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Berlin balise le terrain pour un règlement pacifique

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Par Ali El Hadj Tahar

Certains journaux ont minimisé les résultats de la conférence de Berlin sur la Libye alors qu’elle a réussi à arracher un document capital aux principaux intervenants dans la crise. Il s’agit d’abord de l’accord conclu entre les participants et portant sur la mise en place d’un comité devant assurer le suivi de la mise en œuvre des décisions de la conférence. Ce comité, placé sous l’égide de l’ONU, commencera son travail à compter du 1er février prochain et vise à consolider la trêve et le cessez-le-feu entre les forces du Gouvernement d’union nationale (GNA) et celles du maréchal Khalifa Haftar.
D’autres décisions mentionnées dans cet accord font dire à la chancelière Angela Merkel, au lendemain de la rencontre de Berlin : « nous estimons être près, plus que jamais, d’une solution en Libye». En effet, alors que l’ONU a été incapable de mettre un terme à l’offensive de Khalifa Haftar, déclenchée en avril, voilà que le processus onusien semble redémarrer. Le fait que les participants soient parvenus à parler d’une seule voix est en soi très positif. D’ailleurs, selon le SG de l’ONU, M. Guterres, la déclaration finale de Berlin doit être présentée au Conseil de sécurité pour être adoptée en tant que résolution.
La mission de l’ONU en Libye (Manul) a, quant à elle, fait savoir qu’une nouvelle réunion inter-libyenne aura lieu à la fin du mois à Genève. Les deux assemblées rivales, le Conseil d’État (sénat) de Tripoli et le Parlement basé à Benghazi, sont déjà en train de choisir leurs 13 représentants respectifs. La Manul choisira 13 autres personnalités pour représenter la société civile.
La réunion de Genève a pour objectif de former un Conseil présidentiel de trois membres et un gouvernement unifié pour mettre fin aux institutions parallèles et préparer les élections présidentielles et législatives. La proposition algérienne d’accueillir un « dialogue » inter-libyen pourrait, le cas échéant, compléter ces initiatives ou les renforcer. En tout cas, la dynamique est lancée, puisqu’à Berlin il a aussi été décidé la mise en place d’une commission militaire composée de membres des deux parties. Cette commission militaire — de cinq membres dans chaque camp — a pour mission de définir les mécanismes de mise en œuvre d’un cessez-le-feu « permanent ». Elle devrait se réunir cette semaine pour atteindre l’objectif souhaité par tous les participants au sommet de Berlin.
Le fait que Serradj et Haftar aient accepté de participer à la conférence de Berlin est fondamental, même s’ils ont refusé de se rencontrer. Le plus important est que tous les pays concernés par le conflit aient promis de ne plus interférer dans la crise et de respecter l’embargo sur les armes, que certains ont violé pendant des mois. D’ailleurs, lundi passé, les Européens ont décidé de relancer l’opération navale « Sophia » en Méditerranée, suspendue depuis mars 2019, avec une mission désormais exclusivement dédiée au contrôle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.
Un analyste libyen a affirmé sur la chaîne Libya al-Ahrar que la conférence de Berlin n’avait « pas pour objet de réconcilier les Libyens » mais de « réconcilier les Occidentaux entre eux ». C’est chose faite, car le spectre d’une guerre à grande échelle, brandi par Erdogan, a refroidi les autres parrains, en attendant le tour des deux grands rivaux. Le défi, à Berlin, était de résorber les divisions de la communauté internationale. C’est chose faite, en espérant que des parasitages ne viennent pas à saboter la paix en vue.
L’idée de créer une force onusienne spéciale d’interposition en cas de nécessité est un énième argument qui ne manquera pas d’amener Haftar à la table du dialogue. Ce fin politicien a d’ailleurs prouvé, depuis longtemps, qu’il sait quand négocier et quand utiliser les canons.
L’intervention turque a mis ses parrains devant le fait accompli. Ils ne prendront pas le risque d’un affrontement entre puissances. Le maréchal n’a pas beaucoup de choix.
A. E. T.

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