La Foire de la production algérienne est l’un des événements économiques nationaux les plus importants, une manifestation qui s’est remarquablement développée au fil des ans, offrant aux différents opérateurs économiques algériens l’opportunité de promouvoir leurs produits et de conclure des partenariats.
L’occasion aussi pour les médias de passer en revue les dernières évolutions de la production « Made in Algeria ». Et le moins que l’on puisse dire est que l’édition de cette année connaît une nombreuse affluence. En effet, outre les professionnels, nombreuses sont les familles ayant parcouru des kilomètres pour rejoindre la capitale et venir assister aux nouveautés algériennes. Côté exposants, ceux-ci affirment que le produit local retrouve et reprend peu à peu sa place dans le marché national, après des années de vaches maigres. En marge de notre visite, nous sommes allés à la rencontre de certains d’entre eux. Voici leurs témoignages.
RYAD KOUACI – GÉRANT SOCIÉTÉ BOIKO – ZIN’EDDAR
« Nous ambitionnons d’exporter vers le Canada, mais… »
Située à Blida « Zin’Eddar » est une entreprise familiale. « Nous sommes spécialisés dans le meuble de salon, dans les styles moderne et traditionnel, et le meuble de chambre. Nous avons de nouveaux produits, de nouvelles couleurs, et même de nouvelles décorations et accessoires. A travers ce salon, nous envisageons de relancer le business, parce que l’année 2022 a été assez chaotique, même si en réalité, les affaires ne marchent pas bien depuis 2017, avec la crise du bois. Il y a eu ensuite la crise politique et la pandémie, ça s’est enchaîné. C’est une chance qu’on soit encore là », nous dira d’emblée l’exposant. « Cette foire nous permet de créer des contacts avec des revendeurs et de prendre des commandes et livrer à des particuliers. Nous offrons des prix promotionnels, des offres spéciales salon et spéciale fin d’année », a ajouté Mr. Kouaci, tout en admettant que « pour un premier jour, c’est correct, il y a du monde ». Non sans faire part d’une certaine amertume, quant aux contraintes du métier, notamment durant les dernières années, Kouaci dira entre autres : « On a failli disparaître, malgré qu’on soit très connus. On n’a bénéficié d’aucune aide durant ces années difficiles. On voulait faire de l’export, en Europe et au Canada, mais quand on n’a pas une certaine stabilité sur le plan national, on ne peut pas faire grand-chose. Concrètement, on a été à la foire internationale de Marseille, au Gabon, j’ai même mon oncle au Canada qui veut ouvrir une franchise, afin d’exporter nos produits pour la communauté maghrébine de là-bas. Mais à cause des problèmes qu’on a en interne, on n’a pas pu s’orienter vers l’international. Il y a une instabilité, une crise du pouvoir d’achat, il n’y a pas de foncier, c’est bloqué depuis plusieurs années ».
« Faible demande et flambée des prix des matières premières »
Concernant les opportunités qui s’offrent actuellement aux fabricants de meubles, notamment après l’octroi de logements aux citoyens, le natif de Blida nous dira que cela n’est pas une fin en soi. « C’est vrai qu’il y a beaucoup de logements qui ont été livrés, mais les gens n’ont plus d’argent. Et en plus, la plupart refont des travaux, parce que les appartements ont été mal faits. Au lieu d’acheter des meubles et de l’électroménager, ils seront obligés de dépenser jusqu’à quarante millions, et c’est dommage », souligne-t-il. Autres contraintes, la cherté des matières premières et la faible demande, comme pour justifier des prix parfois élevés. « Les matières premières ont explosé. Le bois, le MDF, la peinture, la quincaillerie, la mousse, le verre, tout a augmenté de manière exponentielle. C’est incroyable. Ce qui fait qu’on est obligé d’augmenter nos prix. Il y a une faible demande. Nous n’avons reçu aucune aide, et ce stand, mine de rien, nous a coûté huit cent mille dinars. Cinq cent mille dinars de location, plus l’aménagement, pour une durée de douze jours. Alors qu’on ne nous a même pas rendu visite. On aurait pu quand même nous honorer, nous encourager. En tous les cas, on espère beaucoup de ce salon ».
MOKHTARI ILYES – DIRECTEUR COMMERCIAL DU GROUPE CERAM DECOR
« Nous exportons vers 20 pays »
Du côté de la céramique, nous avons rencontré le jeune Mokhtari Lyes, avec qui le discours était quelque peu différent. Ce dernier, qui nous a dressé un bilan assez positif quant à la productivité de l’entreprise Ceram Decor, nous dira : « Pour une première journée, le public est assez nombreux et on voit que les gens sont intéressés. A notre niveau, ça commence à bouger depuis environ six mois. On a démarré notre boîte en 2014, ensuite, on a fait des extensions et avons créé d’autres entreprises, comme Elva Seram, et prochainement en 2023, on va lancer la société Sani Decor. Une production cent pour cent algérienne spécialisée dans le sanitaire. D’après notre vision, on pense qu’on pourra concurrencer les produits que nous avons l’habitude d’importer, comme les produits qu’on ramène d’Inde », a déclaré le jeune directeur commercial. Concernant l’exportation, Mr. Ilyes nous fera part d’un marché de grande envergure à l’international, alors que l’entreprise exporte vers pas moins de vingt pays. « Actuellement, nous exportons vers vingt pays, comme au Canada, au Costa-Rica, au Niger, en Libye, au Bahreïn, dans les pays scandinaves. Ce qui facilite cette exportation, c’est le soutien des autorités. Nous admettons que même au niveau des douanes, nous ne rencontrons aucun problème à exporter nos produits vers l’étranger. Au niveau national, nous sommes présents dans plusieurs salons comme celui de BATIMATEC », conclut l’intervenant.
OUSSAMA BOURAS – MANAGER MARKETING CHEZ TAPIDOR
« Nous sommes présents dans les cinquante-huit wilayas »
En compagnie d’Oussama Bouras, représentant au niveau du stand du fabricant national TAPIDOR, le discours fût également encourageant. Dans son témoignage, le jeune manager nous a expliqué que l’entreprise était en développement continu, avec de nouveaux produits. « On n’a jamais raté ce genre de rendez-vous. C’est beaucoup plus pour promouvoir l’image de Tapidor. On est là uniquement pour l’exposition et pour d’éventuels partenariats, mais pas pour la vente. Nous sommes une entreprise algérienne qui existe depuis 1983, et sommes toujours en phase de développement. Nous avons toujours des nouveautés à proposer. C’est vrai que nous sommes beaucoup plus connus par le tissage, mais on suit constamment les nouvelles tendances du marché, afin de présenter un produit de qualité. On a élargi nos activités et on fabrique maintenant même la moquette imprimée, le gazon synthétique avec un nouveau savoir-faire. Récemment on s’est lancé dans la fabrication du fil. Nous exportons vers l’Afrique et les pays arabes, comme la Mauritanie, le Sénégal, la Libye, vers la Tunisie et l’Arabie saoudite, et en Europe, comme la France et l’Espagne. Aussi, nous avons neuf distributeurs agréés pour la distribution au niveau des cinquante-huit wilayas. Nous contribuons de la sorte dans la diminution de la facture d’importation », nous a expliqué l’exposant.
LOUENAS EL MOHAB – CHEF DE SERVICE PROSPECTION ET MARCHÉS CHEZ SONARIC
« SONARIC est actuellement sur un grand marché avec la Mauritanie »
Sous le slogan, « Une qualité qui assure votre sécurité », l’entreprise publique SONARIC est présente à Alger, à Boumerdes, à Chlef, à Béjaïa et à Mila. Cette entreprise publique est spécialisée dans la production d’appareils de chauffage, de climatisation, de cuisson et de chauffe bain. Comme nous l’explique le représentant de la marque au niveau du stand dédié à la société nationale. « L’entreprise détient des fiches d’homologation pour l’ensemble de ses produits, délivrées par ENACT, l’Entreprise nationale d’agréage et de contrôle technique. SONARIC fait l’accompagnement de tous ses produits par une qualité de service ayant pour unique objectif la satisfaction du client. Un service après-vente présent dans les différentes régions du pays pour la prise en charge de la réparation dans le cadre de la garantie, jusqu’à 36 mois, de nos produits. Nos produits sont robustes et fiables, grâce à leurs composants de qualité supérieure. Ils sont dotés de différentes options de sécurité, nous disposons de deux unités de production et fabriquons même les chauffages solaires. Nous avons des marchés en Afrique, nous sommes actuellement sur un grand marché avec la Mauritanie », s’est vanté le chef de prospection de cette entreprise étatique florissante.
Propos recueillis par Hamid Si Ahmed