Bernie Sanders a largement remporté, samedi, le vote dans l’Etat américain du Nevada pour la primaire démocrate, s’ancrant fermement dans la position de favori pour aller défier le président républicain Donald Trump à l’élection du 3 novembre.
à 78 ans, le sénateur indépendant au programme nettement marqué à gauche disposait d’un très large avantage, avec 46% des suffrages, sur des résultats encore partiels. Selon ces résultats issus de la moitié des bureaux de vote, l’ancien vice-président modéré Joe Biden apparaissait en deuxième place (19%) et l’ex-maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg en troisième position (15%). Ce dernier a cherché, avec un discours fort, à se présenter en meilleur rempart modéré contre un Bernie Sanders qu’il juge trop à gauche pour pouvoir rassembler les électeurs et battre Donald Trump. «Le sénateur Sanders croit en une révolution idéologique inflexible, qui oublie la plupart des démocrates, sans parler de la plupart des Américains», a-t-il lancé. Benjamin et révélation des primaires âgé de 38 ans, il a mis en garde les électeurs démocrates contre le risque de choisir un socialiste pour qui le capitalisme est «à l’origine de tous les maux».
«Une coalition» Sanders
Ce troisième round des primaires démocrates place le sénateur socialiste Bernie Sanders, dans une position très favorable avant l’avalanche du «Super Tuesday» le 3 mars, lorsque quatorze Etats voteront. Triomphant devant la foule venue l’acclamer en criant «Bernie», le sénateur était déjà samedi en campagne dans le Texas, poids lourd avec le Californie des Etats qui voteront pour cette grande journée électorale. «Nous allons gagner à travers ce pays parce que les Américains en ont assez d’un président qui ment tout le temps», a-t-il déclaré. «Au Nevada, nous avons rassemblé une coalition multi-générationnelle et multi-raciale». Toujours très populaire chez les jeunes, le septuagénaire est parvenu cette fois à attirer les minorités, l’un de ses points faibles lors de sa tentative ratée de décrocher l’investiture démocrate en 2016 contre Hillary Clinton. Prônant notamment une profonde réforme du système de santé vers une couverture universelle, ce socialiste revendiqué avait alors été perçu comme trop à gauche par une bonne partie de l’establishment démocrate. Bernie Sanders est désormais en position de briguer la Maison Blanche pour le parti. Mais la course est encore longue jusqu’à l’investiture démocrate. Après l’Iowa et le New Hampshire, les candidats démocrates se présentaient dans un Nevada à la population plus diverse, avec un tiers d’habitants hispaniques. Une différence qui représentait un test pour Pete Buttigieg, qui peine à convaincre les électeurs issus des minorités. Longtemps grand favori, l’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, s’est réjoui de son résultat dans le Nevada, après deux humiliations lors des premiers votes. «Et maintenant nous partons pour la Caroline du Sud pour gagner et nous allons reprendre le dessus», a-t-il lancé. Populaire chez les minorités, l’ex-bras droit de Barack Obama compte faire un bon score la semaine prochaine dans cet Etat du Sud, où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate. Malgré sa quatrième place, avec 10%, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, 70 ans, a assuré qu’elle restait dans la course devant des milliers de partisans samedi soir dans l’Etat de Washington, qui votera en mars.
Bloomberg absent
La netteté des résultats en faveur de Bernie Sanders a permis d’éviter le chaos de la publication des résultats de l’Iowa début février qui avaient souffert d’un bug informatique. Ces deux Etats votent par un système de «caucus», des assemblées d’électeurs qui se regroupent sous la bannière de leur candidat. Bernie Sanders arrivait dans le Nevada déjà fort de deux excellents résultats dans l’Iowa et le New Hampshire. Dans le premier de ces deux Etats, il avait cependant été devancé d’un cheveu par Pete Buttigieg. De son côté, Donald Trump observe, ironique, la bataille démocrate. «On dirait que Bernie le Fou fait un bon résultat dans le Grand Etat du Nevada. Biden & les autres ont l’air faibles», a-t-il tweeté samedi soir. Le multi-milliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, fait quant à lui l’impasse sur les premiers Etats pour entrer en lice lors du «Super Tuesday». Malgré cela, la fortune de l’ancien maire de New York lui a permis de se hisser à la troisième place dans la moyenne des sondages nationaux, à coups de centaines de millions de dollars de spots publicitaires. Ce qui pousse ses rivaux à accuser cet ex-républicain, qui fait campagne au centre, de vouloir «acheter» l’élection. Déjà plombé par des accusations polémiques sur son passé, Michael Bloomberg a de plus été fragilisé par une piètre performance lors de son premier débat mercredi.