Après la France qui s’est exprimée, par son président, à partir d’un pays africain, Djibouti, en l’occurrence, ou Emmanuel Macron était en visite, et Moscou, via un commentaire de la porte parole de la diplomatie russe, Zakharova, publié sur le site du ministère des Affaires étrangères, le porte-parole de la diplomatie américaine Robert Palladino s’est exprimé, à partir de Washington, sur la situation en cours dans notre pays. Si dans les rapports et les relations internationales il est permis de se prononcer sur une actualité d’un pays ou sur des évènements, en se gardant de dépasser des lignes rouges, que nul n’ignore, des responsables, notamment occidentaux persistent à les dépasser, car l’ingérence est un des instruments promu, dans leur politique étrangère. En allant jusqu’à exprimer son avis, alors que les millions d’algériennes et algériens qui sortent depuis le 22 février dernier, à travers le pays, pour le changement, ne lui ont rien demandé, le président français a fait savoir mardi, que son souhait est que la «conférence nationale» annoncée par le président Bouteflika, destinée à rédiger un projet de Constitution, puisse déboucher, poursuit le locataire de l’Elysée, à une «transition d’une durée raisonnable» a-t-il précisé. Raisonnable pour qui, à qui et de surcroît par rapport à quoi ? alors que la période de transition concerne exclusivement la scène algérienne, qui est la seule habilitée, souverainement, faut-il le rappeler au président français, de décider, si elle devrait déjà être une étape, et si il est décidé ainsi, à elle seule aussi, de trancher, sa durée, qu’elle soit courte, longue, et dans les deux cas, elle est raisonnable pour l’Algérie et son peuple, même si elle ne le sera pas, selon le souhait du locataire de l’Elysée. Alors que celui-ci s’en est allé à se prononcer sur des questions exclusivement algéroalgériennes, le président français s’est attelé à exprimer son « souhait » sur ce qui anime l’actualité algérienne, alors qu’il avait pris tout son temps, des jours durant, dès l’avènement du mouvement des gilets jaunes, à travers l’ensemble des régions de France, avant qu’il décide de prononcer un discours officiel, à la Nation, ce qui n’a pas empêché la suite de la contestation des gilets jaunes, à ce jour, chaque samedi, même après sa tournée et ses débats. Il est à se demander sur les raisons à l’origine de la prise de décision de faire ses déclarations sur la situation dans notre pays, à partir d’un pays africain, et que du côté de Moscou et Washington, c’est les porte-paroles, de leur diplomaties respectives, via un commentaire, sur le site des affaires étrangères pour la Fédération de Russie et une déclaration, lors d’un point de presse, pour le porte parole de la diplomatie américaine. Si la responsable russe, Zakharova, a affirmé que son pays « considère les événements qui se déroulent en Algérie comme une affaire strictement intérieure d’un pays ami de la Russie», avant d’ajouter que « nous espérons que les problèmes qui se posent continueront à être résolus de manière constructive et responsable par le biais d’un dialogue national visant clairement à établir la stabilité et des conditions favorables pour le développement continu de l’Algérie sur la voie d’un changement politique et socio-économique qui soit dans l’intérêt de tout le peuple algérien» a indiqué Maria Zakharova. Quant à Washington, Robert Palladino ne s’est pas directement prononcé sur les décisions annoncés par le chef de l’état, mais il s’est focalisé sur le report de la présidentielle d’avril prochain, déclarant que « nous surveillons de près les informations sur un report des élections » a-t-il fait savoir. Entre le propos de Washington « surveiller de près » et « transition d’une durée raisonnable» de Paris, l’opinion nationale saura sans nul doute, notamment demain, répondre sèchement à ces derniers, leur opposition à toute ingérence étrangère, ne serait-ce verbale, dans les affaires internes du pays, et nul n’ignore, l’Algérie et son peuple, se sont toujours opposés aux ingérences, qu’elles que soient leur nature et contours, ailleurs, dans le monde, et s’agissant de leur pays, conscients depuis longtemps de ces dangers, et plus récemment, avec ce qui s’est passé, en Libye, Irak et Mali, ils sauront sans aucun doute faire barrage et mettre en échec les plans des bureaux obscurs, opérant d’ici ou d’ailleurs, pour déstabiliser le pays, en ces semaines de mobilisation populaire pacifique, pour des lendemains meilleurs pour leur pays, non celle promue par des acteurs occidentaux, sous des slogans de démocratie du jasmin, bourrée d’épines empoisonnées, à l’origine des drames et les turbulences que vivent à ce jour, l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, le Venezuela et le Yémen.
Karima Bennour