Accueil MONDE Vol MS804 d’EgyptAir : priorité aux boîtes noires

Vol MS804 d’EgyptAir : priorité aux boîtes noires

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Le décompte a été lancé dès le crash : la durée de vie de l’émetteur des enregistreurs de vol est d’une trentaine de jours. Ce qui ne laisse pas de place à l’improvisation. Actuellement, seules les forces égyptiennes sont présentes dans les eaux de la zone économique de leur pays à environ 300 kilomètres au large d’Alexandrie. Elles récupèrent les débris de l’Airbus A320 qui s’est abîmé en mer jeudi vers 2 h 40 (heure de Paris). « Les boîtes noires activement recherchées en Méditerranée », lit-on ici et là. C’est un peu mettre la charrue avant les bœufs.
Il faut, en effet, d’abord localiser l’épave de l’Airbus, puis tenter de retrouver les enregistreurs de vol situés dans la partie arrière de l’appareil. Et le temps est limité à trente jours, la durée de vie de la pile des pingers, ces balises associées aux enregistreurs de vol. Il semble que l’avion gît dans une des fosses à plus de 2 000 mètres de profondeur de la Méditerranée.
L’expérience du Rio-Paris l’a montré, l’opération de récupération des boîtes noires à une telle profondeur n’est pas impossible, mais difficile et coûteuse. Seule une mission internationale a une chance de réussir.
Il faut être clair, l’Égypte n’a ni les moyens techniques ni les ressources humaines pour mener des recherches par plus de 2 000 mètres de fond en moins d’un mois.
Intense activité sous-marine
Déjà les experts redoutent que des éléments de l’avion soient récupérés n’importe comment, et sans qu’une cartographie précise tenant compte des vents et des courants y soit associée. On ne sait qui coordonne. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé dimanche « l’envoi d’un sous-marin capable de descendre à
3 000 mètres », ce qui fait franchement sourire la communauté maritime internationale. En effet, les sous-marins militaires américains les plus perfectionnés atteignent peut-être 500 mètres…
Toutefois, ce sous-marin peut être efficace, même à une profondeur raisonnable de plongée. Il peut capter les « pingers » qui ont une portée d’environ 6 000 mètres. On peut penser qu’une intense activité sous-marine règne dans cette zone et qu’outre l’Égypte, Israël, la Grèce, l’Italie, la France et, bien sûr, les États-Unis ont envoyé leurs submersibles militaires à la pêche. Officieusement, bien sûr, car il s’agit de la zone économique exclusive de l’Égypte.

Un patrouilleur français attendu lundi
Si personne ne repère la position des boîtes noires, il faudra alors balayer les fonds avec un hydrophone, un capteur spécial recevant les pings sur la bande de fréquence de 37,5 kHz qui a la particularité de se propager sous l’eau. Mais, pour traîner un tel détecteur à 2 000 mètres de fond, un câble de près de 7 kilomètres de long est nécessaire. Une technologie dont peu de navires sont équipés dans le monde.
Le temps de trouver les bons spécialistes, de réaliser les appels d’offres, de savoir qui va payer (la France compte tenu des contrats militaires en cours ?), d’arriver sur zone, le potentiel de la trentaine de jours risque d’être largement dépassé.
La France a dépêché un patrouilleur de haute mer, l' »Enseigne de vaisseau Jacoubet », qui doit arriver ce lundi après-midi pour participer aux recherches sous-marines de la carlingue, des corps et des débris. Spécialisé dans la lutte anti-sous-marine et la surveillance maritime, le bâtiment est notamment équipé de trois radars et d’un sonar qui peut identifier les sons émis par les boîtes noires.

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