Pour mieux attirer nos médecins, la France a, tout récemment, mis en place, à leur intention, une nouvelle carte de séjour pluriannuelle intitulée « Talent – Professions Médicales et de Pharmacie ». En pleine crise migratoire européenne, la France fait preuve de beaucoup d’imagination pour attirer chez elle les algériens formés par les universités algériennes. C’est la politique de « l’émigration choisie » lancée par Sarkozy. L’écrémage de nos élites sans bourse délier. Les derniers chiffres publiés font état de 15 000 médecins algériens exerçant en France. D’autres sont au Canada, aux Etats-Unis et en Angleterre. C’est énorme. La saignée se poursuit pourtant. Campus France vient de lancer un programme intitulé DFMS/DFMSA à l’intention de nos médecins. Officiellement ce programme est un dispositif qui permet, chaque année, à des médecins ou des pharmaciens algériens de suivre un cursus de spécialisation en France. Combien reviennent en Algérie ? Campus France est un service de l’Institut français d’Algérie ouvert aux algériens qui souhaitent poursuivre leurs études supérieures en France. Cette façon de jouer les « passeurs » sans avoir l’air d’y toucher est inacceptable. Ce travail de recrutement est facilité par l’attraction de certains pays étrangers, notamment la France par l’avantage de la langue, exercée sur nos jeunes. Une attraction ayant des causes multiples. Cet écrémage dure depuis 1987 selon le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l’ordre des médecins algériens. Depuis, il ne cesse d’alerter sur cette hémorragie. En réalité et malheureusement, ce fléau ne concerne pas seulement nos médecins ou nos dentistes. Tous nos universitaires sont ciblés. Que ce soit en Informatique ou en gestion des entreprises, les « pièges » pour les attirer hors de leur pays sont nombreux. Il y a actuellement plus de 32.000 étudiants algériens qui sont inscrits dans les grandes écoles françaises. Combien reviendront au pays à l’issue de leur perfectionnement ? Disons simplement : « pas tous !» pour ne pas sombrer dans le pessimisme. Face à cette saignée, que fait l’Algérie ? « Dans le cadre de l’examen des moyens visant à freiner le phénomène de l’exode vers l’étranger des compétences nationales des diplômés des sciences médicales, l’opération d’authentification directe des diplômes des sciences médicales a été gelée provisoirement », a précisé le ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Baddari, en réponse à une question d’un député. « Un gel qui sera levé une fois qu’une solution sera trouvée », a-t-il ajouté. Cependant, notre ministre déplore que ce gel soit contourné par l’administration française qui, pour obtenir la certification des diplômes, « passe par les représentations diplomatiques algériennes à l’étranger ou celles de leurs pays respectifs accréditées en Algérie ». L’attente d’une solution dure depuis plus de 35 ans. Des propositions sont avancées par des personnalités algériennes. Le président du Conseil de l’ordre des médecins propose « l’amélioration des conditions socio-économiques et professionnelles des médecins ». Mme Zohra Drif, une moudjahida que tous les Algériens connaissent et respectent, de formation avocate, avance une solution plus pragmatique. Puisque l’enseignement est gratuit dans notre pays, de la maternelle à la fin du cycle universitaire, il faudra exiger du médecin ou de tout autre cadre algérien, candidat à l’émigration, de rembourser au Trésor algérien tous les frais d’études déboursés pour sa formation. C’est logique mais pour surtout honnête. C’est une patriote qui a participé activement à la libération du pays, qui tente de freiner l’hémorragie. Sa solution est la seule, pour le moment, face à ce phénomène inadmissible. Si quelqu’un a une autre solution, qu’il s’avance. Mais rester les bras croisés devant le pillage d’une de notre richesse, n’est pas une attitude responsable. 132 ans de pillage, cela suffit !
Zouhir Mebarki
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