Les « crevettes » Bigeard, vous connaissez ? C’étaient des suppliciés algériens, qui après d’horribles sévices infligés par l’armée coloniale française, se voyaient couler les pieds dans une bassine de ciment. Une fois le ciment durci, on les embarque dans des hélicoptères qui s’en allaient les larguer au large de la méditerranée. Nul besoin de préciser que le ciment durci les maintenait dans les profondeurs maritimes. Sans aucun espoir d’en ressortir vivant. Les archives gardent le témoignage du secrétaire général de la préfecture d’Alger (1956-1957), Paul Teitgen, qui estime à plus de 3.000 Algériens victimes de cette méthode. Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres car la France a toujours utilisé des méthodes barbares depuis le début de la colonisation en Algérie. Les enfumades des grottes, ancêtres des chambres à gaz de la seconde guerre mondiale, l’utilisation des gaz chimiques, les regroupements des villageois forcés à la déportation, les radiations nucléaires qui continuent à ce jour de faire des victimes parmi la population algérienne, etc. Il y a eu cet ordre de Bugeaud, le Chef de l’armée coloniale, qui résonne encore dans la mémoire des Algériens : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac : fumez-les à outrance » avait-il lancé à ses soldats qui attaquaient la population civile algérienne. Des dizaines de milliers d’Algériens ont ainsi péri asphyxiés dans les grottes où ils s’étaient réfugiés. Jusqu’au 8 mai 1945 où le colonialisme a assassiné 45.000 Algériens. Durant la lutte armée pour l’indépendance ce sont un million et demi d’Algériens que l’armée française a tués. Au total, de 1830 jusqu’au 19 juin 1962, ce sont 5,6 millions de martyrs algériens durant la colonisation française. À ces atteintes à l’intégrité physique de la population, s’ajoutaient les pillages et les vols. La dette du blé algérien livré à la France n’a jamais été payée. Tout le trésor d’Alger fut volé dès l’entrée des troupes françaises dans la capitale en 1830. Durant la colonisation, toutes les richesses d’Algérie comme les minerais et l’agriculture ont été volés aux Algériens. Les Algériens n’avaient pas droit à la nationalité française mais étaient contraints de servir dans les rangs de l’armée française lors des deux guerres mondiales. Tous ces crimes sont imprescriptibles. Une loi criminalisant la colonisation est précisément sur le bureau de l’Assemblée Nationale Populaire (APN) et sera présentée, dimanche prochain, au débat général. Une fois adoptée, cette loi servira à juger l’apologie du colonialisme. Sa justification, sa glorification. Elle mettra définitivement fin aux multiples tentatives de falsifications qui devaient permettre « l’écriture de l’histoire commune » (franco-algérienne). Une aberration que de vouloir faire croire que le bourreau et la victime puissent avoir la même histoire et des historiens communs. Ce qui explique, au moins en partie, les différents reports de la loi de criminalisation de la colonisation. L’histoire retiendra que c’est sous le mandat du président Abdelmadjid Tebboune, qu’est intervenue l’adoption de cette loi. D’autant que dès le 22 mars 1962 (trois jours après le cessez-le-feu du 19 mars 1962) la France a commencé à publier les décrets, ordonnance et lois pour déclarer l’amnistie générale concernant les crimes commis durant la guerre d’Algérie. Même ceux de l’OAS. Les intérêts de la France n’étant pas ceux de l’Algérie, ce vide juridique ne peut être tolérer au pays des 5,6 millions de martyrs. La loi actuellement à l’APN donne un cadre juridique aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par le colonialisme en Algérie. Une législation algérienne conforme au serment fait à nos chouhada. En droite ligne des principes de la déclaration du 1er Novembre 1954. Ces mêmes principes qui sont inscrits au préambule de la constitution de 2020. Pour toutes ces raisons, cette criminalisation du colonialisme vient consolider le narratif mémoriel et l’écriture de l’histoire des algériens par des algériens. Jusque-là l’histoire de l’Algérie était « ballotée » par des vents contraires. Avec cette loi, tout est clair net et précis. Les négationnistes, les révisionnistes, les collabos et les nostalgiques n’ont plus leur place en Algérie. La liberté d’expression s’arrête là où commence la vérité historique, patrimoine de tout un peuple ! L’Algérie toute entière suit de près les travaux de l’APN sur ce dossier !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com











































