La violence à l’égard des enfants connaît un accroissement dangereux en Algérie. Durant les quatre premiers mois seulement de l’année en cours, il a été enregistré 1.726 cas d’enfants victimes de toutes formes de violence. Un phénomène qui est essentiellement favorisé par la dégradation des valeurs morales. C’est ce que révèle la commissaire divisionnaire, chef du bureau national de la protection de l’enfance, à la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), Kheira Messaoudène. La responsable précise que parmi ces 1.726 enfants victimes de violence, 517 enfants âgés de moins de 10 ans à 18 ans, ont été victimes d’abus sexuel, dont 305 filles. En outre, parmi les victimes de violences sexuelles, elle a annoncé que 12 enfants ont été victimes d’incestes (9 filles et 3 garçons), et que 2 enfants (filles) ont été victimes de pornographie infantile, expliquant que l’agresseur a procédé à l’acte sexuel tout en filmant la victime. Messaoudène a ajouté que sur le nombre global des enfants victimes de violences sexuelles, 64 enfants (filles) ont été victimes de viol, alors que 309 autres enfants (163 garçons et 146 filles) ont été victimes d’atteinte à la pudeur. La commissaire a estimé que la démission de certains parents, la dégradation des valeurs morales et la passivité du citoyen, sont parmi les causes qui favorisent indirectement ce phénomène. Toutefois, elle a exprimé sa satisfaction quant aux résultats enregistrés lors des campagnes de sensibilisation organisées à l’échelle nationale et qui ont permis une prise de conscience chez les citoyens qui dénoncent de plus en plus les actes de violences constatés.
Pour ce qui est par ailleurs de la disposition relative à l’audition filmée des enfants victimes de violences sexuelles prévue par la loi relative à la protection de l’enfant, la commissaire Keira Messaoudène a indiqué que celle-ci serait une avancée dans l’enquête de la police judiciaire. La disposition portant sur l’audition filmée des enfants victimes de violences sexuelles prévue par la loi relative à la protection de l’enfant, est une avancée pour les enquêtes de la police judiciaire, d’une part et réconfortera l’enfant victime de violence sexuelle, d’autre part, ajoute-t-elle encore. Ce n’est pas facile pour un enfant victime de violence sexuelle de répéter le scénario du viol devant les services de police et même devant le juge, a-t-elle expliqué, qualifiant l’audition de l’enfant de pierre angulaire dans l’enquête policière sur les affaires liées à la violence sexuelle.
Dans le même contexte, la même responsable a souligné que les dispositions de cette loi, adoptée la semaine dernière par le Conseil de la nation, constituent un appui pour la police judiciaire dans la prise en charge du mineur délinquant, de l’enfant victime de violence et de l’enfant en danger moral. La commissaire Messaoudène a estimé que cette loi assure une protection sociale, juridique et judiciaire à l’enfant. Évoquant la participation de la Dgsn dans les stratégies nationales de la prise en charge de l’enfant victime de violence et du mineur en danger moral, elle a fait savoir que son institution a été associée a l’enrichissement du projet de loi relative à la protection de l’enfant, devant la commission juridique de l’Assemblée populaire nationale (APN). Dans le même ordre d’idées, elle a affirmé que la Dgsn travaille en partenariat avec d’autres services et départements ministériels, dans le cadre de la politique de lutte contre toutes formes de violences particulièrement à l’égard de l’enfant. Messaoudène a également souligné que dans le but d’améliorer les actions menées dans la prise en charge de cette enfance, la Dgsn accorde un intérêt particulier à la formation spécialisée des officiers de police, notamment, les brigades de la protection de l’enfance.
Dans ce cadre, elle dira qu’un grand programme de formations spécialisées a été lancé les dernières années au profit du personnel en exercice au niveau des brigades de la protection de l’enfance à l’échelle nationale.
Ania Nait Chalal