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ILS CONTESTENT LA LISTE DES BÉNÉFICIAIRES DE LOGEMENTS SOCIAUX : Des citoyens bloquent la route à Hussein-Dey

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Des dizaines de citoyens, mécontents de leur exclusion de la liste du site « 120 logements sociaux à Hussein-Dey » (Est d’Alger), ont fermé hier matin la route menant au siège de la daïra d’Hussein-Dey.

Les manifestants ont bloqué les voies d’accès à ce bâtiment administratif à l’aide de pneus brûlés entraînant des embouteillages dans la circulation, mais les forces de l’ordre les ont dispersés aux environs de 10 heures et libéré la route, avons-nous constaté sur place. Près d’une vingtaine de manifestants ont été interpellés par les forces de police et emmenés au commissariat de la même circonscription, selon plusieurs témoignages des protestataires. Mais les manifestants, parmi eux des femmes et des personnes âgées et aussi des jeunes en situation de précarité, se sont ensuite rassemblés devant le siège de la daïra d’Hussein Dey pour exprimer leur frustration face à leur « marginalisation » et « exclusion préméditée » de la liste de 120 logements affichée le matin de la même journée par l’APC. Ils ont réclamé le départ du wali délégué de la circonscription d’Hussein Dey, Delfi Yazid, qu’ils accusent de « corruption » et d’avoir « ajouté des noms issus en dehors d’Hussein Dey et ne répondant pas aux critères de priorité et conditions pour bénéficier d’un logement social ». A. Z., un des protestataires, a affirmé que depuis son arrivée, le wali délégué de la circonscription d’Hussein Dey refuse toujours de les recevoir et écouter malgré les multiples écrits, recours et doléances. « Nous demandons à ce que les autorités interviennent et revoient cette liste. Il y a environ 60 bénéficiaires intrus et illégitimes. Le wali délégué a donné des logements à des gens qui sont venus récemment et installé des baraques sur les surfaces et terrasses de bâtiments, et a négligé les enfants d’Hussein Dey », peste-t-il.
« Ceux qui viennent nouveaux ici et installent des baraques de fortune bénéficient d’un logement social, alors que les enfants du quartier, qui exhibent habiter dans des pièces exiguës avec parents et familles, pour garder leur dignité en attendant des années durant un logement, n’ont rien », nous affirme un autre, assis à côté de lui. Les protestataires, qui démontrent tous leurs documents et les multiples recours qu’ils ont introduits, soulignent que malgré leur précarité et conditions sociales, ils se trouvent livrés à eux-mêmes, en voyant les autres débarqués hier, bénéficier vite de relogements. K. S., un homme à l’âge de départ à la retraite, quinquagénaire, célibataire, a dit qu’il attend son logement social depuis 40 ans. « Je n’ai pas de travail, ni de revenus ou de soutien familial, car j’ai vécu orphelin. Je vis dans la rue et me nourrit des aides de bienfaisance des habitants. Récemment, on m’a privé même de ma pension d’invalide de 6 000 DA. J’ai une carte d’invalide pour incapacité de ma main et du pied. Quand j’ai été voir les services sociaux, ils ont refusé de me payer ma pension », se plaint-t-il. C’est le même calvaire vécu aussi par Y. S., personne âgée, fils de chahid, qui nous a montré les dossiers qu’il avait introduit et les recours dont le premier remonte à 1997. Aujourd’hui, il vit toujours dans un logement vétuste et exigu, alors que ses enfants ont tous grandi, dont l’aîné à 40 ans et qui espère au plus vite trouver un logement pour se marier. Face au sentiment d’oubli et de marginalisation, certains protestataires n’écartent pas le durcissement de leur action. À 12H, les manifestants sont toujours dans la rue, devant le siège de la daïra d’Hussein Dey, alors que les policiers empêchent tout citoyen tentant d’entrer sans motif urgent. « Je n’ai pas peur et je ne suis pas un criminel. Je revendique seulement mon droit. On n’est pas des hors – la loi. Nous sommes les dignes enfants d’Hussein Dey et nous ne nous tairons pas », crie un manifestant, qui ne digère pas le fait que les médias ne sont pas venus couvrir la protestation. A. N., un jeune de 34 ans, nous a indiqué qu’il compte, en compagnie d’autres manifestants, familles et enfants, observer une grève de faim, la nuit, devant le siège de la daïra. « Avant je louais chez un particulier, mais depuis que j’ai perdu mon travail, le locataire m’a mis moi et ma famille dans la rue. Le soir, je ramènerai ma femme enceinte et mes deux petites filles, et dormirons ici. On observera une grève de la faim », raconte-il. Excité et bouillant de colère, il  nous relatera des histoires toutes effarantes que tristes sur la misère des demandeurs de logement social. «Vous voyez la femme là-bas [pointant du doigt une vieille femme parmi les protestataires], son fils a tenté hier de s’immoler en apprenant que son nom ne figure pas parmi les bénéficiaires. Je cite aussi l’histoire d’un jeune homme qui, il y a une semaine, faute d’un logement décent et un travail, a dû prendre le large, partir en harga laissant dernière lui une femme et un bébé nourrisson. Il était abattu, complètement désespéré. Il subissait une pression insoutenable ».
Hamid Mecheri

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