Depuis la pétition signée, mi-septembre dernier, par 100 dirigeants du parti islamiste Ennahda, de Rached Ghannouchi, appelant ce dernier à ne pas se présenter pour un troisième mandat à la présidence du parti, rien ne va au sein du mouvement politique de celui qui préside le Parlement tunisien.
Depuis l’initiative des pétitionnaires, de hauts responsables du parti Ennahda, le refus de voir Rachid Ghannouchi, conduire pour un troisième mandat cette formation politique s’amplifie et prend de plus en plus d’ampleur, non seulement les rangs du parti, mais aussi parmi les députés. Affichant sa volonté de vouloir se maintenir coûte que coûte et rempiler pour un troisième mandat successif, la présidence du parti, malgré l’interdiction de son règlement intérieur, Rachid Ghannouchi alimente la contestation contre sa candidature, avec l’annonce de députés de son parti « de démissionner en bloc en cas d’entêtement » du patron d’Ennahda. Ils sont au nombre de 26 qui ont signé, la pétition précitée, alors qu’ils étaient, auparavant 13 députés signataires, une hausse qui ne laisse certainement pas indifférents le Cheikh d’Ennahda, qui voit son bloc parlementaire réduit à près de la moitié de l’effectif du bloc du parti, à l’assemblée des représentants du peuple. Alors que dans sa vie politique antérieur à celle qui s’affiche au grand jour, depuis ces dernières semaines, le parti islamiste a toujours su gérer et cacher ses divergences internes, loin de la place publique et des médias, ces derniers temps le parti lave son linge sale en public, et les citoyens et les acteurs politiques tunisiens découvrent ce qu’a été la gestion des années durant de Ghannouchi, des divergences et des courants au sein d’Ennahda, au profit de l’objectif principal, celui de gagner des voix et des places importantes dans les rouages et les institutions de l’État. Lors de la dernière réunion des députés du bloc parlementaire d’Ennahda , le 19 septembre dernier, à Mahdia, 32 des membres du bloc se sont absentés, dont 13 figurant dans la liste des signataires de la pétition exigeant la non reconduction de Rachid Ghannouchi à la tête d’Ennahda. Il est demandé à celui qui a soufflé dans l’air du temps «du printemps arabe », de se prononcer « officiellement » sur ses intentions de briguer ou pas un 3e mandat à la tête d’Ennahda et également d’annoncer « la date » du prochain congrès, « faute de quoi, en cas de réponse défavorable » ils quitteront le parti.
Il n’est pas sans noter que les derniers développements ayant trait au rôle de la confrérie des Frères musulmans en général, laquelle a été le fer de lance, avec le soutien des monarchies du Golfe, notamment dans la guerre contre la Syrie, le Yémen, La Libye, lequel pays a été livré à une intervention étrangère de l’Otan. Même si pour l’heure des pays divergent sur la confrérie des Frères musulmans, le fauteuil de Ghannouchi à la tête de sa formation politique est bousculé, non seulement par l’impact de l’échec d’Ennahda dans sa gestion de la vie socio-économique tunisienne, durant son règne de la période de la Troïka, mais aussi sur fond des changements susmentionnées, concernant la confrérie des Frères musulmans.
Les contestataires contre Rachid Ghannouchi semblent déterminés à en découdre avec celui qui a dirigé longtemps leur parti, « envisagent d’adresser une mise en demeure au Cheikh » selon les médias tunisiens, dans laquelle il lui demanderont « une réponse officielle » concernant ses intentions quant à demeurer ou quitter la présidence du parti et de leur communiquer la date du prochain congrès. Tout laisse penser que le bras de fer en question s’inscrit dans la durée. Affaire à suivre …
Karima Bennour