelle, à savoir une économie qui était tenue par une minorité, vers une économie nationale permettant aux Algériens de vivre dignement. Je suis certain qu’on solutionnera ce fléau », avait alors expliqué le chef de l’Etat. « Je vous donne un exemple, les Algériens qui vivent à l’étranger désirent envoyer de l’argent vers leur pays. Laissons les ouvrir des comptes devises pour transférer leur argent légalement, sans abus ni dépassements. », a-t-il ajouté.
Du temps où il était ministre des Finances, l’actuel Premier ministre, Aymène Benabderrahmane, s’est dit favorable à l’éradication du marché parallèle de change qui n’en finit pas d’envahir l’économie nationale, faisant savoir que son secteur travaillait en coordination avec la Banque d’Algérie, les services des Douanes et le ministère du Commerce pour éliminer les marchés informels de la devise et pas seulement ceux de la capitale. L’ancien ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, avait également plaidé pour la nécessité de l’éradication du marché parallèle des devises pour minimiser les perturbations économiques.

Le Square Port-Saïd a la peau dure
Mais les cambistes du marché parallèle du Square ou d’ailleurs ne semblent pas inquiétés pour autant, du moins pour l’heure. Il faut dire que le marché parallèle de la devise ne date pas d’aujourd’hui dans le pays car il remonte jusqu’aux premières années suivant l’indépendance du pays. Les mesures de contrôle de changes instituées à partir du milieu des années 60 en raison de la faiblesse des moyens de paiement extérieurs et de la gestion administrative du taux de change de l’époque ont donné naissance au marché parallèle de la devise. Et depuis il a vécu « parallèlement » avec le marché officiel en évoluant en termes de volume et de prime (différence entre le taux de change officiel et taux de change parallèle). Selon des spécialistes, ce créneau fructueux pour les cambistes a connu une envolée spectaculaire depuis 2014 et s’est développé, et évolué loin du marché parallèle des premières années de l’indépendance ou de celui des années 1980 et 1990. Et il contribue à la baisse des recettes fiscales et douanières, perturbe la formation des prix, accentue les pressions inflationnistes et affaiblit les canaux de transmission de la politique monétaire, selon des analystes.
Le projet présenté par le premier responsable du département de la justice vise à renforcer les mécanismes de protection de l’économie nationale et le système financier et bancaire contre cette dangereuse forme de criminalité.
Une démarche qui s’inscrit dans le cadre des efforts des autorités du pays pour contrôler les flux monétaires circulant en dehors des circuits officiels et protéger, par la même, l’économie nationale de ces pratiques. Il est vrai qu’aucune politique économique quelle que soit sa perfection combien même « confectionnée » par d’éminents économistes ne peut faire décoller l’économie nationale ou même la faire protéger dans un climat ou le « parallèle » détient les rênes.
Brahim Oubellil

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