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55ème anniversaire de la création du FFS : Lakhdar Bouregâa revient sur les circonstances de la fondation du plus vieux parti de l’opposition

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Le Front des forces socialistes (FFS) célébrera prochainement son 55ème anniversaire depuis sa fondation le 29 septembre 1963.
Deux ans après le décès de son chef et fondateur – feu Hocine Aït Ahmed -, la nouvelle direction a du mal à reprendre la main. Faible mobilisation des citoyens, scores électoraux en berne, des départs en série de ses cadres, tiraillements internes : les difficultés s’accumulent. Cette mauvaise passe pousse les militants à s’inquiéter sur l’avenir du plus vieux parti de l’opposition. C’est le moment aussi pour d’autres de dire combien le génie et le charisme de Da l’Ho étaient un lourd héritage pour un parti qui a vu le jour sous le règne socialiste du parti unique, hostile au multipartisme. Le Courrier d’Algérie a préféré évoquer ces faits historiques avec l’un des membres fondateurs du FFS, le colonel Lakhdar Bouregâa, ancien chef de la wilaya IV Historique lors de la Guerre de libération nationale. Bouregâa décortique les circonstances qui ont prévalu à l’époque. Le tout jeune État algérien qui doit faire face à un enchainement accéléré des évènements politiques : on vient de renverser le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), son chef – Ferhat Abbas- jeté en prison, beaucoup d’autres dirigeants ont fui le pays ou arrêtés et emprisonnés. On songea alors à créer un parti de l’opposition, mais seulement il y avait un problème : les personnalités en vue qui ont décidé de mener la contestation, Hocine Aït Ahmed, Mohand Oulhadj (chef de la wilaya IV, le Centre), Krim Belkacem, étaient tous des Kabyles, d’où la crainte de se voir accuser de régionalisme.
Un argument tout prêt pour le pouvoir en place pour les accuser de déstabilisateurs et les pointer comme des séparatistes aux yeux des autres wilayas du pays. On a demandé à Mohand Oulhadj de ne pas intervenir et de laisser la région de la Kabylie loin des évènements. Mais, pourquoi alors aller solliciter Aït Ahmed, un kabyle, pour diriger le FFS ? «Comme on voulait faire de l’opposition, il (Ait Ahmed) était déjà là, lors de l’Assemblée constituante du FFS, avec son statut d’opposant et sa personnalité de leader historique aussi», explique Bouregâa. «On est parti le voir chez lui, il y avait avec nous un certain Belkaïd, un autre, Salim de M’Sila et un autre de Bel-Abbès, Ali Ammar, qui était au PRS avant la constitution du FFS. Une fois arrivés, Aït Ahmed ne voulait pas nous recevoir dans sa maison. Il a préféré nous rencontrer dans un café populaire à Michelet. Il nous a demandé qu’est-ce qu’on lui voulait, on lui a dit en toute franchise ; “On cherche ce que tu cherches toi. Il nous faut un homme», se souvient Bouregâa. Le choix d’Aït Ahmed était vraiment incontournable. «Nous, on ignorait tout sur la politique à cette époque. En 1962, je n’avais que 29 ans et 4 jours. Aït Ahmed avait alors toute une carrière ; congrès de Bandung, l’organisation (l’OS)… tout un profil.
Quand il a su que Krim Belkacem était avec nous, il a dit Non ! Je pense qu’il n’a pas dit cela parce qu’il n’aime pas Krim Belkacem, mais il ne veut pas que ce nom soit associé à son appartenance Kabyle. Ce qui créerait l’impression que l’opposition est uniquement en Kabylie», explique Bouregâa. Dans le premier plan, le FFS devrait être créé au Nord Constantinois, Oran, le Centre, mais pas en Kabylie. Mais les choses se sont très vite précipitées ; Aït Ahmed – dans une erreur tactique – proclama le manifeste de la fondation du FFS, s’ensuit la reconnaissance rapide de Krim Belkacem, qui était alors en France, impliquant tout un tapage médiatique de la presse française. Après l’éclatement de la guerre des sables et l’invasion marocaine sur Tindouf, Aït Ahmed rencontra le président algérien de l’époque, Ahmed Ben Bella pour un dénouement de la crise naissante après la création du FFS. Ben Bella accepte de libérer les prisonniers politiques et toute une page s’ouvrit alors.
Hamid Mecheri

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