Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a affirmé, jeudi dernier, dans une tribune rendue publique, la nécessité d’aborder concrètement la phase transitoire qui mènera le pays vers les grandes réformes, en affirmant que le rôle de l’opposition est de rester « fidèle au mouvement en aidant le régime à s’en aller ». Pour le président de Jil Jadid, il n’y a maintenant plus que deux voies possibles pour sortir de la crise, soit « la prise de pouvoir directe par l’Armée envers et contre tous, soit l’ouverture d’un dialogue avec la classe politique pour organiser une transition politique » indique-t-il.
Avant de détailler sur ces deux points en expliquant que le rôle de l’Armée est « l’accompagnement du changement de régime » en poursuivant que l’ANP pose tout de même certaines balises en affirmant que la période « hors Constitution » doit être courte, et devra aboutir à des élections présidentielles. Ensuite, c’est au Président légitimement élu qui aura à engager les grandes réformes institutionnelles ». Par ailleurs selon Djilali Soufiane l’opposition, quant à elle, « doit trouver le juste milieu pour faire aboutir les revendications du mouvement tout en donnant à l’Armée les assurances que le pays ne rentrera pas dans une phase de désordre ».
Le président de Jil Jadid a souligné qu’une erreur de positionnement ou une méprise sur les intentions des uns et des autres ou sur les rapports de force, peuvent pousser « l’état major vers des décisions extrêmes qui seront à l’évidence préjudiciables pour tous » a fait savoir Djilali avant d’affirmer que « dans les moments de crise profonde, la sagesse doit primer sur les intérêts partisans ».Selon lui c’est le moment pour qu’une classe politique « consciente des enjeux » doive intervenir. Et cela après «l’annulation des élections présidentielles du 4 Juillet qui est certaine » déclarant par la même occasion qu’« une partie de l’opposition exige la victoire totale en un laps de temps très court. Une attitude radicale et impatiente peut cependant déstabiliser, cette fois-ci, l’État lui-même » en précisant, dans le même sillage, qu’« aucun Algérien ne souhaite faire subir au pays les dramatiques conséquences d’un chaos général ».
L’ex-membre du mouvement de Mouwatana est revenu sur l’application de l’article 102 de la Constitution « son application constituait un verrou pour maintenir l’ancien système et qu’il fallait absolument lever»souligne-t-il. En ajoutant que c’est « grâce à une mobilisation exceptionnelle du mouvement populaire et à la « pression qui était si puissante, que le démantèlement du système Bouteflika a été mis en chantier ».
Ainsi les multiples dossiers judiciaires concernant aussibien les plus hauts responsables que les milieux d’affaires liés au précédent pouvoir ont été ouverts.
Dans le même cadre, Soufiane Djilali a rappelé sa feuille de route annoncée le 10 mars passé, où il avait préconisé une phase « intermédiaire pour passer d’un régime politique à un autre », en expliquant que toute la conception politique de cette phase a été réalisée en fonction de deux objectifs : le démantèlement du régime actuel et le retour à des élections démocratiques respectueuses des choix du peuple souverain.
Benabbou appelle à prendre exemple du groupe du FLN de la révolution de novembre
D’un autre coté il faut rappeler que la constitutionaliste Fatiha Benabbou, a affirmé la nécessité du « dialogue » qui doit avoir lieu selon elle « avant la fin du mandat de Bensalah début juillet ». Pour Benabou l’idéal est que « les personnalités politiques, qui ont proposé des feuilles de route de sortie de crise, se retrouvent pour dégager des initiatives. Les citoyens doivent aussi se concerter. Il faut s’organiser maintenant pour essayer de trouver une solution pour ne pas aller droit dans le mur », préconise Fatiha Benabbou. La constitutionnaliste appelle à prendre exemple du groupe des nationalistes algériens qui a déclenché la guerre de libération nationale, le 1er novembre 1954. « À l’époque, ces personnalités n’avaient pas reçu le soutien d’aucun parti (avant de créer le FLN). Elles se sont organisées pour déclencher la Révolution du Premier novembre. Aujourd’hui, les gens doivent prendre des initiatives», encourage-t-elle, avant d’assurer que le dialogue peut se faire, selon elle, avec « les représentants du pouvoir, pas forcément avec Abdelkader Bensalah dont le départ est exigé par le mouvement » en ajoutant que « l’Armée peut déléguer des observateurs au dialogue à une conférence nationale qui sera le fruit d’une initiative citoyenne. Si cette conférence sera portée par des gens intègres, par la société civile, les représentants du mouvement, elle pourra dégager des solutions, une feuille de route avec des dates précises et de créer l’instance électorale. Mais, il est important qu’elle soit souveraine avec un pouvoir de décision », plaide-t-elle.
Sarah Oubraham