Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : On l’appelait « merghoub »

Un reporter dans la foule : On l’appelait « merghoub »

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Avant l’Indépendance, pour se chauffer en hiver, les familles algériennes utilisaient le « kanoun » ou « nafekh ». Ces ustensiles en terre cuite, d’un autre âge, servaient tout à la fois à la cuisson des repas et à chauffer les intérieurs. La cuisinière de la journée devenait la nuit, appareil de chauffage. Deux en un. Avec pour combustible le charbon, acheté chez l’épicier du coin. Si au courant de la journée, l’utilisation de cet « appareil » était relativement sans danger, puisque les allées et venues dans la pièce servaient aussi à l’aération, la nuit, le risque du « merghoub » qui tue et qu’on appelle aujourd’hui monoxyde de carbone, était à son maximum. Toutes les issues étaient calfeutrées contre le froid de l’extérieur. Les décès des « indigènes » que nous étions, étaient le dernier souci des colons. Au contraire cela allait dans le sens de la politique du « nettoyage ethnique » en vigueur depuis 1830. La seule « précaution » des Algériens avant de dormir était la « Chahada ». C’est tout dire. Toujours à la même époque, les colons, dont les logements étaient construits dans le style « haussmannien » équipés de cuisinières et poêles avec cheminées, pouvaient dormir sur les deux oreilles. C’est cette différence entre le zéro et l’infini que certains milieux français osent, toute honte bue, désigner la colonisation comme une « œuvre de civilisation » apportée en Algérie. Une fois l’Indépendance acquise, le « nafekh » a été remplacé par la vraie cuisinière et le vrai chauffage à gaz de ville ou à butane. En même temps que l’introduction de la télévision, en noir et blanc à l’époque mais si magique, dans les foyers des algériens libérés et qui vivaient une autre vie. Avec l’école gratuite et obligatoire pour les enfants, l’accès gratuit aux soins dans les structures de santé pour les malades, tandis que la faim et le froid n’étaient plus que de mauvais souvenirs, cauchemars est le mot plus juste. Parallèlement, commençaient à disparaître les coiffeurs, que les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent imaginer, avec leurs vitrines pleines de vieilles dents arrachées pour signaler qu’ils étaient en même temps « dentistes », mais aussi des « hématologues » qui saignaient leurs clients contre l’hémochromatose ou encore « chirurgiens » pratiquants la circoncision des enfants. Parallèlement, les herboristes aussi disparaissaient à leur tour à la faveur du foisonnement des pharmacies et du système de remboursement des médicaments aussitôt installé. On peut continuer encore à énumérer les signes d’abêtissement et d’arriération dans lesquels la colonisation avait plongé les Algériens, mais ce serait trop long. Ce rappel du contexte dans lequel nous vivions sous la colonisation, autorise à dire que la mort des colonisés aux yeux des occupants était plus que souhaitée alors que les naissances étaient exposées à la septicémie très courante dans les accouchements à domicile. Les maternités étaient réservées aux citoyens français. Ce que nous n’étions pas. De plus, cela faisait partie du génocide programmé. Arrêtons là, pour cette fois, ce rappel historique, et laissons la place à la vraie civilisation et au progrès qu’est le détecteur du monoxyde de carbone appelé autrefois « merghoub ». Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a présidé, mardi dernier, une réunion du gouvernement. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour, figurait une communication sur l’état d’avancement de l’opération d’installation (gratuite) de détecteurs de monoxyde de carbone dans les foyers à travers le territoire national, décidée par le Président de la République et qui a été lancée il y a une année. On y apprend que le bilan est « de plus de 9,7 millions de détecteurs à travers 58 wilayas » selon le communiqué. À raison de deux détecteurs par foyer ce sont près de 5 millions de familles algériennes qui ont bénéficié de l’installation de ces alarmes. L’usine de production ouverte par Sonelgaz à Sétif produit entre 5 et 15 millions de détecteurs par an. Le sujet sera très certainement abordé lors d’un prochain Conseil des ministres. On en saura plus. En attendant, bonne année à toutes et à tous !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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