L’Organisation médecins sans frontières (MSF) a fait part mardi de son désengagement de deux centres médicaux en Haïti, pour une durée minimale de trois mois, après une attaque contre un convoi.
L’un des convois de MSF a subi une « attaque ciblée » le 15 mars, entre son centre d’urgence de Turgeau et son hôpital traumatologique de Carrefour, selon un communiqué. En raison de cette attaque et « face à la détérioration de la sécurité au centre-ville de Port-au-Prince, MSF prend la décision difficile de se désengager de ces deux activités pour une durée minimale de trois mois ».MSF a observé une hausse « préoccupante » des victimes de violences entre janvier et mars dans les deux centres médicaux desquels elle se désengage. « L’impossibilité d’emprunter la route reliant ces deux structures compromet gravement le transfert des patients, la circulation du personnel soignant et l’acheminement des fournitures médicales », a expliqué le chef de mission de MSF en Haïti, Benoît Vasseur.
Ces deux centres, gérés par l’ONG, étaient les seuls dans la zone à fournir gratuitement des soins aux victimes d’accidents de la route, de chutes graves ou d’accidents domestiques, ou à les orienter vers des structures de soins appropriées. L’ONG, qui poursuit ses autres activités sur l’île, évaluera pendant cette période si les conditions de sécurité permettent le retour de ses équipes. En proie de longue date aux bandes criminelles, le pays connaît un regain de violence depuis mi-février.
Les gangs, qui contrôlent environ 85% de Port-au-Prince selon l’ONU, ont multiplié les attaques dans plusieurs quartiers qui échappaient encore à leur contrôle, semant la terreur parmi la population. La situation continue à se détériorer en dépit du déploiement partiel de la mission multinationale de sécurité (MMAS) menée par le Kenya pour aider la police haïtienne. Soutenue par l’ONU, la mission compte désormais environ un millier de policiers de six pays, encore loin des 2.500 attendus. Entre le 1er janvier et le 27 mars, au moins 1518 personnes ont été tuées et 572 blessées, selon l’ONU.
R. I.