Environ 2.000 opposants au président vénézuélien Nicolas Maduro ont manifesté lundi à Caracas pour réclamer des élections anticipées en réponse à la grave crise politique qui secoue ce pays producteur de pétrole, sans parvenir à mobiliser largement.
C’était la première fois que les opposants au chef de l’Etat socialiste défilaient depuis la suspension en octobre d’une procédure visant à organiser un référendum révocatoire contre M. Maduro. « Je suis là car je veux de nouvelles élections, c’est la meilleure façon de nous défaire du gouvernement qui nous a mis dans cette mauvaise situation », a déclaré à l’AFP Dora Valero, une infirmière à la retraite de 63 ans qui manifestait à Caracas avec un panneau réclamant « des élections, maintenant ».
Une forte présence policière a empêché les manifestants de s’approcher des bureaux de l’autorité électorale (CNE) de la capitale. Aucun accident majeur n’a été signalé. « Nous venons exiger le droit de voter. C’est la seule façon de changer ceci », a affirmé Julio Borges, le président du Parlement. « Le peuple va continuer dans la rue jusqu’à obtenir » des élections anticipées, a ajouté M. Borges.
En décembre, les antichavistes (du nom de l’ancien président socialiste Hugo Chavez) ont gelé des discussions entamées avec le gouvernement, exigeant la libération d’opposants et des élections anticipées avant celles prévues en décembre 2018. Réunie au sein de la coalition de la MUD (Table pour l’unité démocratique, centre droit), l’opposition entame sa deuxième année aux commandes du Parlement depuis sa victoire aux élections législatives fin 2015. Elle se dit déterminée à chasser le président Maduro, mais souffre de ses divisions entre radicaux et modérés, et de blocages institutionnels. Comme à chaque mobilisation de l’opposition, plusieurs milliers de partisans de Nicolas Maduro, héritier politique du défunt Hugo Chavez, ont répondu par une contre-manifestation dans le centre de Caracas pour « défendre la révolution ».
Cette manifestation s’est terminée au Panthéon national, où se trouvent les restes de l’ex-leader Fabricio Ojeda, considéré par le pouvoir actuel comme un « martyr » mort assassiné en 1966 par l' »oligarchie ». Dans la soirée, M. Maduro lui a rendu hommage, rappelant la « lutte » menée par ce guérillero contre la « fausse démocratie ». L’actuel président a par ailleurs affirmé qu’il y a eu 3.000 morts et disparus lors des « crimes politiques » commis entre 1958 et 1999, date à laquelle Hugo Chavez est arrivé au pouvoir. « Le peuple est dans la rue pour soutenir le président. Nous n’allons pas permettre qu’ils ruinent notre révolution », a déclaré Pedro Camargo, vêtu de rouge, comme le reste des manifestants pro-Maduro. Selon les derniers sondages, près de 80% des Vénézuéliens désapprouvent la politique du président Maduro.
Le Venezuela, l’un des pays disposant des plus importantes réserves pétrolières au monde, traverse une grave crise économique, marquée notamment par des pénuries alimentaires et en médicaments, et par une inflation considérée comme la plus élevée au monde.