L’acte signe peut-être une nouvelle page d’apaisement qui s’ouvrirait aux relations entre les deux pays. Le représentant diplomatique de l’Algérie en France, reprend ses fonctions après des engagements de Paris quant à l’impérieuse nécessité de respecter la souveraineté de notre pays. En effet, le rappel suivi du maintien de l’ambassadeur Mohamed Antar Daoud à Alger depuis le 2 octobre 2021, a dû pousser Paris à réfléchir à deux fois avant de faire le premier pas. Aucun faux pas ne semble permis désormais du côté d’Alger à l’égard de l’ancienne puissance coloniale.
Ainsi, reçu hier en audience par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, reprendra ses fonctions à Paris à partir d’aujourd’hui. Le représentant diplomatique national rejoint donc ses fonctions au bout d’un peu plus de trois mois marqués par des tensions entre Alger et Paris. Derrière les remous, des propos des plus controversés proférés par le président Emmanuel Macron qui, lors d’une rencontre fin septembre à l’Elysée, a tenu des déclarations peu amènes, lorsqu’elles n’ont pas porté atteinte à la souveraineté de l’Algérie. « Le résident de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu mercredi l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, qui reprendra ses fonctions à Paris à partir de ce jeudi 06 janvier 2022 », indique ce communiqué laconique qui en dit long sur des mois de crise diplomatique entre Alger et Paris mais que des événements antécédents ont fait que les choses en étaient arrivées là.
Exit l’épisode de restriction sur les visas imposée unilatéralement par la France aux Algériens courant de septembre dernier, le 30 de ce même mois, Emmanuel Macron,lors d’une rencontre avec des jeunes issus de l’immigration a qualifié le « régime algérien de politico-militaire » qui « se nourrit de la rente mémorielle ». Pis, le locataire de l’Elysée a poussé le bouchon trop loin en posant des doutes sur « l’existence de la Nation algérienne avant la colonisation française » en juillet 1830.
Ces propos portant gravement atteintes à la souveraineté de l’Algérie ont suscité illico presto la réaction des hautes autorités algériennes. La présidence de la République, par le biais de la chefferie diplomatique nationale, a immédiatement rappelé l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour, non seulement consultation, mais aussi pour protester énergiquement contre les propos de celui qui représente au plus haut niveau la France officielle. Tout en dénonçant une atteinte à la souveraineté du pays, Alger avait passé à l’acte en procédant à l’interdit aux avions militaires français, en partance de et vers le Mali, de survoler l’espace aérien algérien. Depuis lors, le président Tebboune, à travers ses sorties médiatiques, n’a cessé de rappeler que l’Algérie, jalouse et fière de sa souveraineté, ne permettra à quiconque de porter atteinte à ses institutions et à son peuple.
La colère de l’Algérie est exprimée au plus haut niveau de la responsabilité de l’Etat que le président Tebboune, invité par son homologue français pour participer à la conférence de Paris sur la Libye, tenue le 12 novembre, avait décliné et s’est fait représenter par la personne du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.
Début novembre, dans les colonnes de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel Tebboune, interrogé sur les tensions avec Paris, a affirmé « qu’il ne ferait pas le premier pas » pour dégeler les relations algéro-françaises. Peu après, il avait même haussé le ton contre la France officielle qu’il somme d’ « oublier que l’Algérie a été une colonie française ».
Trois jours plus tard, un conseiller à l’Elysée avait affirmé que Macron « regrettait les polémiques et les malentendus » avec l’Algérie. Autrement, les autorités françaises ont, depuis lors, multiplié des gestes « d’apaisement » avec l’Algérie, dans la foulée de cette crise inédite entre les deux pays. Chemin faisant, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a effectué, le 8 décembre dernier, une visite à Alger au cours de laquelle il a été reçu dans une ambiance morne par son homologue algérien et le président Tebboune. « Je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d’une relation apaisée », avait déclaré, entre autre, le chef de la diplomatie française depuis Alger.
Farid Guellil
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