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2014 : l’«annus horribilis» (*) du sport algérien

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Une autre saison qui se transforme en vrai calvaire. Une de plus à mettre aux oubliettes… Retour sur les douze mois et autant de coups de semonce à un mouvement sportif national toujours en panne et ne trouvant décidément pas les moyens (pas sur le plan financier où les efforts consentis sont à la mesure du gaspillage et de la déperdition en talents. Allant s’aggravant faute de vision claire) qui assombrissent un peu plus le tableau, rendent compte de l’ambiance délétère dans laquelle notre sport s’installe dans la durée. En incorrigible mauvais élève qui n’apprend pas ses leçons.

Clair-obscur
Tout n’est pas bien même si ça a bien commencé, très bien même avec cet exploit (le titre inespéré, car personne, et on sait pourquoi, ne l’attendait à pareille fête quand bien même il avait l’avantage aussi énorme que décisif d’évoluer devant la mythique Harcha qui jouera son rôle de «8e» homme, de champion d’Afrique) avec lequel le jeu à sept national, confiné aux seconds rôles continentaux derrière les inamovibles «Aigles de Carthage» battus à la régulière à l’arrivée d’un tournoi qui nous réconciliera avec la petite balle le temps d’un tournoi maîtrisé de bout en bout. Considéré, à juste titre, comme une gifle, une leçon magistrale adressée, en priorité, à cette poignée de responsables (au niveau de l’instance dirigeante- la FAHB- de cette discipline par lesquelles bien des satisfactions sont arrivées) qui ont choisi de laver leur linge sale en public, se crêper le chignon avant l’intervention énergique des tutelles internationales et un retour à la «normale» avec l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante qui aura la chance, à peine installée, de voir sa vitrine à trophées s’enrichir avec un des plus prestigieux mis en jeu en Afrique. Tout pourrait faire croire que ça va, ou pourrait aller mieux avec une fin d’année qualifiée par les indécrottables algéro-optimistes, dont nous faisons partie et que nous revendiquons, de bon cru. Un passage de témoin et des espoirs. Qui ne manquent pas. Ça va ? Pas comme on le souhaitait. Pour dire que ce n’est encore ça. Que tout n’est (pas encore et tout le monde le sait) pas bien, même si l’année qui s’achève se termine sur de bonnes résolutions. De bonnes notes qui pourraient faire croire que tout n’est finalement pas aussi critique, l’ES Sétif ayant choisi de nous offrir le meilleur des cadeaux (ceux qui n’ont pas toujours cru au «Père Noel»- il ne peut exister que dans les esprits de ceux qui ne travaillent pas dans un milieu sportif, pour le haut niveau du moins, où l’on n’a rien pour rien, les performances, quelles qu’elles soient, se mesurant à ce baromètre infaillible qu’est l’effort de tous les instants- repasseront pour une fois) en nous emmenant, à l’arrivée d’un parcours époustouflant dans la plus prisée et plus rentable compétition interclubs à l’échelle du continent, la Champions league, l’air si vivifiant et tellement rare pour nous qui sommes tellement habitués aux profondeurs de la hiérarchie, des sommets. Une belle course en solitaire qui se terminera sur un toit devenu inaccessible pour un football algérien comme revigoré (sans autre chance malheureusement d’en récolter les fruits dans l’immédiat à part peut-être de donner quelques idées à des responsables de clubs ou d’associations, le sport-roi n’étant pas le seul à subir de plein fouet les effets néfastes du bricolage en cours à tous les niveaux à l’heure d’un professionnalisme à l’algérienne et ne répondant pas, loin s’en faut, aux standards internationaux, toujours en mal d’inspiration et dépassés par les bouleversements qui traversent depuis au moins deux décennies le sport mondial) par la belle tenue de route d’une sélection nationale qui a choisi (logique puisqu’elle est composée d’éléments certes algériens à part entière de grande valeur mais que nous ont offerts, sur le plateau, d’autres écoles de formation au prestige certain) d’asséner la belle leçon (elle s’adresse notamment ou particulièrement à tous nos «spécialistes» maison qui s’offusquent de voir disparaître le produit local – en déperdition- de la vitrine du football national) que le temps est venu de passer à l’essentiel.
À une autre dimension où il s’agit de se remettre constamment en cause, reconnaître ses faiblesses, tares et travers. À autre chose que ces débats inutiles et peu rentables sur un sujet éculé et pratiquement tranché de longue date, les dérobades étant le dénominateur commun à des acteurs qui, dans des litanies sans fin, nous font passer des vessies pour des lanternes, chacun croyant détenir la vérité, pour ne pas dire «la légitimité historique» pour avoir fait simplement partie d’une époque «d’exception». Donc incomparable. Du très bon au tout début d’une autre année à oublier, même s’il y aura également du très bon en guise de finish. En 2014, tout n’a pas été que du bien.

De petits éclairs dans une immense grisaille
Entre la consécration de nos handballeurs en début d’année à Alger, la pure folie qui a suivi la qualification de Fennecs iconoclastes au Mondial de football en été et un passage historique au second tour où la toute puissante Nationalmannschaft (l’équipe nationale allemande) s’estimera toute heureuse de sortir indemne du piège algérien après avoir fortement douté mais qui finira quand même sur la plus haute marche du podium en battant en finale l’Argentine du génial Messi), l’incroyable parcours en éliminatoires de la CAN 2015 où le capitaine Bougherra et ses camarades n’ont pas fait de détails en écrasant carrément la concurrence (5 succès sur les 6 rencontres disputées, soit la belle récolte de 15 unités sur les 18 mises en jeu), une 18e place au classement Fifa et un rôle de super favori de l’épreuve qu’il faudra maintenant aller défendre en terres guinéo-équatoriennes où tout le monde les attend au tournant.
Dans une course au titre où les candidats de qualité à la succession du Nigeria ne manquent pas. Où l’adversité sera à son comble. Du hand, du foot et de la boxe avec un nom, Djamel Daho, jeune champion du monde d’à peine 22 ans, sorti dans les ultimes soubresauts de l’année pour rappeler, à sa manière et avec beaucoup de talent et de promesses, que le noble art algérien est là attendre les moyens de prouver que le vivier en champions reste intarissable. Trois clins d’œil, peut-être quatre avec l’impression laissé par nos cyclistes quant à une possible résurrection de la petite reine chez nous, ou quelques petites éclaircies dans ce qui reste, au fil d’années sombres et lourdes de dangers, une immense grisaille. Pas beaux donc les décors à l’heure de bilans sans appel qui veulent qu’avant que la page 2014 ne se tourne, l’heure est, à nouveau éternellement aux interrogations. À bien des craintes même si les promesses (espérons qu’elles ne seront pas démenties par la réalité du terrain) aux trois coups de minuit annonçant le Nouvel An, ne manquent pas. Pourraient (se sera tellement difficile) atténuer nos déceptions ? Tous les flops alignés par une élite sportive (c’est un tout et il n’y a pas que le seul football qui écrase médiatiquement, sans souvent le mériter, le reste du mouvement sportif) algérienne fâchée pour de bon avec les performances ? Le «roi» football qui domine outrageusement les débats. Pas toujours dans le bon sens. Par ses côtés scandaleux. Et les scandales n’ont pas, comme les saisons précédentes, manqué. Avec une succession d’images pas belles à voir, le couple violence (le drame de Tizi Ouzou avec le décès tragique de l’attaquant camerounais de la JSK, mort dans des conditions encore loin d’être élucidées, restera un sommet dans l’horreur et rendent compte du danger qui guette notre football) – corruption (on nous dira que de ce côté-ci, il faut toujours des preuves et l’arbitre Bitam en sait maintenant quelque chose) s’étant mis, comme prévu, particulièrement en évidence. S’est imposé en super-vedette en s’invitant à chaque week-end de nos ennuyeuses parties de pousse ballon animées par des «stars» dont la place, pour beaucoup, est ailleurs que dans ces stades ouverts à tous les vents et devenus infréquentables. Pendant ce temps là, devant l’échec et le manque d’initiatives vraies ou courageuses, on laisse faire. On parle. Beaucoup. Sans résultat. Pour faire oublier que le renversement de la tendance violence- corruption (on ne parle pas ici de la professionnalisation qui reste un vœu pieux) n’a pas eu lieu. Depuis le temps qu’on nous promet le… nettoyage. Le mal est là, les polémiques, elles, enflent. Qui est responsable ? Personne. Pendant ce temps-là, le public gronde. Doute de la capacité de nos dirigeants sportifs, restés comme toujours dans une position attentiste, qui regardent ailleurs, de réinstaller le calme et la confiance. Comment lutter contre les vents mauvais, tous ces fléaux qui gangrènent un sport pris en otage par ses mauvais génies ? La réponse est contenue dans ces innombrables décisions qui peinent à convaincre. Qui font qu’on dépasse rarement le stade du simple constat et des effets d’annonce sans lendemains. On constate les dégâts. Le miracle viendra-t-il en 2015 ? Doha (Mondial de handball, avec des ambitions limitées à un bon classement pour le Sept national), Malabo (CAN 2015 de football et des Verts dans la peau de super favoris), Blida (Supercoupe d’Afrique et une ES Sétif décidée à s’imposer en vrai N°1 sur le continent en recevant un Ahly du Caire qui n’est plus à présenter) constituent trois premières étapes immédiates (entre la mi-janvier et la mi-février de la nouvelle année) charnières. Un autre bon début, mais qui peut ne rien dire du tout. Nos vœux ? À un peu plus d’une année maintenant des J.O de Rio (2016), on espère que nos dirigeants nous disent où en est la préparation. Quelles sont nos prétentions et ce qu’on va vraiment aller faire au Brésil et enfin comment compte-t-on répondre au niveau d’une compétition aussi relevée que la messe quadriennale du sport universel. Bonne année !
A. A.

(*) Une année pourrie

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