Le mouvement citoyen, durant son cinquantième vendredi, a plus que jamais insisté sur l’instauration d’un « État civil ». À la rue Didouche Mourad, après une matinée plutôt calme, aux couleurs (bleues) des services de l’ordre, les manifestants, qui émergeaient pour la plupart de la rue Victor Hugo, ont scandé : « dawla madania, machi askaria » (État civil, non militaire).
Les pancartes brandies vont, pour beaucoup, dans ce sens. C’est à l’image de celle-ci où l’on peut lire : « État civil, et non militaire. Nos revendications sont politiques. Algérie libre et démocratique. La loi est au-dessus de tout le monde ». Ou une autre, brandie par un jeune d’une vingtaine d’années : « Les revendications du Hirak : une transition démocratique, une presse libre, un État civil, une justice indépendante ». Le mouvement, en plus des promesses de se poursuivre jusqu’au « changement complet du système », a, en outre, insisté sur la notion de la « légitimité ». « Le peuple veut un président légitime, en mesure de prendre la décision de libérer les détenus d’opinion, la décision de libérer la justice, la décision de libérer la presse…», a, en effet, écrit l’un des manifestants. Ce n’est pas, pour autant, que le mouvement citoyen, qui est sur le point de boucler une année, a oublié les thèmes dont il a fait des chevaux de bataille durant les vendredis passés. Le plus classique et le plus ancien est sans doute la libération des détenus. « Qu’attendez-vous pour libérer les prisonniers », s’est interrogée, par le moyen d’une pancarte, une femme d’un certain âge. D’autres manifestants ont préféré brandir les portraits des prisonniers connus à l’instar de Karim Tabou, Fodil Boumala ou encore Samir Belarbi, avec les inscriptions « libérez » ou « freedom » (liberté)… Et des chants : « t’lekkou el massadjine, ma baâouche el cocaïne » (libérez les prisonniers, ils n’ont pas vendu de la cocaïne)…
La cause palestinienne fortement présente
L’autre thème sur lequel les manifestants ont beaucoup insisté, hier, est l’exploitation du gaz de schiste que le président de la République a longuement évoqué durant une conférence de presse. « Non à la pollution des eaux souterraines », a écrit l’un des manifestants. « Non au gaz de schiste », a écrit un autre. Tout un carré, devançant une longue banderole qui dénonce l’exploitation de ce gaz, a également marché le long la rue Asselah Hocine. Mais le thème qui a marqué le plus le cinquantième vendredi est, sans doute, celui de la cause palestinienne. « Vive le combat du peuple palestinien ! », peut-on lire sur une pancarte qu’une femme brandissait. « À bas l’accord du siècle ! », a-t-on écrit sur une autre. Même chose du côté des manifestants venus de Bab El-Oued. Le drapeau palestinien a, en effet, été brandi par des dizaines de manifestants. Cette expression de solidarité avec le peuple palestinien est venue, rappelons-le, en réaction à l’accord annoncé par le président américain, Donald Trump, qui, à travers les quatre coins du monde, est une violation des droits légitimes des palestiniens et en faveur de l’entité sioniste. Rappelons également que le ministère algérien des Affaires étrangères a, dans un communiqué rendu public mercredi 29 janvier, réitéré son « soutien ferme et permanent à la cause palestinienne et au droit inaliénable du peuple palestinien frère à établir un État palestinien indépendant et souverain avec El-Qods-Est comme capitale ».
Hamid F.