Ce sont les médias français qui l’ont annoncé hier, se référant à un communiqué d’Engie qui indique que le groupe gazier russe, Gazprom, l’a informé d’une réduction des livraisons de gaz à compter d’hier, en raison d’un désaccord entre les parties sur l’application de certains contrats. Engie a précisé que les livraisons de gaz de « Gazprom » à l’entreprise française avaient diminué en juillet dernier et s’élevaient à 1,5 TWh par mois. Pour le journal « Figaro », citant la même source, il s’agit, en fait, d’un arrêt de l’approvisionnement en gaz. « Gazprom » avait informé, plus tôt, que le pompage de gaz naturel vers l’Allemagne à travers le pipeline « North Stream-1″ s’arrêtera pendant trois jours, du 31 août au 2 septembre, en raison de maintenance. Hier, la France se préparait à l’éventualité d’une interruption totale des approvisionnements russes. Les dirigeants français multiplient les déclarations d’alerte et les appels à la réduction de la consommation. «Nous devons nous préparer au pire, à une interruption totale des livraisons», avertit Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, sur la radio française France Inter. La veille, lundi, la Première ministre Elisabeth Borne a fait un discours de rentrée marqué par le pessimisme à l’adresse du patronat français qu’elle a exhorté à mettre en place des mesures pour réduire la consommation d’énergie des entreprises si elles ne veulent pas risquer un «rationnement», car elles seraient les premières touchées si l’énergie venait à manquer durant l’hiver prochain, a-t-elle prévenu. Elle exige des entreprises un plan de sobriété dès septembre, sinon « nous serons amenés à imposer des baisses de consommation», a-t-elle fait savoir au patronat.
Pour Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chacun doit comprendre «qu’il sera nécessaire de réduire sa consommation d’énergie chez soi, dans les transports, dans les entreprises, dans les administrations et dans les commerces ». Son leitmotiv, c’est « réduire la consommation d’énergie ». Il en visage le pire: « Et puis il faut préparer le scénario où nous aurions un hiver particulièrement dur, du gaz moins disponible. Nous allons organiser le rationnement de l’énergie avec les entreprises ». Et, plus rassurant: « Mais ça doit être la dernière option » car, explique-t-il, « il ne faut pas ajouter une crise économique à une crise énergétique ». Le ministre français de l’Économie revient sur le fait qu’il faille « trouver d’autres sources d’approvisionnement » en remplacement du gaz russe. Le porte-parole du gouvernement français, Olivier Véran, a mis en garde, sur Franceinfo, qu’il ne fallait pas trop compter sur les stocks de gaz français pour l’hiver prochain qui ont atteint 90 % de leur capacité, il n’est pas sûr, dit-il, que la France aurait «suffisamment de gaz pour passer l’hiver si les Russes le coupaient et si on en consommait beaucoup ». La situation est jugée grave par les autorités françaises. Un Conseil de défense consacré à l’approvisionnement en gaz et en électricité du pays aura lieu vendredi sous l’égide du président français Emmanuel Macron. Pourtant, selon les médias français, Engie a déclaré avoir trouvé des solutions de rechange pour continuer à fournir du gaz à ses clients. Les mêmes sources rappellent que le groupe Engie est en discussion avec Sonatrach pour relancer les livraisons de gaz par le biais de contrats à moyen terme, suite à la visite d’Emmanuel Macron en Algérie. Côté algérien, il n’y a rien d’officiel, concernant cette information. Durant la visite du président Macron en Algérie, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a effectivement reçu, à Alger, la directrice générale du groupe français Engie, Catherine MacGregor, en présence du PDG du groupe Sonatarach, Toufik Hakkar, mais c’était pour passer «en revue l’état des relations de coopération et de partenariat entre les deux Groupes Sonatrach et Engie et les perspectives futures d’investissement dans des projets structurants en Algérie dans le domaine énergétique notamment les hydrocarbures, l’électricité et les énergies renouvelables».
M’hamed Rebah