Une rencontre avec Frédéric Ciriez, auteur du roman graphique « Frantz Fanon », une des grandes figures de la Révolution algérienne, a été organisée, jeudi à Alger, dans le cadre du 14e Festival international de la bande dessinée (FIBDA).
Né du constat que Frantz Fanon (1925-1961) n' »était pas assez connu parmi les jeunes lecteurs », l’idée de rendre dans le format BD, et donc plus accessible à tous, l’extraordinaire parcours de cette grande figure de la Révolution s’était alors imposée d’elle-même », explique Frédéric Ciriez. Coréalisé avec le dessinateur Romain Lamy et réédité sous le label Dalimen, après sa sortie en 2020 en France, aux éditions « La Découverte », le roman graphique, « Frantz Fanon », se « donne à lire comme une introduction originale à son œuvre, plus actuelle et décisive que jamais », peut-on lire sur la postface de l’ouvrage. Restituant la rencontre avec Jean Paul Sartre (1905-1980) en août 1961, l’auteur à mis l’accent sur ce moment important dans la vie de Fanon car il avait demandé au philosophe français une préface aux « Damnés de la terre » Durant trois j ours, les deux hommes avaient interrogé, de l’intérieur et de l’extérieur à la fois la colonisation, le processus de décolonisation et la Révolution algérienne, ainsi que ses promesses d’alors et la résilience de ses hommes. La cohérence et la solidarité entre la vie et les idées de Fanon, sa jeunesse en Martinique, sa formation psychiatrique en France, son expérience de la psychiatrie en période coloniale à Blida, en Algérie, jusqu’à son intégration au projet révolutionnaire du FLN, sont autant de thèmes abordés dans ce « bel ouvrage », un avis unanimement partagé par l’ensemble des présents. La trajectoire de Fanon est fulgurante et incandescente. Chez lui les idées accompagnent la vie, d’où son engagement total, à l’hôpital ou en dehors.
« La vision de Fanon tient son originalité dans la mise à distance progressive de l’universalisme hérité des Lumières, qui a pétri des idéaux de jeunesse, pour la désignation d’un autre mode d’universalité, non plus abstrait et soumis encore une fois au surmoi français, mais pluriel, et lié à l’échange, au jeu des différences, à l’acceptation et à la reconnaissance de l’autre ». Moyen d’expression contemporain extrêmement riche, ce roman graphique « pourrait servir d’avant goût » à la lecture complexe de Fanon car « il met en valeur et en perspective, de ma nière vivante, exhaustive et précise », l’extraordinaire parcours de ce personnage historique, tant du point de vue de sa vie que de ses idées. « Au terme de ce roman graphique, le lecteur saura qui est Frantz Fanon », conclut l’auteur. Diplômé en lettres et en linguistique des universités de Brest et de Rennes, Frédéric ciriez (51 ans), présent à Alger pour la troisième fois, est également scénariste de fictions, auteur de plusieurs textes, publiés ou de feuilletons, ainsi que nombre d’études critiques. Il compte à son actif, une dizaine d’ouvrages dont, « Des néons sous la mer » (2008), « Mélo »(2013), « Je suis capable de tout » (2016), « BettieBook » (2018), ou encore « Récits B », (2021). Placé sous le thème du patrimoine, le 14e Fibda se poursuit jusqu’au 8 octobre à l’esplanade Riad El Feth), avec la participation d’éditeurs de bande dessinée algériens et étrangers de dix pays. Parmi les pays présents au 14e FIBDA, l’Italie, le Japon (invité d’honneur), la France, le Congo, l’Egypte, le Liban et le Mexique qui marque sa première participation au Fibda.