L’ex-SG du parti FLN, Amar Saâdani, a attaqué les fondements de la politique extérieure de l’Algérie, en tenant des propos non conformes à l’orthodoxie officielle sur le Sahara occidental. Des partis politiques ont condamné les déclarations de l’homme politique controversé affirmant la position du pays avec le peuple saharien.
Le FFS: «Des calculs politiciens saisonniers et éphémères»
Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Hakim Belahcel, a affirmé que le parti qu’il dirige est pour la légalité internationale. «Le FFS est favorable au règlement du conflit qui oppose le peuple sahraoui au régime marocain dans le strict respect des résolutions onusiennes », nous a-t-il indiqué hier. Refusant d’autre part, d’ «engager cette question sensible dans des calculs politiciens saisonniers et éphémères», pour le FFS, il s’agit de «pratiques dangereuses qui empêchent l’intégration régionale et la construction du Grand Maghreb».
Le MSP: «C’est un pion et un outil frénétique»
De son coté, membre dirigeant du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Nacer Hamdadouche, n’est pas resté de marbre face aux propos de Amar Saâdani. «Il est la dernière personne autorisée à parler, sachant qu’il ne s’agit que d’un pion et d’un outil de conflit frénétique», indique-t-il, sur sa page Facebook. Le cadre du MSP ajoute : «Il ne faut pas oublier son passé. Saâdani doit sa légitimité à la corruption, le despotisme et à la fraude», a dénoncé Hamdadouche.
L’UCP: «Saâdani cherche à brouiller le débat politique national»
La présidente de l’UCP, Zoubida Assoul, pour sa part, nous a indiqué : «Je n’accorde pas de l’importance à ce personnage», en expliquant sa position en deux raisons : parce que, en premier lieu, «il n’a aucune qualité pour faire de telles déclarations à propos d’un sujet aussi important», et en deuxième lieu, «c’est qu’il a fait des déclarations de l’autre côté de la Méditerranée», souligne-t-elle. Selon Assoul, les déclarations de Saâdani visent comme but de «brouiller le débat politique national». «Aujourd’hui nous avons une priorité, c’est de régler la situation politique du pays» affirme-t-elle. Et à elle d’ajouter en conclusion que «nous avons voulu se débarrasser de ce système corrompu dont Saâdani faisait partie».
Le RND: «Ces propos ne concernent que Saâdani»
Contacté hier, le sénateur du RND, Lyès Achour, nous a affirmé que les propos tenus par l’ex-SG du FLN «lui reviennent et qu’il suit sans doute un agenda propre à lui et qu’il défend sûrement un groupe». En ajoutant : « Saâdani a dépassé les limites vu que dans la politique algérienne il y a des lignes rouges à ne pas dépasser et là il se trouve qu’il les a franchies». Pour refléter la position de son parti, notre interlocuteur a rappelé que le RND reste solidaire avec la cause et le peuple sahraouis en condamnant fortement ces propos.
Front El Moustakbel: «L’Algérie reste fidèle à ses positions internationales»
De son côté, Abdelaziz Belaid, le président du Front El Moustakbal, a affirmé que l’Algérie reste solidaire avec tous les peuples qui revendiquent leur droit légitime et qui subissent la colonisation en rappelant la position du pays avec la cause palestinienne. «Nous sommes avec l’abolition du dernier colonialiste dans le monde et nous sommes avec le peuple sahraoui qui revendique son droit légitime», affirme Belaïd, hier, dans un meeting populaire organisé à Tindouf.
Abdelaziz Rahabi : «Diabolique inconscience destructrice des valeurs d’une nation»
Pour rappel, le diplomate et ex-ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, avait estimé, en 2015 déjà, en réponse aux mêmes propos tenus alors par Saâdani, en tant que SG du FLN, qu’ils participaient d’une «diabolique inconscience destructrice des valeurs et intérêts sur lesquels s’articulent les rigoureuses politiques de défense et de sécurité globale d’une nation».
Ces propos, avait-il ajouté, «témoignent également d’une absence de discernement et du sens de la mesure dans le traitement public des affaires de l’État. Les propos de Saâdani ne relèvent même pas d’une absence de discernement. C’est un alignement total sur la thèse des «droits historiques» du Maroc qui, rappelons-le ne se limitent pas au Sahara occidental mais s’étendent à toute la Mauritanie et une bonne partie des territoires algérien et malien.»
Propos recueillis par Sarah Oubraham