On la croyait enfermée dans un rituel aristocratique. Avec son élégance et ses tenues raffinées sorties d’une garde-robe que l’on devine bien garnie. Un raffinement qui est loin d’être critiquable. Bien au contraire. Sauf que ce qui pouvait passer pour normal à la tête du secteur de la culture, ne l’est plus à la Solidarité nationale. À ce poste, l’essentiel des activités est en relation avec les franges défavorisées de la société. D’ailleurs, Mme la ministre devait être consciente de cette différence. La rapidité avec laquelle elle a tacitement expédié la bonne image, en témoigne. Quatre jours à peine après le remaniement gouvernemental qui l’a vu passer de la culture à la solidarité, Soraya Mouloudji, a décidé de montrer ses capacités d’adaptation. Elle a enfilé des baskets, mis des vêtements chauds et aux couleurs sombres avant de grimper dans une ambulance pour diriger une maraude nocturne et prêter aide et assistance aux sans-abris de la capitale. C’était dans la nuit de vendredi à samedi derniers. Il pleuvait et il faisait froid. Mme Mouloudji de la culture laissait place à Soraya de la solidarité. Avec beaucoup de respect, de compassion et de gentillesse aussi, elle a pris la peine de se pencher sur ces corps endormis à même le sol pour leur proposer un lit chaud dans un centre d’accueil. Une fois la surprise passée et pour des raisons très différentes les unes que les autres, la réponse des SDF était variable. Pas question pour elle d’imposer quoi que ce soit. Il faut savoir que cette question se pose à toutes les grandes villes du monde. La Grande Bretagne et la France viennent en tête des pays ayant le plus de SDF. Seule la Finlande enregistre des améliorations avec sa politique « Housing First ». Au point où le Canada envisage d’adopter cette formule finlandaise. Cette parenthèse refermée et tandis que des sans abri acceptaient de suivre la ministre, d’autres étaient plus réticents. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la ministre leur a offert des boites de repas chaud accompagnées de café ou de thé fumant. Elle a sillonné ainsi tous les lieux de la capitale censés abrités des sans abri. Ce soir-là, elle aura réussi à transmettre une image d’exemplarité très précieuse pour le retour de la confiance entre les citoyens et leurs gouvernants. Une prédisposition naturelle qui est en droite ligne des orientations du Chef de l’État lors du dernier Conseil des ministres. Ce jour-là le président Abdelmadjid Tebboune avait « demandé au Gouvernement que tous ses efforts soient axés sur la réalisation du bien-être des citoyens et la satisfaction de leurs besoins ». En clair, les ministres doivent être toujours au plus près des citoyens pour les écouter et résoudre leurs problèmes est le leitmotiv fixé par le président de la République. Pour être honnête et avant Mme Mouloudji, un autre ministre, feu Mustapha Ferroukhi (Allah errahmou) lorsqu’il était à la tête du secteur de la pêche, faisait, après avoir enfilé des tenues appropriées (casquette de marin et tee-shirt zébré) des sorties nocturnes au moment du retour à quai des pêcheurs. Il engageait la conversation avec eux pour s’enquérir de l’état de la pêche et de leurs problèmes. Son geste était très apprécié des pêcheurs. Ces deux exemples de ministres humains, accessibles et soucieux du bien-être des citoyens doivent être un phare pour tous les responsables algériens. C’est aussi une attente populaire. Et une exigence présidentielle !
Erratum
Dans la précédente chronique « Kamal Daoud crache sur nos chouhada », votre serviteur, un moment distrait, a écrit que la journée nationale du chahid est fixée au « 18 avril » de chaque année alors que c’est le « 18 février ». Vous êtes nombreux à nous l’avoir signalé. Nous nous excusons auprès de tous nos lecteurs.
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com