Le discours officiel sur les microentreprises insiste sur l’accompagnement réel de l’État accordé aux jeunes qui se lancent dans ce créneau, contrairement à l’impression d’abandon que leurs prédécesseurs, également jeunes, ressentaient il y a quelques années quand ils étaient confrontés au diktat des fournisseurs, des distributeurs et autres propriétaires des locaux loués pour leurs activités.
Maintenant, à titre d’exemple, en cas de conflit entre le jeune entrepreneur et un fournisseur, l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE) intervient. C’est ce qu’a indiqué, hier, Nassim Diafat, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Microentreprise, sur les ondes de la chaîne 1 de la Radio algérienne.
Il y a eu, par le passé, le cas d’un jeune qui avait un commerce de location de voitures et qui s’était heurté au refus d’un concessionnaire de lui livrer le véhicule qu’il avait acheté et payé à l’avance. Le concessionnaire, certainement fort d’appuis solides, a préféré remettre le véhicule à quelqu’un d’autre. Que pouvait faire ce jeune? Rien, sinon prendre son mal en patience et attendre le jour où le concessionnaire daignerait bien satisfaire sa commande. En fait, dans nombre de situations, les jeunes qui avaient bénéficié du soutien de l’ex-ANSEJ, se sont vus entourés d’une faune de rapaces (propriétaires de locaux, fournisseurs, distributeurs) qui les ont exploités et privés de toute possibilité de réussir et de progresser. Le message délivré par Nassim Diafat donne l’espoir que les jeunes entrepreneurs ne pâtiront plus d’un tel environnement d’affaires exploiteur. La microentreprise est prise au sérieux. Sa place dans l’économie nationale n’est pas sous-estimée. D’après le ministre, « les réformes qui ont touché le cadre juridique ont supprimé tous les obstacles qui avaient précédemment empêché la création de microentreprises ». Résultat: il y a une augmentation impressionnante du nombre de demandes de création de telles entreprises qui ont dépassé les 59 000 au cours de la période de juillet 2020 à la fin 2021, a indiqué le ministre. En outre, a-t-il ajouté, 25 000 jeunes ont été formés dans le domaine de la gestion de ces entreprises.
Autres chiffres révélés par Nassim Diafat : le nombre de financements destinés aux microentreprises au cours des années 2020 et 2021, dans le cadre de l’ANADE, s’est élevé à 10 000, ce qui a permis de créer 24 000 emplois. Pour le ministre, le défi pour 2022 est de savoir créer des micro-entreprises adaptées aux exigences du marché national. Le ministère dispose d’une carte des activités à l’échelle des 58 wilayas, en particulier au niveau des zones d’ombre, ce qui permet d’orienter les jeunes qui souhaitent créer des ME sur certaines activités, a précisé Nassim Diafat qui encourage les jeunes à constituer des coopératives ou des petits groupements pour mutualiser leurs moyens. À propos des microentreprises en difficulté, la situation n’est pas catastrophique mais des solutions doivent être trouvées, estime le ministre. Il confirme qu’il n’est pas question d’annuler les dettes : il y aura, certes, des exceptions après les avoir étudiés cas par cas. La formule trouvée: le Fonds de Garantie des Crédits à la PME (FGAR) rachète les dettes auprès des banques et établit un échéancier, à l’aise, pour leur remboursement par les microentreprises endettées. Le ministre a rappelé que les poursuites judiciaires contre les jeunes endettés sont exclues. Il a noté avec étonnement que malgré la directive donnée dans ce sens par le président Tebboune, il y a eu 178 poursuites judiciaires dans une wilaya juste avant les élections locales. Une plate forme numérique a été mise en place pour permettre l’étude des dossiers des microentreprises en difficulté et trouver des solutions appropriées à leur situation. Le ministre a fait savoir qu’il est à l’écoute des jeunes entrepreneurs pour la recherche de solutions aux problèmes posés dans leurs activités.
M’hamed Rebah