Malgré l’accord de cessez-le-feu en vigueur, l’armée d’occupation israélienne poursuit ses violations répétées dans la bande de Ghaza, marquée ces derniers jours par une reprise des bombardements, des tirs d’artillerie et des attaques aériennes.
Sur le terrain, la population civile, déjà épuisée par des mois de guerre, fait face à une situation humanitaire de plus en plus catastrophique, aggravée par les intempéries hivernales, les destructions d’infrastructures et les restrictions persistantes imposées à l’aide humanitaire.
Selon des sources locales, les zones situées à l’est de la ville de Ghaza ont été la cible de pilonnages intensifs, incluant des bombardements de bâtiments, des tirs d’artillerie lourde et des rafales continues d’hélicoptères de combat israéliens. Au sud de l’enclave, la ville de Khan Younès a également été visée par des tirs nourris provenant de véhicules militaires de l’occupation, semant la panique parmi les habitants. Dans la nuit de vendredi à samedi, au moins six Palestiniens ont été tués à la suite d’un bombardement d’artillerie israélien visant un centre de formation relevant du ministère de l’Éducation, dans le quartier d’al-Tuffah, à l’est de la ville de Ghaza. Le bâtiment servait d’abri à des dizaines de familles déplacées ayant fui les combats. Des témoins ont rapporté que l’artillerie a frappé le site à plusieurs reprises, provoquant des pertes humaines et des dégâts considérables. Les forces d’occupation ont en outre empêché les ambulances et les équipes de secours d’accéder rapidement au lieu du bombardement, retardant l’évacuation des blessés et la prise en charge des victimes. Parallèlement aux attaques militaires, la bande de Ghaza fait face à une crise humanitaire aiguë, exacerbée par les conditions climatiques extrêmes. Médecins sans frontières (MSF) a lancé une alerte alarmante concernant la situation des enfants, avertissant que plusieurs d’entre eux meurent de froid dans un contexte de pénurie d’abris adéquats, de chauffage et de soins de base. Dans un communiqué, l’organisation a révélé le décès d’un nourrisson âgé de seulement 29 jours à l’hôpital Nasser, dans le sud de Ghaza, deux heures après son admission dans le service pédiatrique soutenu par MSF. Malgré les tentatives de réanimation, l’enfant n’a pas survécu à une chute brutale de sa température corporelle. MSF a souligné que « le rude hiver, combiné à des conditions de vie déjà dramatiques, accroît considérablement les risques sanitaires », précisant que ses équipes continuent d’enregistrer des taux élevés d’infections respiratoires. Ces pathologies devraient encore augmenter au cours de l’hiver, représentant une menace grave, en particulier pour les enfants de moins de cinq ans. L’organisation a également mis en garde contre les conséquences des fortes pluies et des tempêtes, qui frappent des centaines de milliers de Palestiniens contraints de vivre dans des tentes précaires, souvent inondées et impropres à toute protection contre le froid.
Les pluies provoquent l’effondrement de bâtiments
Les intempéries ont également provoqué l’effondrement de plusieurs bâtiments fragilisés par les précédents bombardements israéliens. Samedi matin, deux immeubles endommagés dans la ville de Ghaza se sont écroulés sous l’effet d’un système de basse pression accompagné de fortes pluies. Les équipes de secours ont procédé à l’évacuation des habitants de la tour « Al-Awda 6 », un immeuble de sept étages situé dans le quartier de Tal al-Hawa, après l’apparition de fissures et l’effondrement partiel des quatre derniers niveaux. Aucun blessé n’a été signalé dans cet incident. Dans un autre quartier, à Al-Nasr, un bâtiment appartenant à une famille palestinienne s’est également effondré, sans faire de victimes. Depuis le début du mois, la bande de Ghaza a été le théâtre de l’effondrement de nombreuses habitations et structures résidentielles précédemment touchées par les frappes israéliennes. Les fortes pluies et les vents violents ont transformé ces bâtiments fragilisés en pièges mortels, causant la mort et des blessures à plusieurs Palestiniens.
Aide bloquée, population affamée
Sur le plan alimentaire, la situation demeure tout aussi critique. Le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Philippe Lazzarini, a averti que 1,6 million de personnes dans la bande de Ghaza continuent de souffrir d’une insécurité alimentaire sévère. Il a indiqué que le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) met en évidence la fragilité des maigres progrès enregistrés depuis le début du cessez-le-feu en octobre dernier. M. Lazzarini a insisté sur la nécessité urgente de garantir un accès massif et sans entrave aux approvisionnements humanitaires, soulignant que l’UNRWA dispose de colis alimentaires suffisants pour 1,1 million de personnes ainsi que de stocks de farine capables de couvrir les besoins de l’ensemble de la population de Ghaza, actuellement bloqués dans l’attente d’une autorisation d’entrée.
Amnesty accuse le blocus d’aggraver les inondations
De son côté, Amnesty International a affirmé que les décès survenus à la suite des récentes inondations dans la bande de Ghaza auraient pu être entièrement évités. Dans un communiqué, l’organisation a estimé que ces pertes humaines ne peuvent être attribuées uniquement aux conditions météorologiques défavorables. Elle a dénoncé les restrictions israéliennes persistantes imposées à l’entrée de fournitures essentielles destinées à la réparation des infrastructures de base, estimant que l’impact destructeur des pluies a été largement aggravé par ces politiques. Amnesty International a rappelé que les avertissements concernant les risques étaient clairs et répétés, soulignant que les événements récents ne constituent pas une catastrophe naturelle imprévisible, mais bien une tragédie évitable. Selon l’organisation, les images de tentes submergées, de maisons effondrées et de familles livrées aux intempéries ne peuvent être dissociées du contexte politique et humanitaire imposé à l’enclave, notamment le blocus prolongé qui empêche l’acheminement de matériaux de reconstruction et d’abris adaptés. L’organisation de défense des droits humains a enfin appelé à la levée immédiate du blocus de Ghaza et à l’ouverture sans restriction des points de passage pour permettre l’entrée de biens essentiels, de matériaux de réparation et de l’aide humanitaire. Une mesure indispensable, selon Amnesty, pour prévenir de nouvelles pertes humaines et enrayer l’aggravation d’une crise humanitaire qui continue de se déployer sous les yeux de la communauté internationale.
M. Seghilani












































