C’est indubitablement l’une des plus importantes réunions du Conseil des ministres que le président Tebboune venait à diriger, hier notamment, à l’issue de laquelle, d’ailleurs et pour preuve, l’examen mais surtout l’adoption du projet de Constitution, ce piédestal sur lequel reposerait l’Algérie nouvelle.
Désormais, le cap est mis sur le référendum populaire fixé au 1er novembre, maintenant que la mouture finale du texte de la loi fondamentale, ce projet qui promeut les fondements de l’Algérie nouvelle sur la base du programme présidentiel du locataire d’El Mouradia, est adoptée en Conseil des ministres, selon un communiqué de la présidence de la République.
Mais, avant de le soumettre au peuple algérien, ce texte qui a été débattu pendant quatre mois malgré la crise sanitaire qui a imposé son tempo et qui a récolté plus de 5 000 propositions d’amendement, fera d’abord le passage par le Parlement national sous ses deux chambres. Ainsi, après l’exposé du Premier ministre Djerad et lequel a passé en revue les sept importants axes sur lesquels repose le projet, suivi de son adoption, le président de la République a mis en avant cinq argumentaires pour faire valoir, et sa bonne foi quant à répondre, engagement pris, aux revendications du Hirak du 22 février, et de-là aux exigences d’un État moderne suivant les principes de l’État de droit, de démocratie et de justice sociale. « Les promesses électorales sont des engagements sincères dont j’ai entamé la mise en œuvre suivant une vision stratégique claire et un calendrier bien défini », pose le chef de l’État qui recommande, l’index fixé sur le prochain référendum, « de faire preuve de réalisme et de s’éloigner de se noyer dans les détails et les formalités au détriment des questions fondamentales (…) ».
Secundo, cite Tebboune, « le projet s’inscrit en droite ligne avec les exigences de l’édification de l’État moderne et répond aux revendications du Hirak populaire authentique béni. » Ce sont là deux principes fondamentaux qui ont animé la volonté du président de la République, à « veiller » à ce que la Constitution, dans sa nouvelle mouture, « soit le plus largement consensuelle tout au long de son élaboration et ce, en permettant aux différentes franges de la société et aux faiseurs d’opinion publique d’en débattre durant plus de quatre mois, en dépit des entraves imposées par la crise sanitaire. »
Sur le volet judiciaire, persiste et signe le chef de l’État, dont les propos renvoient aux spectaculaires procès judiciaires engagés contre les hauts responsables de l’État et les hommes d’affaires coupables de corruption sous l’ancien régime, il en est primordial d’abord d’assainir le terrain à l’effet d’asseoir les fondements de l’Algérie nouvelle. Un phénomène du reste, cite Tebboune, « parmi les raisons de la décadence des pays », et qui dénote « du niveau de la déliquescence morale et de la profondeur du mal fait aux institutions de la Nation et à ses richesses, et explique aussi la crise de confiance de fond entre gouvernants et gouvernés. » La nouvelle Constitution, s’il elle viendra à être approuvée par le peuple, viendra à bout de ces pratiques immorales dans l’État « où personne » parmi les coupables « ne sera protégée ni par son immunité, ni par son influence. » En revanche, « l’on ne sera protégé que par l’honnêteté dans la parole, le dévouement dans l’action, l’attachement permanent à la créativité et le déni de soi (…) », argumente-t-il.
Dissolution des Assemblées élues : pas avant le référendum
Quatrièmement, le Président anticipe sur l’adoption du projet et évoque, ce qui est tributaire de cette nouvelle Constitution, de « l’adaptation de nombre de lois à la nouvelle ère, à la faveur de la réforme globale de l’État et de la réhabilitation de ses institutions et de son autorité. » Enchaînant sur ce sujet, le chef de l’État a évoqué la question de la dissolution des assemblées élues, comme question qui a fait beaucoup de bruit depuis l’ouverture de la session du Parlement national. Pour ce faire, « il est impératif de procéder, au préalable, à une révision constitutionnelle, car il est inconcevable de renouveler les instances élues avec des lois rejetées par le peuple», explique Tebboune.
Enfin, le président de la République prête le serment sur une nouvelle Constitution qui assure « toutes les garanties pour la régularité des élections, aussi bien par la constitutionnalisation de l’Autorité nationale indépendante des élections, que par une codification stricte du financement politique, à l’effet de préserver la liberté de la volonté populaire, l’égalité des chances pour le vote et la candidature, pour que la voix de l’électeur soit respectée et la scène politique renforcée par une nouvelle génération d’élus. »
Farid Guellil