De nouveaux combats entre rebelles et forces progouvernementales ont fait au moins 41 morts au Yémen après l’expiration d’une trêve dans la guerre qui déchire ce pays depuis 20 mois, ont indiqué mardi des sources militaires.
A Aden, grande ville du sud, un colonel des services de sécurité chargé de la sécurité de l’aéroport international, Abdel Rahim Samahi, a par ailleurs été abattu devant sa maison, a indiqué un responsable des services de sécurité. Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l’attentat en publiant quatre photographies de l’assassinat de l’officier à l’aide d’un pistolet muni d’un silencieux alors qu’il s’apprêtait à monter dans sa voiture, a rapporté SITE, le site américain de surveillance des groupes jihadistes. L’EI et Al-Qaïda ont multiplié ces derniers mois les attentats à Aden et dans le sud en général où les forces loyalistes ont du mal à démanteler les groupes jihadistes.
Dans le conflit contre les rebelles chiites Houthis, les forces loyales au président Abd Rabo Mansour Hadi, soutenues par l’Arabie saoudite, ont repoussé mardi une offensive des insurgés qui ont tenté de reconquérir la banlieue ouest de Taëz, troisième ville du pays, selon les sources militaires. Cette banlieue, tenue par les troupes pro-Hadi, constitue la seule brèche dans le siège que les rebelles et leurs alliés, les forces restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, imposent depuis plus d’un an à Taëz (sud-ouest) où vivent 300.000 habitants, selon les autorités.
De violents accrochages impliquant des tirs de mortier se déroulaient également mardi dans la banlieue est de Taëz où les forces loyalistes mènent depuis plusieurs jours une offensive pour la reprise du palais présidentiel, du QG de la police et d’une base de la défense anti-aérienne aux mains des Houthis, ont ajouté les sources militaires. Parmi les 16 morts mardi dans la région de Taëz figurent 11 rebelles et 5 soldats progouvernementaux, toujours selon ces sources. Dans le nord-ouest du Yémen, trois soldats ont été tués et quatre blessés lundi soir par des tirs de rebelles embusqués près de Midi, dans la province de Hajja, théâtre de combats depuis des semaines, selon un responsable militaire. Les combats ont repris mardi faisant 18 morts parmi les rebelles et quatre parmi les soldats du gouvernement, a indiqué à l’AFP un commandant loyaliste sur le terrain, le colonel Abdel Ghani Chebli. Il a affirmé que ses forces, qui ont eu également 14 blessés, ont progressé dans ce secteur, après avoir contenu l’avancée des rebelles.
Les rebelles tentent de progresser vers le port de Midi, sur la mer Rouge, aux mains des forces progouvernementales. En outre, des avions de la coalition arabe sous commandement saoudien qui soutient le gouvernement ont survolé à plusieurs reprises la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles, mais sans lancer de raids, ont indiqué des témoins. Dans la ville saoudienne frontalière de Najrane, un résident yéménite a été tué dans la chute d’obus de rebelles yéménites mardi sur un centre commercial, a indiqué la défense civile saoudienne, en faisant état de sept autres blessés non saoudiens. Des dizaines de civils et de militaires sont morts dans les mêmes conditions depuis mars 2015. Les combats s’étaient intensifiés lundi dès l’annonce par la coalition de sa décision de ne pas renouveler une trêve de 48 heures en invoquant des violations systématiques du cessez-le-feu par les Houthis.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait été à l’origine de cette septième tentative de trêve au Yémen. Son porte-parole a déclaré qu’en dépit de ce revers, M. Kerry « travaillait dur encore pour qu’une cessation des hostilités soit et reste en place » au Yémen afin d’aboutir à un règlement « politique ». La guerre a fait plus de 7.000 morts et près de 37.000 blessés depuis son intensification avec l’intervention de la coalition arabe en mars 2015, selon l’ONU.