Lors de sa visite au pavillon des industries pétrolières du Groupe Sonatrach, à la Foire de la production algérienne (FPA-2022), mardi, le président Abdelmadjid Tebboune a fait connaître le cap fixé par l’Algérie dans le domaine du gaz : atteindre en 2023, c’est-à-dire l’an prochain, une production de 100 milliards de m3 de gaz destinée exclusivement à l’exportation.
«Nous produisons actuellement près de 102 milliards de m3 de gaz, dont la moitié est consommée localement», a-t-il rappelé. La veille, à Bruxelles, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, cité par l’agence chinoise Xinhua French, faisait savoir que l’Union européenne (UE) pourrait faire face à une pénurie de près de 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel en 2023. « Le potentiel écart entre l’offre et la demande de l’UE pourrait atteindre 27 milliards de mètres cubes en 2023 », selon le rapport intitulé « Comment éviter les pénuries de gaz dans l’Union européenne en 2023 » qu’il a présenté. Ce gaz manquant représenterait 7,6% de la demande de base totale de l’UE en gaz naturel, qui est estimée à 395 milliards de mètres cubes pour l’année prochaine, d’après l’AIE. Il a averti que l’approvisionnement russe pourrait encore se réduire et l’approvisionnement mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) devrait être difficile du fait d’un rebond de l’économie chinoise, augmentant la concurrence avec l’Europe pour acheter le GNL disponible dans le monde. En France, d’après la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Emmanuelle Wargon, les stocks de gaz seront totalement épuisés à la fin de l’hiver; des questions se posent pour l’hiver 2023-2024. Les rigueurs de l’’hiver ont montré les limites de la capacité des pays de l’UE à répondre à leurs besoins énergétiques en se passant du gaz russe. Dans ce contexte, l’Algérie compte bien exploiter et capitaliser ses atouts dans le secteur énergétique. Selon le Président-directeur général de Sonatrach, Toufik Hakkar, les exportations de gaz algérien vers l’Italie ont atteint un niveau record: près de 27 milliards de m3 de gaz/an. Vers ce pays, durant le mois de décembre, les exportations ont avoisiné les 97 millions de m3/jour, « un chiffre que nous n’avons pas enregistré depuis 2011», a-t-il fait savoir. En plus de l’Italie, l’Allemagne aussi pourrait recevoir du gaz algérien. Le président Tebboune a indiqué que l’Algérie n’était pas opposée au fait que l’Italie devienne un hub pour la distribution du gaz (algérien) vers d’autres pays, dont l’Allemagne. Le Président Tebboune a réaffirmé que l’Algérie était un partenaire énergétique « très fiable » pour l’Europe, saluant notamment le partenariat entre l’Algérie et l’Italie. Pour maintenir sa fiabilité sur le marché gazier, le Groupe Sonatrach déploie d’intenses efforts. Il y a deux mois, Sonatrach a annoncé la mise en production de deux champs gaziers dans le bassin de Berkine (wilaya de Ouargla), dans le cadre d’un contrat avec l’entreprise italienne « Eni ». Cette nouvelle réalisation permet d’atteindre une production journalière de 1 million de mètre cubes de gaz et
4 000 barils de liquides associés, et il est prévu que cette capacité de production soit augmentée à hauteur de 2 millions de mètres cubes à la fin de cette année. Selon Sonatrach, ces quantités supplémentaires, additionnées aux quantités produites par les deux champs de Berkine-Nord, entrés en production en juillet 2022, augmentent les volumes de gaz produits par l’association Sonatrach-Eni et participent à l’accroissement des exportations de gaz algérien destinées au marché européen. Par ailleurs, le Groupe Sonatrach va intensifier ses investissements en matière de production du GNL sans carbone durant les prochaines années. Il s’agit, pour Sonatrach, de produire du gaz répondant à des normes environnementales précises en vue de préserver ses parts de marché et sa réputation. Selon Toufik Hakkar, certains pays posent désormais des conditions environnementales sur les achats, d’où la nécessité de s’orienter vers le GNL sans carbone.
M’hamed Rebah