Le président du FCE (Forum des chefs d’entreprise), Sami Agli, a plaidé hier pour la révision de la mission du Conseil national de l’investissement (CNI), voire même une dissolution, à réaliser, notamment, dans le prochain projet de loi de finances complémentaire, le considérant comme « un frein à l’investissement » et un « nid de corruption ».
« Nous sommes partisans de l’idée que là où il y a un agrément, il faut l’enlever », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse au siège de l’organisation patronale consacrée à la publication d’une étude réalisée par le FCE : « Pour un dispositif d’investissement au service de la croissance et du développement ». « Le CNI n’a rien apporté depuis sa création. Il est devenu un club restreint de quelques personnalités. Mais sans effet sur l’amélioration de l’investissement. Au contraire, il est devenu un frein à l’investissement », a-t-il ajouté. Pour Agli, il est obligatoire aujourd’hui, si l’on veut attirer plus d’investissements, d’alléger les procédures réglementaires et d’accompagner plutôt les investisseurs – c’est-à-dire les entreprises nationales–, et ce en se basant sur l’apport réalisé par ces dernières et leur ajout pour l’économie nationale. Sur la question de l’attractivité des IDE (Investissements directs étrangers), Agli a considéré que le CNI est « devenu une aberration », d’autant qu’il « reflète une image négative sur l’investissement en Algérie ». « Les investisseurs étrangers, quand ils viennent investir dans un pays, regardent d’abord les investisseurs locaux de ce pays pour mesurer la dynamique du marché. Alors quand ils voient que les investisseurs algériens sont obligés de passer par le CNI pour pouvoir réaliser leurs projets, quelle image sommes-nous en train de donner pour les étrangers? », s’est-il interrogé. En guise de propositions, le premier responsable du FCE préconise ainsi de revoir la mission de l’organe chargé de l’organisation et de gestion des investissements, dont le CNI.
Intervenant à cette conférence, et abondant dans le même sens, Mohamed Cherif Belmihoub, professeur et analyste en économie, a appelé les pouvoirs publics à profiter de l’occasion qu’offre la mise en place d’une loi de finances complémentaire pour « introduire des révisions sur la loi régissant l’investissement pour corriger certaines anomalies ». Pour cet expert, la loi sur l’investissement élaborée en 2016 a porté ses échecs et est incomplète, car « après quatre ans encore, on n’a pas mis en place les textes d’applications ». Parmi les propositions du FCE – qui se définit, selon son premier responsable, comme une force de propositions – figurent : définir clairement quels sont les secteurs stratégiques qui ne sont pas touchés par l’abrogation de l’article 51/49, des réformes bancaires, le retour sur l’impôt forfaitaire pour encourager la création de start-up et entreprises et l’introduction de la digitalisation dans la gouvernance économique du pays. Le FCE a rendu public hier son étude intitulée : « Pour un dispositif d’investissement au service de la croissance et du développement ». Les rédacteurs de ce documents ont estimé que les échecs des politiques d’investissements prônées par le passé par le gouvernement sont dûs « principalement au fait que les dispositifs ne sont pas accompagnées d’une politique de promotion de l’investissement tirée d’une vision économique, encore absente. Ensuite, parce que le cadre juridique n’a jamais été et ne sera jamais le déterminant premier de l’investissement ». Ils ont ainsi émis une série de propositions comme « la convergence des politiques de promotions des investissements entre les pays, particulièrement sur les questions institutionnelles et les incitations fiscales ou budgétaires : la fin de la discrimination par les coûts de facteurs ». Ils ont appelé aussi à la « fin de la distinction entre investisseurs locaux et investisseurs étrangers (sauf cas du taux de change et de la convertibilité de la monnaie locale) et « l’émergence de nouveaux instruments de promotion : Les partenariats industriels (investissements verticaux, ou de réexportation) ».
Hamid Mecheri