La secrétaire générale du parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a dévoilé, hier, les contours de sa feuille de route pour la sortie de crise à laquelle est confronté le pays. Elle a appelé à la création d’un comité populaire, une assemblée constituante qui se chargera d’organiser les élections et la formation d’un gouvernement provisoire. Sur la dernière sortie médiatique de l’ex-patron du parti/FLN, la responsable du PT a refusé de commenter les propos d’Amar Saâdani, en déclarant : «je ne veux pas parler d’un individu qui était un membre dans un système mafieux » a-t-elle précisé.
Pour la responsable du PT, le comité populaire aura pour objectif «de préserver le caractère pacifique des manifestations qui se sont déclenchées spontanément le 22 février dernier » a déclaré Hannoune, hier, animant le Forum du quotidien Liberté. Poursuivant ses explications, concernant le rôle que devront jouer les comités populaires, elle dira que ces derniers seront appelés «à exclure les provocateurs envoyés par les différents centres » œuvrant à mettre en échec le mouvement populaire citoyen, sans manquer de préciser que le comité aura « à débattre les revendications politiques, socioprofessionnels et économiques de différents secteurs » a-t-elle précisé.
Poursuivant dans son explication de la feuille de route de sa formation politique, pour le règlement de la crise en cours, la première responsable du PT fait savoir, également hier, que les comités populaires, une fois mis en place, dégageront les membres devant siéger à l’Assemblée constituante qui aura la charge de rédiger la nouvelle Constitution» ou bien, ajoute-elle «réformer en profondeur l’actuelle Loi fondamentale» et de préciser, à propos de l’Assemblée constituante, que celle-ci aura le rôle à jouer, comme celui de toute direction d’une révolution populaire». Pour l’invitée du Forum de Liberté, l’Assemblée constituante en question, aura la charge et la responsabilité «d’organiser des élections», «la formation d’un gouvernement provisoire composé de personnalités nationales», sans pour autant avancer des propositions de noms, même si cette question concerne exclusivement les membres de l’Assemblée constituante, si celle-ci venait à voir le jour.
Toujours sur l’Assemblée constituante, celle-ci selon la responsable du parti des travailleurs aura la lourde tâche de « la refondation politique institutionnelle et constitutionnelle» afin de définir, précise-t-elle, «la nature du régime, en renforçant la propriété collective de la Nation » a-t-elle tenue à souligner. Affirmant que son parti estime que le meilleur régime c’est «le régime parlementaire» en insistant «monocamérale (système parlementaire à une seule chambre : NDLR)» un nouveau régime qui veillera, a-t-elle tenu à relever, «sur l’indépendance absolue de la justice» a déclaré, Louisa Hanoune, hier. Appelant à cette occasion à l’édification «d’un État démocratique séculier» qui sépare, précise-t-elle «entre la religion et les Institutions de l’État et entre la religion et le politique ».
Hier, la responsable du PT a été jusqu’à pointer, d’un doigt accusateur, le ministère des Affaires religieuses, sans citer, Mohamed Aïssa, sur « l’utilisation de la religion dans des questions d’ordre politiques » a-t-elle souligné. L’invitée du forum n’a pas manqué, encore une fois, l’occasion pour réaffirmer le refus de sa formation politique de la conférence nationale inclusive proposée par le chef de l’État dans sa feuille de route, annoncée le 11 mars dernier. «La mobilisation des citoyens et les manifestations populaires pacifiques grandioses, depuis le 22 février dernier à travers le pays, expriment le refus populaire de la fausse représentation» par ce système politique en place, et de préciser plus loin dans ses propos que «la conférence nationale à laquelle a appelé le chef de l’État est un alibi pour prolonger l’existence de ce système en place» affirme Louisa Hannoune. Par ailleurs, la patronne du PT a fait savoir hier qu’elle n’a reçu, à ce jour «aucune invitation du premier ministre Bedoui, pour participer à la formation de son gouvernement» et d’affirmer que «je ne pense pas qu’il va m’envoyer une invitation car il sait ma réponse d’avance» a-t-elle lancé.
Sarah Oubraham