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Verdict de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest : 10 ans de réclusion pour Chani et Khelladi

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Chani Medjdoub et Mohamed Khelladi, deux principaux accusés dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, ayant défrayé la chronique judiciaire depuis son éclatement en 2009, ont écopé de 10 ans de prison ferme chacun, selon le verdict prononcé avant-hier. En effet, le jugement dans l’affaire du projet dit «du siècle» a été rendu, jeudi dernier, par le tribunal criminel près la Cour d’Alger, dans une séance ultime très attendue, ayant retenu le souffle des prévenus notamment, mais aussi des avocats et des journalistes de la presse nationale, présents. D’ailleurs, l’assistance était nombreuse avant même l’ouverture de la séance, dans une salle pleine comme un œuf. Il a fallu attendre plus d’une heure, avant que le président de l’audience n’arrive, enfin. Avant que le juge ne se présente, une cacophonie s’est installée dans la salle du tribunal. Une atmosphère lourde et empreinte de suspense tient en haleine les accusés -sachant qu’il sera question de statuer sur l’affaire- est perceptible. Vers 11h30, le jugement prononcé par le président de l’audience, Tayeb Hellali, a été reçu comme un couperet par les principaux accusés dans cette affaire. Chani Medjdoub et Mohamed Khelladi, respectivement homme d’affaires algéro-luxembourgeois, conseiller financier de la société chinoise Citic CRCC, et ex-directeur des nouveaux projets de l’ANA (Agence nationale des autoroutes) ont écopé chacun 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende de trois (3) millions de DA. La sentence prononcée ne s’est pas arrêtée là, puisque Tayeb Hellali a également ordonné la confiscation des biens mobiliers et immobiliers des deux accusés. Pour Chani, il s’agira de ses comptes bancaires domiciliés au Luxembourg, sa villa qui se situe à El-Biar et de sa voiture. Avant l’annonce du jugement «dernier», Hellali a vérifié la présence des prévenus et de leurs avocats. Il a ensuite rappelé les chefs d’inculpation retenus à leur encontre, qui se résument en «constitution d’association de malfaiteurs, blanchiment d’argent, transfert illicite de devises, dilapidation des deniers publics, trafic d’influence, abus de fonction etc.» Le verdict prononcé concerne également douze (12) autres accusés en tant que personnes physiques et sept (7) entreprises étrangères impliquées dans cette affaire de corruption à grande échelle en qualité de personnes morales. Trois personnes parmi les quinze (15) accusées ont été acquittées. Il s’agit principalement de Mohamed Bouchama, ex-secrétaire général du ministère des Travaux publics, relaxé après avoir été détenu provisoirement depuis 2009. Les deux (2) autres accusés innocentés sont Allab El-Khier, homme d’affaires algérien, et Belkacem Ferrachi, ex-cadre au ministère des Transports. S’agissant de deux autres accusés condamnés dans ce procès, Tadj-Eddine Addou, homme d’affaires et Salim-Rachid Hamdane, ex-directeur de la planification au ministère des Travaux publics, le juge a prononcé à leur encontre une peine de sept (7) ans de prison ferme, doublée d’une amende de trois (3) millions de DA pour le premier, et d’un (1) million de DA pour le second. Sid-Ahmed Addou a été condamné à une année de prison ferme et deux avec sursis. L’ex-conseiller au ministère de la Justice, Mohamed Ouezane, a écopé d’une réclusion criminelle de trois (3) ans et d’une amende de 500 mille DA. Enfin, le tribunal criminel a retenu une peine d’une (1) année de prison avec sursis à l’encontre de trois (3) autres prévenus. Il s’agit de Ahmed-Rafik Ghazali, ex-directeur de la division des études de l’ANA, et des deux sœurs Ghrieb, filles de l’ex-ambassadeur de l’Algérie au Mali. En outre, 500 mille DA d’amende ont été retenus contre ces deux dernières. Comme attendu aussi, les représentants des sociétés étrangères accusées dans cette affaire ont été toutes condamnées à payer une amende de cinq (5) millions de DA. Il s’agit des compagnies Citic-CRCC (Chine), Isolux Corsan (Espagne), Cojaal (Japon), des sociétés suisses Pizarroti et Caraventa, Coba (Portugal) et enfin Sminc (Canada). Faut-il préciser également que le président de l’audience a prononcé le jugement par contumace d’un seul prévenu en fuite à l’étranger. Il s’agit de Tayeb Kouidri écopant une peine de 20 ans de réclusion. Aussitôt terminée la lecture du jugement, le président de l’audience a levé la séance. En s’apprêtant à quitter la salle, Mohamed Khelladi, visiblement choqué par le verdict, s’est levé depuis le box des accusés, où il était, pour demander au juge de revenir, en vain. Dans un ultime désespoir, il a déclaré devant l’assistance que deux choix se sont présentés à lui, soit de corrompre ou bien d’aller en prison, des propos ayant marqué la fin du feuilleton d’un procès entamé le 30 avril dernier. Dans la salle, les chuchotements continuent de fuser de la bouche des présents.
D’aucuns regrettent le fait que des hauts responsables ont été cités dans cette affaire, mais n’ayant pas été convoqués même en tant que témoins, tel que l’actuel ministre des Transports, Amar Ghoul, et l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohammed Bedjaoui. Pour rappel, le branle-bas de combat mené par le collectif des avocats de Chani, notamment, n’a pas payé. En effet, ils ont dénoncé une «transgression de la procédure pénale», en relevant notamment que les dossiers d’accusation de leurs clients sont vides, du fait qu’ils ne sont pas accompagnés, selon eux, de preuves matérielles.
Farid Guellil

Chani en grève de la faim à partir  de demain
L’autre accusé principal dans cette affaire, Chani Medjdoub, n’a pas été ébranlé, semble-t-il, par le verdict final du juge, du moins du sentiment d’assurance qu’il avait affiché. Et pour cause, non seulement il a été dès le départ «désespéré», quant à une décision devant le disculper dans ce procès qu’il estime «politique», il a décidé d’enclencher une grève de la faim illimitée, à partir du 10 mai prochain. À la levée de la séance, et dans une déclaration dispatchée par ses avocats dans la salle, Chani indique avoir été «détenu depuis six ans» et qu’il a été  «torturé pendant 20 jours», en rappel notamment à ce qu’il a déclaré auparavant.  Dans un ultime combat qu’il compte mener de sitôt, Chani écrit qu’il «est regrettable de constater que je n’ai aucune confiance en la Justice algérienne qui a préfabriqué des accusations dans le but de m’assassiner, aussi bien sur le plan physique que moral», a-t-il livré son sentiment immédiat. Se proclamant innocent dans cette affaire, il a réitéré sa détermination à aller jusqu’au bout de son action. «Je préfère mourir dans la dignité que de vivre le reste de ma vie dans l’humiliation», a-t-il conclu.

F. G.

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